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La démocratie, a-t-elle régressé sous le président Sall ? (Mohamed Dia)

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Kéba Mbaye disait que : « L’éthique devrait être adoptée par notre pays comme la mesure de toute chose, car, accompagnant le travail, elle est la condition sine qua non de la paix sociale, de l’harmonie nationale, de la solidarité et du développement. »
L’Assemblée nationale donne à Senghor tous les pouvoirs le 17 décembre 1962 et Mamadou Dia est arrêté, c’est la fin du bicéphalisme de l’exécutif dans notre cher pays. Il lui est reproché une tentative de coup d’Etat et il va rester en prison jusqu’en 1974. Le Général Diallo qui le mettra en prison admettra 30 ans plus tard que « Mamadou Dia n’a jamais fait un coup d’état contre Senghor (…) l’histoire du coup d’état, c’est de la pure fabulation ». Le président Senghor a voté une nouvelle constitution qui donne au président de la République le pouvoir de chef de l’Etat et chef du gouvernement. En 1967, il va voter une autre loi qui lui donne le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. En 1960, le parti de Majemout Diop disparaît, car il a été accusé d’être à l’origine des troubles lors des élections municipales de la même année. Le Bloc des masses sénégalaises de Cheikh Anta Diop a été interdit toute activité politique. En 1963, durant les élections présidentielles, le président Senghor gagne les élections avec 99 % des voix. En 1974, il libère Mamadou Dia et donne l’autorisation au président Wade de créer son parti et il aura son plus mauvais résultat durant les élections de 1978 avec un peu plus de 82 % des suffrages. En 1980, il va déclarer qu’il veut céder le pouvoir à son Premier ministre, Abdou Diouf : « Après y avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé de me démettre de mes fonctions de président de la République. La cour suprême est la gardienne vigilante de notre Constitution. C’est pourquoi j’ai l’honneur de remettre ma démission entre vos mains. Je vous prie d’en tirer les conséquences et de recevoir le serment de M. Abdou Diouf, l’actuel Premier ministre, qui me remplace ».
Deux ans plus tard, en 1983, le président Diouf gagne les élections sans surprise. En 1988, après un cumul de sept ans au pouvoir, il avait un bilan à présenter pour sa réélection. En 1987, à la suite d’un non-paiement des bourses d’étude, les étudiants sont en grève, la police fait irruption dans le campus universitaire, le bilan est lourd, presque une trentaine de blessés du côté des étudiants. Dans la même année, deux policiers sont condamnés, par suite d’une accusation de torture à mort d’un détenu. S’ensuit une grogne policière avec des affrontements entre policiers et gendarmes. Cela résulte à la radiation de plus de 6 000 policiers puis de la réinsertion de près de 5 000 d’entre eux. Durant les élections de 1988, il y avait un couplage des élections présidentielles et législatives et en plus des 5 minutes accordées à chaque candidat pour la présidentielle, il y avait 15 minutes de plus pour le parti au pouvoir et 15 minutes pour les partis d’opposition, ce qui donnait 3 minutes à chaque candidat de l’opposition. Le président Diouf disposait ainsi de 12 minutes de plus que chaque candidat pour mieux expliquer son programme. En 1993, le budget de campagne du président Diouf est estime à 17 milliards de francs CFA. Le Conseil constitutionnel va demander à la commission de proclamer les résultats, cette dernière se juge incompétente et rend la balle au Conseil constitutionnel. Wade déclare avoir gagné plusieurs régions et dit que le second tour est inévitable. Le président Diouf ne fait pas de déclaration, mais sort les chars et les blindés dans les points stratégiques du pays. Le président du Conseil constitutionnel démissionne et le Vice-Président du Conseil est assassine. La proclamation des résultats ne se fera que 20 jours après le scrutin. Abdou Diouf a gagné au premier tour. Le pays est sens dessus dessous avec des voitures brûlées et des maisons saccagées. Le président Wade est arrêté à la suite des déclarations faites quelques jours, auparavant concernant le Vice-Président du Conseil constitutionnel. Durant les élections de 2000, le Général Cissé s’occupe de l’organisation des élections. Tantôt, salué comme un grand homme démocratique, il sera accusé par la suite d’avoir confectionné des cartes israéliennes pour permettre à son candidat de passer au premier tour. Il finira par affirmer qu’il y avait en effet des cartes confectionnées en Israël, mais que le but était d’éviter qu’elles ne soient falsifiées. L’opposition va exiger la démission du Général Cissé. La première alternance politique voit le jour au Sénégal, grâce à une solide coalition autour du président Wade.
En 2007, le président Wade va gagner les élections dès le premier tour malgré une division du pays par rapport à son septennat. En 2012, cependant, il a voulu forcer le troisième mandat et le ticket de président Vice-président avec une loi introduite à l’Assemblée nationale pour un taux d’élection de 25 %. Cela va engendrer la journée fatidique du 23 juin 2011 au Sénégal. Le pays est comme un pays en guerre, il va par la suite retirer la loi pour éviter que le pire ne se produise. Le second tour est inévitable et la coalition du candidat Macky Sall sort vainqueur avec plus de 65 % des voix.
En 2019, après quatre jours d’attente, les résultats provisoires sont prononcés et le président Sall ne sera pas le premier président sénégalais à faire un mandat. Il n’a cependant pas été félicité par les quatre autres candidats qui « rejettent fermement et sans aucune réserve ce résultat avant d’ajouter qu’ils ne feront aucun recours devant le Conseil constitutionnel ». La démocratie sénégalaise semble avoir régressé, car malgré un taux de participation relativement élevé, les citoyens semblent ne plus se soucier du vainqueur, car ils voient la même manière de faire la politique. Certes, le candidat Sonko est venu avec une nouvelle manière de faire, mais il s’est associé avec les politiciens du système, ce système qu’il veut combattre. Nous y déduisons que l’électorat ne se soucie que du présent et ne se soucie point du futur du pays. Le président Sall les a donnés ce qu’ils veulent et cela leur a suffi et conséquemment ils ont voté pour le président Sall. Il faut une révolution d’idées si nous voulons changer le système en expliquant à chaque citoyen que développer le Sénégal est une possibilité, mais il faut des sacrifices de notre part pour les générations futures. Les citoyens se sont dit pourquoi voter pour quelqu’un d’autre qui ne fera que faire la politique de la même manière que le président Sall ? Si un candidat se dissocie de la manière de faire la politique et s’éloigne des politiciens de ce système, il pourra avoir des chances durant les prochaines élections de 2024.
Nelson Mandela disait que « l’honneur appartient à ceux qui jamais ne s’éloignent de la vérité, même dans l’obscurité et la difficulté, ceux qui essaient toujours et qui ne se laissent pas décourager par les insultes, l’humiliation ou même la défaite. »
Mohamed Dia

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