Au Moyen âge, « l’ordalie, ou « jugement de Dieu », était une forme de procès à caractère religieux qui consistait à soumettre un suspect à une épreuve, douloureuse voire potentiellement mortelle, dont l’issue, théoriquement déterminée par une divinité ou Dieu lui-même, permettait de conclure à la culpabilité ou à l’innocence dudit suspect. »
Dans le roman de Tristan et Iseult, Iseult doit prouver sa fidélité avec l’ordalie par le fer rouge. Grâce à un stratagème, elle réussit l’épreuve et en sort libre.
En Afrique traditionnelle, le serment, même oral, avait aussi une force qui lui donnait le pouvoir de mise à mort du prêteur s’il est pris en flagrant délit de mensonge.
C’est à cette difficile épreuve que s’est adonné Aliou SALL. En effet, voyant tous les arguments jusque-là développés par lui et ses défenseurs , sur ce qu’il est convenu d’appeler l’ « affaire Petrotim -Aliou SALL- Etat du Sénégal », s’écrouler comme un château de cartes,il a pris la résolution, malgré les avis contraires de ses proches, de faire serment, devant Dieu et les hommes, pour encore tenter de prouver son innocence.
Ce serment a été toutefois précédé par sa démission de son poste de Directeur général de la Caisse de Dépôts et de Consignations (CDC), démission dont nous allons essayer de cerner les contours.
Elle relève tout d’abord d’un coup médiatique savamment orchestré qui visait une mobilisation, ses militants de Guédiawaye, et une mise en action, se faire empêcher de démissionner de ses postes ou du moins de celui de maire de la ville de Guédiawaye.
Pourquoi une démission du poste de Directeur général, nomination de Monsieur le Président de la République, devrait-elle être annoncée à la mairie de Guédiawaye et devants ses militants ?
La lettre de démission s’adresse t-elle au Chef de l’Etat qui avait eu l’amabilité de le nommer à ce poste ou aux populations de Guédiawaye ?
En tout état de cause, on trouve dans la lettre de démission aucune adresse au destinataire légitime, le Président de la République, sinon vers la fin et à la troisième personne et en ces termes : « Monsieur le Président de la République qui, au-delà du même sang que nous partageons, sait mieux que quiconque, dans quelle moule de vertu, de sagesse et d’humilité nous avons été éduqués ensemble et qui m’a témoigné sa confiance pour assumer une charge publique, comprend les actes que je pose en ce moment précis. »
Oui le Président a bien compris votre acte, s’il ne l’a pas simplement commandité et votre démission n’est rien d’autre qu’une seconde tentative d’une prise de parole publique, hélas avortée, associée à un acte sans réel pouvoir de décision.
La première n’a pas empêché , aveu d’échec dans votre lettre, à « l’ombre de s’épaissir et la lumière [d’être]réduite à sa plus simple expression. »
En effet, la communication du brillant communicant Hamidou Kassé, Ministre conseiller en charge de la communication de la Présidence de la République, a noirci davantage la communication gouvernementale en affirmant, contre toutes attentes, un fait jusque-là démenti, le virement de 250 000 dollars au bénéfice de Aliou SALL, via la société Agritrans. Le faisant, il a semé le doute dans l’esprit même des plus convaincus de l’innocence de Aliou Sall..
Face à une telle situation, aucune autre alternative ne semblait s’offrir à lui et son frère président qui voyaient l’étau se resserrer de plus en plus autour d’ eux, que ce limogeage-démission.
Dans l’ordre normal des choses, il aurait dû intervenir plus tôt, c’est-à-dire dès la saisine du procureur général pour l’instruction de cette affaire.
Aliou Sall, à défaut d’arguments et de preuves tangibles, a lui aussi voulu jouer sur la fibre psycho-émotive des Sénégalais très sensibles et prompts à apporter secours à la victime pour laquelle il cherche à se faire passer.
C’est ainsi qu’il a choisi de faire serment, la main sur le saint coran, pour s’attirer leur sympathie et leur soutien en foulant au pied les promesses majeures qu’il avait faites à l’occasion de son premier point de presse.
Ces promesses étaient :
Porter plainte contre la BBC ;
Ne jamais démissionner de son poste de Directeur général de la CDC.
Mais que vaut un serment sur le coran dans un pays qui, même s’il est constitué de 94% de musulmans, demeure laïque de par sa constitution ?
Réussira-t-il, comme Iseult, son ordalie pour se voir innocenté par le Procureur et par le peuple sénégalais ?
En tout cas, la mise en scène a été bien réussie, le message a été bien décodé par les uns et les autres et la balle est dans le camp du procureur qui a remis l’enquête entre les mains de la DIC.
Mais le procureur, dans ses premières sorties sur l’affaire, semble déjà prendre parti, lui et le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Ainsi paraissent-OMS instruire plus à décharge qu’à charge.
Le cas échéant, la sentence viendra du peuple souverain qui tient à l’éclatement de la vérité sur cette affaire dont pourrait dépendre notre émergence tant souhaitée.
Après l’ordalie, on attend impatiemment le jugement !
Thiès le 25 juin 2019
El Hadji Abdou Wade dit Mara
Pôle de Communication du Grand Parti.