A la suite des partenaires au développement qui accompagnent l’Etat sénégalais dans le projet, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio vient de rallier à sa cause les banquiers privés auprès desquels le concessionnaire Eiffage vient de mobiliser quelque 40 milliards de FCfa pour la phase Pikine-Diamniadio.
Le caractère d’utilité publique et socio-économique de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio ne souffre d’aucun doute. Il suffit de vouloir sortir de Dakar pour s’en rendre compte. Jugée économiquement viable avec un taux de rentabilité économique moyen de 18% supérieur au coût d’opportunité du capital (taux de rentabilité annuel moyen attendu, par les actionnaires et les créanciers, en retour de leur investissement) estimé à 12%, le projet est financièrement rentable avec un taux de rentabilité financière de 16%.
Rien d’étonnant alors que la SFI (Société financière internationale), la BAD (Banque africaine de développement), la BOAD (Banque Ouest-Africaine de développement) et la CBAO (seule banque commerciale) se soient mobilisées pour mettre 40 milliards de FCfa sur la table de Eiffage, concessionnaire du projet pour une durée de 30 ans et dont la contribution globale s’élève à 61 milliards de FCfa (dont 20,8 milliards de FCfa en fonds propres). Le pool de partenaires s’est retrouvé ce jeudi 02 décembre à Dakar, autour d’une cérémonie marquant la signature du closing financier du projet.
Présidée par le Ministre d’Etat, Ministre de la Coopération Internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, à côté du Ministre-Conseiller et Directeur général de l’Apix et du Directeur de Cabinet du Ministre délégué auprès du Ministre de l’Economie et des finances, chargé du Budget, la cérémonie a permis surtout aux partenaires prêteurs de dire le bien-fondé de leur participation dans ce projet d’envergure. Aussi, pour M. Hmidouche, Représentant résident de la Bad, le postulat selon lequel la disponibilité des ressources fait défaut dans le modèle du PPP (Partenariat public-privé) « est une idée reçue. Lorsqu’un projet est bancable les ressources sont là », a-t-il souligné sans oublier de rappeler un certain nombre d’autres projets d’infrastructures dans lesquels son institution est engagée au Sénégal.
Son homologue de la Boad, lui, lie l’intérêt de son institution au caractère « intégrateur » du projet tandis que la patronne de l’Apix, Mme Aminata Niane, à laquelle le Représentant du Ministre délégué auprès du Ministre de l’Economie et des finances a emboîté le pas, a souligné la pertinence du modèle du PPP pour ce type de projet par rapport à la rareté des ressources publiques, même si le projet porte tout de même la patte de l’Etat qui, a-t-elle rappelé, a démarré le projet à travers le Budget consolidé d’investissement(Bci) entre 2005 et 2009 pour un montant substantiel de 108 milliards de FCfa auxquels se sont rajoutés quelque 87 milliards de FCfa, par la suite.
Rappelons que le budget global des quatre composantes du projet (travaux routiers, libération des emprises, construction du site de recasement et restructuration de Pikine irrégulier Sud) est estimé à 380,2 milliards de FCfa.
40 FCfa/km : Tarif à caution
Le fondement juridique des péages est et demeure la tarification au
coût des facteurs. Il est donc évident que l’analyse financière du projet d’autoroute a été menée en faisant le bilan entre les recettes de péages et la partie des coûts d’investissement apportée par le Concessionnaire privé pour les travaux de construction de l’autoroute hors expropriation et les coûts d’exploitation, d’entretien et de renouvellement des infrastructures et équipements de l’autoroute qui seront supportés par le Concessionnaire. Or, une concession de service public exige des prix raisonnables et équitables. C’est-là un exercice en revanche pas évident d’autant plus qu’on est là en face d’un péage de financement c’est-à-dire que ce sont les recettes du péage qui vont permettre à l’exploitant de rémunérer ses investissements.
Au prix du marché et suivant le modèle financier qui a été utilisé dans le cas d’espèce, l’Etat, selon le directeur général de l’Apix, « a pris l’option de subventionner le péage sachant que les usagers ne pourraient pas suivre et décidé de maintenir les tarifs dans des limites socialement acceptables de 40 FCfa/km en moyenne ». De l’avis-même du concessionnaire à travers M. Didier Payet, Directeur des opérations d’Eiffage qui, sans forcément confirmer le chiffre avancé, souligne que « cette volonté de l’Etat a été clairement transmise au concessionnaire de manière contractuelle. » Sauf que la porte reste ouverte à d’éventuels réajustements tarifaires « en fonction du coût de la vie », ainsi que l’a fait entendre M. Payet.
Autrement dit, le niveau de tarification réelle reste sujet à caution, même si, comme le fait valoir l’Apix, ses enquêtes concernant l’acceptation du péage par les usagers auraient démontré que plus de 80% y sont favorables.
Il est vrai qu’il n’y a pas d’autoroute gratuite : selon les pays, leur financement est assuré soit par les péages, soit par l’impôt. Le péage apparaît certes comme un système « juste », ne serait-ce que parce qu’il ne s’applique qu’aux utilisateurs du réseau et non à l’ensemble des contribuables. Pour peu qu’il leur soit supportable.
sudonline.sn