Le Sénégal est assurément un drôle de pays où officient des censeurs qui veulent nous dire ce qui est bon ou pas pour les adultes que nous sommes. Ce que l’on doit voir ou que l’on n’a pas le droit de zieuter. Ils s’autoproclament gardiens de la morale et de la vertu, défenseurs de nos mœurs si chahutées, tout en ayant eux-mêmes quelques égarements.
Il suffit qu’une délurée gonzesse nous fasse voir d’exquises arabesques dans un savant numéro proche du striptease, pour qu’ils se sentent ébranlés par tant d’audace. Ils veulent nous dessiner un monde sans excès dans un pays de « Ceddo », oubliant que nous sommes de récents « Toubènes ». La création artistique avec la liberté que cela sous-tend, ils s’en fichent. Leur monde devrait être le nôtre, estiment-ils. Depuis quelques jours, ils sont aux basques d’une série télévisée. « Maitresse d’un homme marié », ça se décline.
Après avoir zieuté, ils se disent scandalisés du vocabulaire peu chaste des acteurs. Comme si dans la rue et nos maisons, on usait de langage châtié. Ces messieurs, qui se veulent les gardiens de nos mœurs, doivent exercer leur censure sur des terrains autres que la création artistique. Le monde avance et ne s’encombre pas de certaines considérations quand il s’agit d’expressions intellectuelles. Que chacun balaie devant sa porte et les rues seront nettes. Surtout que les personnes avec qui ils s’affichent moyennant quelques billets de banque ne sont pas plus utiles que ces artistes. Qu’ils nous laissent vivre nos incartades. Cette série, c’est le miroir d’une société en déliquescence, telle quelle.
Le Témoin
Ah, ces censeurs !
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