Les représentants des travailleurs du secteur de l’eau et les consommateurs au Sénégal ont réclamé des clarifications jeudi, deux jours après l’attribution au français Suez du contrat provisoire pour la distribution de l’eau dans le pays au dépens de l’opérateur local, la SDE, qui prévoit d’introduire des recours.
« On a un sentiment de déception profonde. On a mis cinq mois à délibérer et à l’arrivée, celui qui était censé être choisi parce qu’ayant présenté la meilleure offre financière (la SDE), n’a pas été choisi. C’est le deuxième (Suez) qui a été choisi. On ne comprend pas », a déclaré à l’AFP Elimane Diouf, secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de la Sénégalaise des Eaux (SAT-SDE).
« Il y a une multitude de questions que les gens se posent. Les travailleurs ont besoin d’explications sur ce qui s’est passé », a ajouté M. Diouf.
Le responsable de l’association SOS consommateurs, Massokhna Kâne, veut « savoir en toute urgence pourquoi le gouvernement du Sénégal a préféré la société Suez, qui propose le mètre cube à 298,5 francs CFA (0,45 euro) au détriment de la SDE, qui propose 286,9 FCFA (0,44 euro) », a-t-il déclaré au journal Le Quotidien. Le troisième candidat, Veolia, avait quant à lui soumis une offre à 366,3 FCFA (0,56 euro) le mètre cube.
Si l’offre de Suez était moins intéressante financièrement, elle était « économiquement plus avantageuse » que celles de ses deux concurrents, avait justifié mercredi auprès de l’AFP le directeur de l’administration générale et de l’équipement du ministère de l’Hydraulique, Mamadou Dioukhané.
« Il fallait une cohérence entre le compte d’exploitation prévisionnel, la technologie proposée et le fonctionnement de l’entreprise. L’offre financière seulement ne fait pas la différence. Le choix est basé sur une combinaison des offres techniques et financières », a t-il expliqué.
Un argument qui ne tient pas, estime une source proche de la SDE, qui souligne que « l’appel d’offres prévoit que l’adjudicataire soit sélectionné sur la base de l’offre financière » et que la différence de prix entre Suez et SDE représente un « manque à gagner pour le Sénégal d’au moins 50 milliards de FCFA (76,2 millions d’euros) ».
La Sénégalaise des Eaux, opérateur depuis 1996 et jusqu’au 31 décembre de cette année, a l’intention de contester la décision. Elle a jusqu’à lundi pour introduire un « recours gracieux » devant le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Celui-ci est « en cours de préparation et sera suivi d’un éventuel recours en contentieux » auprès de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), avant une éventuelle saisie de la justice, a poursuivi cette source de la SDE, dont l’actionnaire majoritaire est le groupe franco-africain Eranove, aux côtés de 42,2% d’actionnaires sénégalais.
« C’est un sentiment d’indignation. Quelque chose d’anormal s’est passé dans l’attribution de ce marché. Le mieux disant était la SDE », estime en tout cas Mignane Diouf, un responsable du Forum social sénégalais, une émanation du Forum social mondial
Il faut imposer pour chaque société qui travaille au Sénégal avec l’Etat du Sénégal de créer une filiale avec au moins 30% de capitaux détenu par des nationaux afin de renforcer la classe moyenne sénégalaise et diminuer la fuite des capitaux à l’étranger.
Ce modèle est un fait dans beaucoup de pays émergents, pourquoi pas au Sénégal ??????