Le Monsieur Afrique de l’administration Obama, exige le départ de Laurent Gbagbo
William Fitzgerald, le sous-secrétaire d’Etat américain adjoint aux Affaires africaines, le Monsieur Afrique de l’administration Obama est l’invité de RFI. Il demande comme, la plupart des institutions internationales, le départ de Laurent Gbagbo. Entretien.
RFI : Jeudi dernier vous avez dit que Laurent Gbagbo avait un temps limité pour quitter le pouvoir. Qu’est-ce que cela signifie ?
William Fitzgerald : Cela signifie que pour les Etats-Unis il y a quelques offres pour le président. Il doit choisir, ou il va risquer les prochaines étapes, des mesures contre lui-même, sa famille et les conseillers qui travaillent avec lui.
RFI : Ce qui veut dire qu’il risque d’être interdit de voyager, non seulement en Europe, mais également aux Etats-Unis ?
W.F. : Tout-à-fait. Et peut-être – ce n’est pas encore clair – mais ça peut être pareil pour ses enfants et ceux qui sont actuellement aux Etats-Unis.
RFI : On se souvient du discours du président Obama à Accra, il y a dix-huit mois. L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes, disait-il. Est-ce qu’on peut parler d’une doctrine Obama qui s’applique aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?
W.F. : Oui, ça c’est sûr. Le point primordial pour le président, pour nous aux Etats-Unis, c’est la démocratie. Les Ivoiriens ont voté. Les résultats étaient clairs. M. Ouattara… Président Ouattara a gagné l’élection, et la personne qui a perdu doit quitter le pouvoir. La doctrine d’Obama est que la démocratie est primordiale. La bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme. Il y a des informations qui viennent aujourd’hui de Côte d’Ivoire, par rapport aux violations des droits de l’Homme par les gens de la force de sécurité de M. Gbagbo.
RFI : Est-ce que le président Obama s’est entretenu au téléphone avec M. Gbagbo, depuis l’élection du 28 novembre ?
W.F. : Malheureusement, non.
RFI : Alors on dit justement, que le 3 décembre, le jour où le Conseil constitutionnel a annoncé la victoire de M. Gbagbo, le président Obama a essayé de l’appeler au téléphone ? C’est ça ?
W.F. : Oui !
RFI : Et qu’est-ce qui s’est passé ?
W.F. : Bon… M. Gbagbo n’avait pas répondu et ensuite le président a envoyé une lettre.
RFI : Et est-ce que M. Gbagbo a répondu à cette lettre ?
W.F. : Pas encore.
RFI : Ce que disent les partisans de Laurent Gbagbo c’est que la Côte d’Ivoire n’est pas le seul pays où les résultats d’une élection sont contestés, et que vous, les Américains, vous êtes beaucoup plus indulgents avec Mwai Kibaki au Kenya, ou avec Hosni Moubarak en Egypte.
W.F. : Bon… Mais c’est très intéressant, ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Selon la résolution de l’Onu, c’était la certification par l’Onu et c’était à cause de ça. A cause du travail de la Commission électorale, que tout le monde sait très clairement que M. Ouattara a gagné avec 54 %. C’est-à-dire que c’est sans confusion aucune que M. Gbagbo a perdu. Et c’est tout.
RFI : Si les sanctions ne suffisent pas, le Premier ministre Kenyan Raila Odinga, propose le recours à la force militaire pour faire partir Laurent Gbagbo. Qu’est-ce que vous en pensez ?
W.F. : Je crois que M.Gbeho, qui est actuellement, le président de la Commission de la Cédéao a dit la même chose. On voudrait éviter la violence. On voudrait éviter la nécessité d’avoir recours à des troupes sous-régionales par exemple. Mais de toute façon, toutes les mesures sont sur la table en ce moment.
RFI : Et justement… Si la Cédéao, et notamment le Nigéria, décident de lancer une opération militaire en Côte d’Ivoire, comment réagirez-vous ?
W.F. : On va certainement se coordonner avec les Nigérians. On va probablement soutenir chaque mesure qui sera retenue par le Nigéria et le président Jonathan Goodluck.
RFI : Y compris s’il s’agit d’une mesure de nature militaire ?
W.F. : Je vous dis que toutes les mesures sont sur la table en ce moment.
RFI : Est-ce que dans un mois vous pensez que Laurent Gbagbo sera toujours au Palais présidentiel ?
W.F. : Non. Absolument pas.
RFI : Et pourquoi êtes-vous aussi certain ?
W.F. : Parce que je crois qu’il y a unanimité contre lui en Europe, en Amérique du nord et en Afrique même. C’est inacceptable.
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