LE FESMAN (FESTIVAL MONDIAL DES ARTS NEGRES) : UNE ERREUR DE PERSPECTIVE ET UN VERITABLE GÂCHIS !
En cette période de crise généralisée et de remise en question de la plupart de nos certitudes d’antan, il se pose à tous les peuples un problème de sens et de perspective. Ainsi, certains préconisent un retour aux sources, conformément à l’adage qui dit que ‘’celui qui ne sait plus où il va doit revenir à son point de départ’’ ; et pour ceux-là, l’art devrait pouvoir nous faire prendre conscience davantage de notre identité négro africaine et constituer le levier de la ‘’renaissance africaine’’ – ce d’autant que l’art nègre a connu un regain d’intérêt avec l’édification, en 2006, du Musée des ‘’Arts premiers’’ du Quai Branly (France) et la très forte spéculation financière dont il a été l’objet. Par contre, en dépit de la publicité autour de cet ‘’Art Nègre’’, d’autres contestent le concept même de ‘’renaissance africaine’’, arguant, et à juste raison, que le continent n’a jamais connu un âge d’or.
En vérité, avec le paganisme, l’Afrique Noire a connu ses heures les plus sombres (injustices, iniquités, atrocités, etc.) ; il faut oser l’avouer ; ce n’est qu’avec l’introduction du Christianisme et de l’Islam qu’elle connut la ‘’civilisation’’ ; Certes, les intégristes laïcs vont encore s’insurger contre cette approche de la culture, mais il faut qu’ils comprennent, comme l’a si bien dit SENGHOR, l’Ancien Président – Poète, que « la laïcité n’est ni l’athéisme ni la propagande antireligieuse … la religion est un aspect important de la culture ». (Source : unesco.org). Je dirai qu’elle est même l’élément déterminant de la culture ; et c’est véritablement cette vision intégrant la dimension spirituelle qui fait de la culture, l’alpha et l’oméga de tout développement ; sinon, il ne s’agit pour la plupart du temps que de ‘’thiakhaneuries’’ (futilités) ou de folies (délires) !!!
En vérité, les arts premiers, nègres en particulier, et beaucoup d’autres productions artistiques et littéraires ne sont que le fait d’une névrose (tourmente), c’est-à-dire d’une obsession liée à une inertie dans la compréhension des très nombreux problèmes existentiels qui assaillent l’homme au quotidien. En effet, la névrose génère toujours une fertilité de l’imagination, une prolixité du fait d’un foisonnement d’idées le plus souvent saugrenues, à l’origine d’une production artistique pathologique ; c’est ce qui explique la très grande fréquence des troubles psychiatriques (psychopathies) chez les artistes. Cet art pathologique qui est généralement le fait de l’incrédulité et ou de la perversité correspond à ce qu’on peut appeler les ‘’fleurs du mal’’. A l’inverse, tout ce que produit un homme qui a atteint un certain degré de piété (bienfaisance) est sublime et peut être qualifié de ‘’fleurs du bien’’. Ainsi, toute œuvre artistique dévoile avec impudeur la spiritualité de l’auteur, comme Jésus Christ l’a suggéré de si belle manière : (43) « Un bon arbre ne produit pas du mauvais fruit. (44) Chaque arbre se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des buissons d’épines et l’on ne récolte pas du raisin sur des ronces. (45) L’homme bon tire du bien du bon trésor que contient son cœur ; l’homme mauvais tire du mal de son mauvais trésor. Car la bouche de l’homme exprime ce dont son cœur est plein. ». (Luc 6 : 43-45).
L’art pathologique qui est le fait de l’incrédulité, de l’ignorance et ou de la perversité est, en vérité, le fait du Démon ; c’est ce qui explique très vraisemblablement la très grande fascination exercée par certains arts premiers – art nègre en particulier ; oui, il s’agit d’authentiques œuvres du Démon. Par contre, tout ce que produit un homme qui a atteint un certain degré de piété (bienfaisance) est sublime et ‘’immortel’’ ; en témoigne la qualité des œuvres de nos illustres ‘’Hommes de Dieu’’ (Serigne Touba, Cheikh Seydi El Hadj Malick SY, etc.), alliant sagesse et beauté ; et à vrai dire, jusqu’à ce jour, personne n’a fait mieux, en matière de littérature ; c’est là une récompense divine – une assistance de l’Esprit Saint dont Dieu les a gratifiée. A préciser que dans certains cas particuliers, le Démon peut travailler pour un pieux serviteur, comme ce fut le cas de Salomon ; ‘’parmi les Djinns, il y’en avait qui travaillaient sous ses ordres, par la permission de Dieu ; ils exécutaient pour lui ce qu’il voulait : sanctuaires, statues, plateaux, marmites, etc. … (Cor. 34 : 12-13). C’est dire que l’expertise des incrédules (art, technologie, etc.) peut et doit profiter aux croyants.
Au demeurant, l’Islam prône la diversité culturelle ; aucune race ou ethnie ne peut se prévaloir supérieure à une autre ; en vérité, toutes les races humaines dérivent d’un seul couple (Adam et Eve) et donc d’une seule origine ; seule la piété fait la noblesse et la grandeur d’un peuple. Ainsi, seule la foi en Dieu permet véritablement l’intégration des différentes communautés ; ceci a fondamentalement conditionné notre entendement du concept de l’incontournable dialogue des civilisations (ou de ‘’choc’’ de civilisations), en vue de l’avènement du nouveau monde – un monde de paix et de justice, souhaité et attendu par tous les croyants (musulmans, chrétiens et juifs). Et de rappeler que les hommes étaient au commencement dans un égarement manifeste, puis Dieu leur envoya successivement des messagers doués de Science et de Sagesse pour les tirer des ténèbres vers la lumière – et donc les civiliser ; oui, les prophètes ont une mission essentiellement civilisatrice, et à vrai dire, il n’y a de civilisation véritable que celle que Dieu nous propose. Mais malheureusement, chaque fois qu’un messager est venu pour nous civiliser, le Démon est venu nous tenter en nous proposant une alternative pour contrecarrer le projet de Dieu (Cor. 22 : 52) ; cette pseudo-civilisation finit toujours par décliner, en dépit de sa puissance et de son rayonnement – Tel fut le sort de la civilisation égyptienne pharaonique qui fascine tant certains intellectuels africains ; les Africains ne devraient pas s’en glorifier. Et d’une manière générale, tous les vestiges des anciennes civilisations qui ont toutes décliné et enfouies sous terre (châtiment divin) constituent un rappel et un appel à la clairvoyance.
Après toutes ces considérations, rappelons que le contexte du premier FESMAN (1963) n’est plus le même ; le mouvement pour la revalorisation du Nègre s’est essoufflé, après près d’un demi-siècle de revendication ; elle ne mobilise plus. Actuellement, c’est la menace d’une confrontation entre l’Occident et le monde musulman qui préoccupe ; ainsi ce sont les thèmes de dialogue de civilisation et de dialogue interreligieux qui mobilisent – et à juste raison ; dans cette perspective, le Président OBAMA a fait des avancées notables ; et avant lui, le Président CHIRAC, avec sa très belle réalisation du « Musée des Arts de l’Islam », pour montrer le vrai visage de l’Islam et lever les amalgames et incompréhensions susceptibles d’engendrer un ‘’choc des civilisations’’ ; à ce titre, il a déclaré que « l’Islam a porté l’une des plus anciennes et prestigieuses civilisations dans le monde ; c’est l’occasion pour les français et tous les visiteurs du Louvre de voir que l’Islam, c’est le progrès, la science, la finesse, la modernité, et que le fanatisme au nom de l’Islam est un dévoiement de l’Islam ». (Source : France2.fr). Quelle sagesse !
Tout cela pour montrer que dans ce contexte d’incertitude, de grands chambardement, voire de ‘’tsunami culturel’’, on devrait pouvoir se passer volontiers de ce FESMAN dont l’opportunité et la pertinence sont loin d’être évidentes, sans compter les très nombreux milliards qu’il va engloutir, en ces périodes de récession économique sans précédent. Quel gâchis ! Oui, il s’agit-là, encore une fois, d’une erreur de perspective manifeste et d’un très mauvais investissement ; les risques d’échec sont considérables et vont encore conforter les afro pessimistes.
Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle « La Sagesse » de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).