Dieynaba Diallo, la pionnière et la militante des premières heures du P. A. I à Saint-Louis, est partie sur la pointe des pieds, arrachée à notre affection brutalement le 26 mars 2019.
Dieynaba ou Diéwo, pour ses intimes, était en particulier pour moi, pour Ibnou Mbaye, pour le défunt Madické Wade et pour son défunt mari, Malick Sow une camarade, une fidèle amie et une conseillère avisée, sans langue de bois, dans les situations difficiles. Sa disparition m’a effondré, parce qu’elle est intervenue, juste 48 heures, après notre entrevue le 24 mars, alors qu’elle ne présentait aucun signe particulier qui pouvait présager cette fin aussi subite et inattendue.
Dieynaba Diallo, exactement, comme dans la tradition de toutes les femmes révolutionnaires de par le monde, était digne, ferme, respectueuse, dotée d’une forte personnalité qui imposait le respect et un franc-parler inégalé, connu de tous. Elle était une femme de refus de l’injustice. Elle était fière d’être une femme, sans aucun complexe d’infériorité envers l’homme dont elle est l’égale, en tant qu’être humain, mais de genre différent. Sans nul doute, ces qualités-là avaient joué, pour beaucoup, sur le fait de s’être engagée, très tôt, dans les rangs d’un Parti révolutionnaire. En effet, à l’époque, il fallait avoir effectivement du courage, pour militer au Parti africain de l’indépendance, car cela exigeait le sacrifice et le don de soi. C’est ainsi que Dieynaba avec Mame Khar Ndiaye et d’autres femmes, de la même trempe dans le P.A.I à Saint-louis, avaient démontré leur détermination et leur engagement et qu’elles étaient prêtes à en découvre avec le pouvoir local d’alors.
Dieynaba était courageuse et voire téméraire et cela, elle l’a démontré lors des évènements du 31 juillet 1960 à Saint-Louis et pendant la période de clandestinité qui a suivi. Elle a assisté bien des camarades dans des difficultés et son domicile servait de repli pour les camarades. Et tout cela avait été fait, bénévolement et uniquement par conviction militante et pour être utile au parti. Dieynaba disait la vérité quand il fallait, en temps utile et les yeux dans les yeux en tout temps. La médisance, elle ne connaissait pas. Elle ne permettait à personne de lui manquer de respect ou de lui marcher sur les pieds et, qui que tu sois. Ainsi, elle a toujours exigé et obtenu, de ses interlocuteurs, le respect réciproque et quels qu’ils fussent. En outre, Dieynaba ne tolérait pas le mensonge dans ses rapports et ne pouvait donc, s’encombrer de la compagnie de ceux qui en faisaient leur usage habituel. Ce témoignage peut être certifié par ses proches, ses camarades et son entourage immédiat.
Dieynaba se suffisait de son avoir, à savoir ce dont il disposait réellement. Elle ne se plaignait jamais d’avoir manqué le nécessaire et quelle qu’en était la ténacité de la vie. Dieynaba ne tendait jamais la main à qui conque, c’est un geste qu’elle s’interdisait. Une telle dignité et une telle fierté, dans notre pays, sont devenues rares de nos jours, c’est-à-dire à l’ère des pertes de nos valeurs sûres. Oui, Dieynaba a triomphé de toutes ces tentations mondaines. Tentations auxquelles, elle a su opposer, fermement, sa simplicité, son dégoût du luxe insolent, mais avec aussi son savoir vivre de ses moyens propres. Sa vie durant, Dieynaba n’a jamais infortuné son prochain. À ce titre, son exemple de vie humble doit faire école et servir aussi pour les générations présentes et futures.
Ses enfants doivent être fiers d’avoir une mère exemplaire de si grande qualité et dont la vie est empreinte de sobriété, de modestie et d’être au service de ses prochains. Il en va de même pour ses parents, pour ses amis, pour ses camarades et pour ceux qui la connaissaient d’être fiers aussi d’elle.
Pour ma part, je suis fier et honoré d’être parmi les amis et les camarades pour toujours de Dieynaba Diallo. Je me souviendrai toujours de ses sages et avisés conseils ainsi que de son exemplarité de vie modeste qui restera gravée en moi, à jamais. Et ces mots prononcés valent aussi, j’en suis convaincu, pour notre ami commun de longue date, Ibnou Mbaye.
Je présente, à nouveau, mes condoléances les plus émues et attristées, à ses enfants, ses parents et alliés ainsi qu’à tous ses amis. Et, je prie aussi que la terre de Yoff lui soit légère.
Je prie Allah, notre Seigneur, de Pardonner à Dieynaba Diallo tous ses péchés et de l’accueillir dans son Paradis, le plus élevé. Amine !
À Dieu, Dieynaba camarade, amie et conseillère pour toujours.
Mandiaye Gaye