Un sommet ouest-africain extraordinaire s’est
ouvert mardi à Abuja, au Nigeria, pour tenter de résoudre la grave crise
politique en Côte d’Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, Laurent
Gbagbo et Alassane Ouattara.
Ni l’un ni l’autre n’ont été invités à ce sommet de la Communauté
économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), bien que la Côte d’Ivoire
fasse partie des quinze membres de l’instance régionale.
Le président du Burkina Faso, Blaise Compaore, qui a joué un rôle de
médiateur dans la crise ivoirienne, devait informer ses homologues de la
situation, a indiqué le porte-parole de la Cédéao, Sunny Ugoh.
La moitié seulement des présidents ouest-africains se trouvait à Abuja.
M. Compaore s’est rendu dans la capitale nigériane, de même que les
dirigeants du Ghana, du Togo, du Mali, du Sénégal et du Liberia. Ils ont été
accueillis par le président nigérian Goodluck Jonathan.
Aucun autre dirigeant n’était attendu, selon un diplomate, pour les
discussions qui ont lieu à huis-clos.
Le porte-parole de la Cédéao n’a pas précisé quelles mesures le sommet
pourrait prendre, déclarant seulement que les dirigeants régionaux allaient
« examiner les derniers développements en Côte d’Ivoire et ce qu’ils doivent
faire pour trouver une solution à la situation ».
« Les invitations ont été lancées mais aucune à la Côte d’Ivoire », avait
déclaré lundi le porte-parole.
Toutefois, des émissaires de Laurent Gbagbo ont effectué lundi une tournée
qui les a conduits au Ghana, au Togo et au Bénin, avant le Nigeria.
Cette délégation, dirigée par l’ancien ministre ivoirien de l’enseignement
supérieur Sery Bally, a été reçue lundi par les chefs d’Etat du Ghana et du
Togo, puis à Cotonou par le ministre d’Etat béninois de la Défense. Du Bénin,
elle devait se rendre à Abuja afin de rencontrer le président Jonathan.
Un témoin de l’entretien à Cotonou avait précisé à l’AFP que « la délégation
était porteuse d’un message du président Laurent Gbagbo en rapport avec la
réunion de la Cédéao qui doit se tenir mardi ».
Comme une grande partie de la communauté internationale, la Cédéao a très
fermement rejeté le maintien au pouvoir du sortant Laurent Gbagbo à l’issue du
second tour de la présidentielle du 28 novembre, et apporté son soutien à son
rival Alassane Ouattara.
La semaine dernière, M. Ouattara a été donné vainqueur par la Commission
électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages, puis le Conseil
constitutionnel, acquis à M. Gbagbo, a invalidé ces résultats et proclamé le
président sortant avec 51,45%.
Le sommet de la Cédéao intervient au lendemain d’une tentative de médiation
de l’Union africaine via l’ex-chef d’Etat sud-africain Thabo Mbeki. Dans
l’immédiat, sa mission n’a donné aucun résultat mais l’émissaire a tenu à
conjurer les dirigeants ivoiriens de faire « tout leur possible » pour
« préserver la paix ».
afp