Les Etats-Unis ont brandi jeudi la menace de
sanctions et l`Union africaine a suspendu la Côte d`Ivoire, renforçant la
pression de la communauté internationale qui ne reconnaît pas la réélection de
Laurent Gbagbo à la présidence.
Le gouvernement de son rival Alassane Ouattara, l`autre président proclamé
et le seul reconnu à l`extérieur, a appelé jeudi soir l`armée et la fonction
publique à passer de son côté, en pleine bataille pour le contrôle de l`Etat.
Dans une lettre adressée à M. Gbagbo, le président américain Barack Obama
« dit clairement que s`il fait le mauvais choix, (…) nous envisagerons
d`éventuelles sanctions contre lui et d`autres, si besoin est », a déclaré le
porte-parole du département d`Etat Philip Crowley.
Mardi, M. Crowley avait appelé le président sortant à « reconnaître la
volonté du peuple de Côte d`Ivoire et entamer une transition pacifique ». Et
lundi un haut responsable avait indiqué que, pour la Maison Blanche, Alassane
Ouattarra était le vainqueur « légitime » de l`élection.
Alassane Ouattara a été donné vainqueur de la présidentielle du 28 novembre
par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages mais
le Conseil constitutionnel, acquis à Laurent Gbagbo, a invalidé ces résultats
et proclamé ce dernier président avec 51,45% des voix.
De son côté, l`Union africaine a suspendu la Côte d`Ivoire de son
organisation « jusqu`à l`exercice effectif du pouvoir par le président
démocratiquement élu Alassane Ouattara », a déclaré le Commissaire pour la paix
et la sécurité, Ramtane Lamamra.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, après la Communauté économique des Etats
d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), le Conseil de sécurité de l`ONU avait annoncé
dans une déclaration son soutien à M. Ouattara, à l`issue d`âpres discussions
en raison de réticences de la Russie.
Le Conseil s`est dit « prêt à imposer des mesures ciblées contre les
personnes qui essayent de menacer le processus de paix ou de faire obstruction
au travail » de la mission de l`ONU dans le pays.
Mais la France, qui a remercié la Russie pour son soutien, a écarté à ce
stade la menace de sanctions.
« Nous ne sommes pas à ce niveau-là, mais il y a un certain nombre de
procédures internationales qui seraient mises en oeuvre si la transition ne se
passait pas », a dit jeudi la ministre française des Affaires étrangères,
Michèle Alliot-Marie.
La France est « évidemment » prête à évacuer ses ressortissants au cas où des
événements leur feraient courir un danger, comme ce fut le cas lors des
violences de 2004, a souligné le ministre français de la Défense Alain Juppé.
« Il n`y a pas de menace particulièrement dirigée » contre les Français,
a-t-il toutefois insisté.
Quelque 15.000 ressortissants français et binationaux vivent dans le pays,
où près de 1.000 soldats français de l`opération Licorne sont déployés avec
pour mission de soutenir les forces des Nations unies.
Les deux présidents proclamés ont chacun formé un gouvernement et luttent
pour s`assurer le contrôle de l`Etat, armée et administration en tête.
Jeudi soir dans un communiqué, le gouvernement Ouattara, dirigé par le
Premier ministre Guillaume Soro, chef de l`ex-rébellion des Forces nouvelles
(FN) qui tient le nord du pays depuis 2002, a appelé l`armée à reconnaître M.
Ouattara comme son « chef suprême ».
Dénonçant un « coup d`Etat institutionnel », il a aussi exhorté « tous les
fonctionnaires et agents de l`Etat » à « arrêter immédiatement toute
collaboration avec le gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo et à attendre
les instructions » de Guillaume Soro.
afp