Conformément à l’article 6 de la charte des Droits de l’Homme et des peuples, l’âge légal de mariage pour la femme est de 18 ans. Cette disposition relative aux droits de la femme doit être harmonisée au Sénégal dans ses dispositions internes selon Mme Lydie Sanka Kabou, juriste et membre de l’Association des Juristes Sénégalais (AJS). C’était à l’occasion d’un atelier de partage organisé hier par le bureau de référence pour les populations basé à Washington à l’intention des journalistes spécialisés sur les questions de santé et qui portait sur le thème : l’état de la législation du mariage au Sénégal
Face aux lacunes juridiques constatées dans le Code de la famille sénégalaise et qui sont à l’origine du manque d’harmonisation avec les conventions internationales sur les mariages précoces, Mme Lydie Sanka Kabou, juriste sénégalaise et membre de l’Association des juristes sénégalais (AJS) n’a pas été tendre à l’endroit des autorités sénégalaises. Elle a véhément dénoncé les dysfonctionnements juridiques constatés entre les textes nationaux et internationaux sur ces questions.
En expliquant cette problématique devant la presse, la juriste a laissé entendre que la charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples relative aux droits des femmes, dispose dans son article 6 « qu’aucun mariage n’est conclu sans le plein et libre consentement des deux époux, et que l’âge minimum de mariage pour la fille est de 18 ans ». Or, au Sénégal, s’est offusquée la juriste, l’âge légal du mariage est fixé à 18 ans pour le garçon et 16 ans pour la fille. De quoi faire dire à la juriste qu’une révision de ces dispositions est nécessaire pour que notre pays harmonise ses textes avec les conventions internationales.
La juriste a également rappelé le recours prévu en cas de mariage précoce. Selon elle, toute personne intéressée qui est au courant (parents, voisins, éducateurs…) peut dénoncer ou signaler les mariages précoces à la police, à la gendarmerie ou au procureur de la République et demander l’annulation du mariage contracté en violation de la condition d’âge.
En ce qui concerne les sanctions pour défaut d’harmonisation, selon Mme Kabou celles qui sont prévues en cas de consommation de mariage sur une mineure de moins de 13 ans sont moins lourdes que les peines prévues pour la pédophilie (5 à 10 ans) ou pour le viol sur mineure de moins de 13 ans, qui est de 10 ans de prison.
Fort de tous ces arguments, la juriste recommande de renforcer le plaidoyer pour une harmonisation des dispositions internes afin de fixer l’âge légal de mariage pour la fille à 18 ans conformément à l’article 6 de la charte africaine des droits de l’homme et de sensibiliser les populations sur les mariages précoces.
Il faut noter que les mariages précoces ont des conséquences néfastes sur la santé de la mère et de l’enfant et sont à l’origine des fausses couches, de naissances prématurées et d’accouchements difficiles. Les filles sont exposées de plus en plus à ces risques multiples comme l’ont indiqué d’autres interventions sur la question.
sudonline.sn