Dix morts et 25 blessés, c’est le bilan de l’attaque la plus meurtrière qui a visé la Minusma, la Mission de maintien de la paix au Mali. Ça s’est passé dimanche matin, à Aguelhok, à 250 kilomètres au nord de Kidal, dans le nord-est du Mali. Des hommes armés ont pris d’assaut des points de contrôle et la base du contingent tchadien de la Minusma. Cette attaque complexe a été revendiquée dans la soirée par Aqmi, al-Qaida au Maghreb islamique.
C’est à l’aube que les assaillants sont passés à l’action. Des dizaines d’hommes à bord de plusieurs véhicules, des habitants d’Aguelohk parlent de 4X4 ainsi que de motos.
Après avoir coupé les communications, trois groupes, venus de destinations différentes auraient convergé sur le lieu de l’attaque. Les deux premiers prenant d’assaut les points de contrôle quand le dernier se serait posté sur le chemin de la base pour ralentir l’arrivée des renforts.
Les casques bleus devront attendre l’arrivée d’hélicoptères quelques heures plus tard afin de repousser l’assaut. Trois des assaillants sont tués et un capturé.
« Les jiadistes sont repartis comme ils sont arrivés, explique une source sur place. Ils se sont dispersés en différentes directions comme si c’était préparé. »
Qui est responsable et pourquoi ?
Aqmi affirme avoir mené cette attaque en réaction à la visite, ce 20 janvier, du Premier ministre israélien au Tchad. C’est vrai que les jihadistes, à cause du dossier palestinien, considèrent Israël comme leur pire ennemi.
Mais même si cette visite était plutôt une coïncidence, la mettre en avant permet d’abord de faire plus que la Une de l’actualité dans certains pays, mais aussi de gagner davantage de sympathie dans la galaxie jihadistes.
D’autres observateurs notent que l’opération intervient le jour même de la fête de l’armée malienne créée il y a 58 ans. Jour donc symbolique et peut-être une manière aussi pour les jihadistes de tenter de gâcher la fête.
Mais le lieu de l’attentat représente au Mali un autre symbole : en janvier 2012, les forces armées coalisées (MNLA et groupes jihadistes) ont pris le contrôle du camp de l’armée régulière à Aguelhok, en tuant atrocement des soldats.
L’attaque de ce dimanche à Aguelhok s’est déroulée avec de gros moyens, ce qui fait dire à des sources bien informées qu’aux côtés des combattants d’Aqmi, ceux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GISM) de Iyad Ag Ghaly ont probablement participé aux opérations. Des passerelles existent entre les deux mouvements jihadistes.
rfi