Le journaliste et écrivain Ivoirien, Venance Konan, pro Alassane Ouattara, a débattu de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire avec les metronautes.
Bonjour.
Moise : Quelle est l’ambiance en Cote d’Ivoire ?
Elle est tendue. Mais les supporters de M. Ouattara sont confiants depuis la décision de la CEDEAO.
Abdo : Quelle lecture faites-vous de la situation et comment en sommes-nous arrivés là ?
Il se trouve tout simplement que M. Gbagbo a voulu confisquer le pouvoir et que le peuple et le reste du monde s’y oppose.
Nolw : La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a dit reconnaître ce mardi en Alassane Ouattara le président élu du pays et elle a exhorté le chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo, à céder sans délai le pouvoir… Ca peut changer la donne, franchement ?
Je crois que Gbagbo finira par céder. Il ne peut pas se battre contre le monde entier. Il sait aussi que plus de la moitié de sa population ne veut plus de lui.
Odrey : Que pensez-vous de la rébellion ivoirienne qui a fait plus de 5000 morts et occupe la moitié nord de la Côte d’Ivoire? Comment expliquer aujourd’hui que cette même rébellion soutient M. Alassane Ouattara alors qu’il a longtemps démenti n’avoir aucun lien avec les rebelles?
Tout le monde sait que la rébellion est arrivée dans ce pays du fait de l’exclusion d’une partie de la population. Je vous fais remarquer que c’est M. Gbagbo qui a nommé G. Soro Premier ministre.
Zoao : Gbagbo ou Outtara franchement, c’est la peste ou le choléra, non ?
C’est une façon de voir. Je sais moi, tous les crimes commis par L. Gbagbo et comment il a ruiné ce pays.
Sina : Ne peut-on envisager un gouvernement de compromis comme ce fut le cas au Kenya ou au Zimbabwe ?
Ici, le peuple s’est clairement prononcé contre Gbagbo. S’il est démocrate comme il le prétend, il n’a qu’à respecter le choix de son peuple.
Backalay1er : Quelle analyse portez-vous sur la position de la Russie à l’ONU ? Moscou estime en effet que l’institution outrepasse son mandat en déclarant Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle?
Moscou s’est toujours opposé aux Etats Unis. On peut regarder ce que la Russie fait dans les pays du Caucase et en Georgie.
Tracnard : La vie reprend son cours à Abidjan, comme on le constate il y a des embouteillages un peu partout, n’est-ce pas un aveu de faiblesse de l’opposition qui souhaitait un blocage de la situation à travers des marches pour contraindre le President Gbagbo à quitter le pouvoir ? Quelle est votre avis sur ce point !
Il n’a pas appelé à une marche. Gbagbo veut partir dans le sang comme il est venu. Souvenez-vous du charnier découvert pendant qu’il prêtait serment en octobre 2000. Il ne veut pas lui donner cette opportunité.
Koné : Ne craignez-vous pas la balkanisation totale de la Côte d’Ivoire si Laurent Gbagbo part?
Non, si Gbagbo part, le pays retrouvera son aspect normal. C’est son entêtement qui risque de créer des problèmes.
Aurélie : Un candidat qui soutient une rébellion au Nord peut-il gouverner un pays ?
Je vous fais remarquer encore que c’est Gbagbo qui a fait de Soro un premier ministre. Et lui, a choisi de suivre celui que les Ivoiriens ont élu.
Jimmy Danger : J’aimerais demander à M. Venance Konan, pourquoi Alassane Ouattara qu’il soutient aujourd’hui, adresse un courrier au Président du Conseil Constitutionnel, M. Paul Yao N’Dré, alors qu’il ne reconnait pas les résultats définitifs proclamés par ce même Président du Conseil Constitutionnel, conformément à la Constitution Ivoirienne ?
Il ne conteste pas l’existence de ce Conseil. Il refuse seulement qu’il inverse les résultats du vote.
Lila : Outtara, il est mieux pour les occidentaux, c’est ça ?
Il est mieux pour les Ivoiriens que Gbagbo dont tout le monde connaît le bilan.
Lula : On parle de conflits religieux et sociaux pour expliquer les événements et cette double élection, qu’en est il vraiment ?
Pas du tout. Il se passe simplement qu’un dictateur aux petits pieds ne veut pas rendre le pouvoir qu’il a perdu.
Nanditos : Comment envisager un départ de Gbagbo s’il a le soutien de l’armée?
L’armée n’est pas idiote. Elle finira par le lâcher.
Manol : M. Gbagbo pourrait-il accepter que les élections soient reprisent dans les zones invalidées?
Il n’y a rien à reprendre. Les résultats sont clairs et nets. On a vu ici les rapports des préfets, des régions concernées qui ont dit que le vote s’est déroulé dans ces régions sans incidents pouvant entacher la crédibilité des scrutins.
Sion : Un troisième tour électoral dans la rue sous forme de guerre civile, vous y croyez ?
C’est ce que Gbagbo veut. Il n’aura pas cette opportunité. Il finira par céder sous les pressions qu’il reçoit. Il ne peut pas se battre contre le monde entier.
Ines : Comment pouvez-vous dire que les résultats sont claires et nets aux vues de la situation d’aujourd’hui ? Vous faites des réponses lapidaires, du coup vous n’expliquez rien, vous vous conduisez comme un partisan, non un journaliste.
Je suis désolé, mais on a tous sorti nos calculatrices et nous avons additionné les voix. Et nous avons lu les rapports des préfets et des observateurs qui ont tous attesté que les résultats dans les régions du nord sont tous valides.
Moise : La décision du Conseil Constitutionnel a été dument motivée, comment expliquez-vous que le RHDP conteste cette décision ?
Ecoutez, expliquez-moi pourquoi le Conseil Constitutionnel invalide des résultats dont tout le monde atteste de la régularité. C’est bien M. Gbagbo qui a accepté que nos élections soient certifiées, non?
Koné : Monsieur Venance, essayez de répondre aux questions: à la lecture du code électoral dans le fond comme dans la forme les résultats annoncés par Bakayoko sont-ils valables?
Je ne sais pas pourquoi vous doutez des résultats proclamés par M. Bakayoko et confirmés par le certificateur.
Odrey : Comment expliquer que ce sont les rebelles qui soutiennent aujourd’hui Alassane Ouattara?
Je suppose qu’eux aussi veulent que la volonté du peuple ivoirien soit respectée.
Gueigbakou : Vous avez plusieurs écrits qui présentent M. Ouattara comme un usurpateur sous le régime Bedié et vous étiez même un des penseurs de l’ivoirité! Pourquoi avoir changé maintenant ? Est-ce le pouvoir de l’argent ? Ou alors, c’est parce que Bedié n’est plus au pouvoir ? Ou tout simplement le vagabondage politique fréquent en CI ?
Je me suis déjà longuement expliqué sur cette histoire. Je vous invite à lire mes livres « Nègreries » et « Ngon’di ». Mes réponses s’y trouvent.
Diament : Est-ce normal que les résultats d’une nation soient proclamés dans une chambre d’hôtel et en cantimini dites Monsieur Konan?
Le monde entier a vu Damana Picass empêcher le porte parole de la CEI de donner les résultats dans les locaux de la CEI. L’hôtel du Golf se trouve bien en Côte d’Ivoire non?
Sissi : Sachant que l’armée ivoirienne reçoit aussi des instructions de M. Ouattara Alassane, quelle pourrait être son attitude si la situation perdure?
Je crois qu’elle est assez lucide pour comprendre que M. Gbagbo est dans une impasse. Elle saura se ressaisir. Il y a déjà des officiers qui se sont ralliés à Ouattara.
Justice : Qui a le dernier mot juridiquement parlant? La CEI ou le Conseil constitutionnel? Ne faites pas de détour répondez moi franchement!
Le dernier mot revient au certificateur que tout le monde a choisi. On ne nous l’a pas imposé. C’est parce que nous n’avions pas confiance en nos institutions que tous, nous avons accepté que le résultat de notre élection soit certifiée par l’ONU.
Stephio : Bonjour Mr Venance, le temps ne joue-t-il pas pour Gbagbo ? L’attitude de patience adoptée par le Président Ouattarra vous semble-t-elle être la bonne?
Oui. Gbagbo veut un bain de sang. Il ne l’aura pas. Déjà Ouattara a révoqué ses ambassadeurs. Le temps joue au contraire contre Gbagbo.
Cote d’Ivoire la belle : Vous parlez d’officier mais lesquels? Toujours dans l’intox?
Comme vous voulez. A propos des crimes de M. Gbagbo, on se souvient tout de même des escadrons de la mort, des centaines de personnes tuées les 25 et 26 mars 2004. Ce n’est pas de l’histoire ancienne.
Patriote : Mr Konan vous avez bien dit certifier? Est-ce que cela veut dire valider?
Oui.
Augustechristian : Finalement, n’est-ce pas la guerre de 2002 avec les mêmes acteurs qui reprend sous une autre forme ?
Sans doute. Sauf que c’est M. Gbagbo qui l’a voulu cette fois-ci.
Bob : Etes-vous en train de dire que si le Conseil Constitutionnel donnait Ado comme vainqueur de l’élection, et que le certificateur donnait Gbagbo, on devrait se plier à cela?
Oui.
Angele : Pensez-vous qu’on pourra faire l’économie d’affrontements violents et directs pour faire respecter la volonté du peuple en Côte d’Ivoire?
Je l’espère de tout mon coeur. Les Ivoiriens ont voté massivement pour sortir définitivement de cette longue crise. Ils seront assez sages pour ne pas s’affronter à nouveau pour les beaux yeux de M. Gbagbo.
Yu : La menace par la communauté internationale de geler tous les fonds extorqués aux Ivoiriens et placés à l’étranger pourrait-elle infléchir la position de Gbagbo ?
Je pense que toutes les pressions et menaces finiront par faire réfléchir Gbagbo et son clan.
Joel : Ne pensez-vous pas que la France est derrière toutes cette histoire pour protéger ses intérêts égoïstes?
Pourquoi voulez-vous voir la France partout? Ne voyez-vous pas que quelqu’un veut confisquer la volonté des Ivoiriens?
Um : Et maintenant, comment voyez-vous le futur proche en Côte d’Ivoire ?
Je pense que Gbagbo finira par partir et le peuple Ivoirien se remettra au travail pour redresser le pays.
Papanetzi : Pensez-vous qu’on arrivera à une offensive militaire, de l’armée de M. Ouattara les Force nouvelles?
Non, je ne le crois pas. Il suffit d’être patient et Gbagbo s’en ira. Je le répète, il ne peut pas se battre contre le monde entier. Plus il s’entêtera, plus les sanctions tomberont contre lui.
Papanetzi : La Côte d’Ivoire est-elle sous la Tutelle de l’ONU, pour qu’une certification d’élection devienne une validation quand on sait que c’est le Conseil constitutionnel qui a le dernier mot dans une république souveraine?
Je le répète, c’est nous, Ivoiriens, avec Laurent Gbagbo en tête, qui avons accepté que notre élection soit certifiée par l’ONU.
Jojo Laperle : Mais la Côte-d’Ivoire est un état souverain pourquoi les forces étrangères viennent s’ingérer dans nos affaires?
Qui leur a fait appel? C’est nous!
Kobenan : M. Konan, ne croyez-vous pas qu’un désarmement est un préalable aux élections? Les rebelles en arme ne sont-ils pas un frein aux vraies élections? soyez honnête…
C’est M. Gbagbo et M. Soro qui ont signé l’accord de Ouagadougou. C’est M. Gbagbo qui a fixé la date des élections. C’est M. Gbagbo qui a accepté les résultats du premier tour. Il ne savait pas que les rebelles étaient toujours en armes?
Un dernier mot Mr Konan ?
Je voudrais remercier tous les internautes qui ont bien voulu discuter avec moi. J’espère de tout mon coeur qu’en se parlant, nous réussirons à éviter le pire à notre pays. Bonne journée à tous.
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