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De l’attitude très discutable de l’intelligentsia sénégalaise ( Par Daouda NDIAYE).

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« Un intellectuel inconscient ou démissionnaire n’est plus qu’un pauvre type » (Bernard Pivot). Sans doute parce que
« c’est la responsabilité des intellectuels de dire la vérité et de dévoiler les mensonges » (Noam Chomsky).
Après le reportage de la BBC Afrique (Sénégal : un scandale à 10 milliards de dollars), portant sur des contrats
pétroliers et gaziers, et des réactions subséquentes, force est de constater, l’attitude de l’intelligentsia sénégalaise
interroge, ou interpelle. De plus, elle est non seulement critiquable, mais encore, sa position devrait être difficilement
tenable dans la durée. Nous ne reviendrons pas ici sur les conditions d’attribution desdits contrats, ou sur la
responsabilité de telle ou telle personne, pour, seulement, s’arrêter sur le comportement observé chez des intellectuels
(dans notre entendement le terme « intellectuel » est pris dans un sens commun, et ne vise nullement une élite).
Ainsi, face à la colère née des soupçons dans la manière dont ces contrats ont été cédés à un véreux, et incompétent
individu (Franck Timis) ami de, Aliou Sall frangin du président de la République (Macky Sall). C’est dire, si certains
intellectuels ne trouvent rien à dire, ou à redire interpelle singulièrement après le reportage de la BBC Afrique. Aussi,
faut-il le rappeler, des citoyens sénégalais (de l’intérieur ou de l’extérieur), s’étaient manifestés bien avant pour
dénoncer, de manière assez documentée, les conditions d’attribution de certains desdits contrats.
Il n’est un secret pour personne, des intellectuels se sont discrédités en se compromettant, par arrivisme avec le
pouvoir. Par contre, les autres qui ne sont dans aucun parti politique, ni engagés dans des mouvements civils, malgré
le fait qu’ils soient en opposition totale avec la politique de Macky Sall, sont, malgré tout, murés dans un mutisme
déroutant. Pourtant, sauf à être, entre autres, le tombeau de ses idées, de sa pensée ou de son action, le fatalisme, ou
l’inexpression n’a jamais été, et ne peut être le refuge d’un intellectuel. Lorsqu’on est foncièrement en opposition, avec
une situation, de surcroit politique, selon nous, il n’y a pas/plus lieu de garder son silence, en attendant d’être dans un
hypothétique isoloir, pour exprimer son mécontentement.
Bien évidemment, nous pouvons comprendre la méfiance, la réserve ou la retenue face aux accusations portées contre
Aliou Sall et son ami (Franck Timis). Point n’est question, de dire que les intellectuels savent tout, ou sont plus
informés, en substance cela devrait être. Puisqu’ils ont comme obligation de réfléchir, ou de penser pour éclairer, en
l’espèce la majorité du peuple des conséquences des contrats signés. Dès lors, qu’il y aurait des doutes, sur le ou les
points focaux avancés à l’appui des requêtes des manifestants, rien n’interdit à l’intelligentsia de mener sa propre
investigation pour se positionner.
« Il est des idées d’une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire » (George Orwell). Et, participe
d’une telle méprise, le fait de ne pas croire que le gouvernement de Macky Sall ait pu commettre d’énormes bêtises
inqualifiables, ou impensables. Autrement, tous ceux qui se prononcent, ou qui dénoncent les contrats de cessions
pétrolières et gazières se trompent lourdement. Penser ainsi, reviendrait à confirmer qu’être un « intellectuel n’est pas
toujours synonyme d’intelligent » (Alexandra David-Néel).
Nous respectons, le positionnement de chacun même dans la neutralité, mais se définir comme intellectuel est en
contradiction avec la philosophie naguère véhiculée par la plupart d’entre eux. Autrement, une telle attitude constatée
est historiquement en rupture avec celle de grands intellectuels, comme Sartre, Camus, Zola, Cheikh Anta, Wole
Soyinka, et Camara Laye (pour ne citer que ceux-ci), qui se sont toujours rangés du côté du peuple, ou plutôt de la
majorité de ceux qui subissaient l’arbitraire du pouvoir.
Bien volontiers nous concédons, toute l’intelligentsia sénégalaise ne peut être des militants actifs, mais leur passivité
face à la politique de Macky Sall interroge. Pour nous, un tel comportement, à la limite est une forme de complicité,
puisque, une colère qui ne s’extériorise pas, finit assez souvent par se muer en complaisance. Il n’est aucunement dans
notre volonté, de demander aux intellectuels de porter le combat, ou d’être sa tête de pont. N’empêche, par le verbe ou
par la plume, ils peuvent bien évidemment manifester leurs opinions, ou leurs ressentis. Ce que nous résumons par la
formule oualof « KOU MOUNOL YEEK, MEUNA BEUSS KOU DANOU ».
Il est/serait une grave erreur, de penser que la lutte active de terrain doit être menée, seulement par les femmes et les
hommes politiques (les politiques). A cela, nous disons, être dans un combat par procuration est antinomique avec
l’esprit critique, et engagé d’un intellectuel. Nous pouvons tous, avoir de légitimes raisons de ne pas y être. Toutefois,
lorsque l’intérêt général est en cause, se réfugier derrière un quelconque alibi, pour ne pas porter le « glaive » devient
moralement condamnable. C’est pourquoi, nous reprenons à notre compte cette pensée de, Alphonse de Lamartine
pour dire « honte à qui peut chanter pendant que les sicaires, en secouant leur torche aiguisent leurs poignards (…) ».

Le fait d’être apolitique (comme souvent avancé) par certains n’est aucunement, une excuse pour ne pas s’intéresser à
la chose publique. Faut-il le rappeler dans « apolitique » il y a politique. De plus, même en étant apolitique, les
contrats signés nous engagent directement, ou indirectement pour plusieurs décennies. Donc, se réfugier derrière
l’apolitisme n’est nullement un argument convaincant, devant permettre à un citoyen, de surcroit intellectuel de se
soustraire de sa responsabilité de participer à la sauvegarde des intérêts de la NATION.
Attachés à la liberté de chaque individu, nous refusons d’être des censeurs, ou des distributeurs de bonus ou de malus.
Car, pour nous, la liberté n’est guère négociable, et s’exerce selon nos propres convictions. Seulement, lorsque l’intérêt
général est, fortement impacté, les intérêts individuels, ou particuliers ne peuvent s’exprimer, ou doivent s’effacer.
C’est dire, l’intelligentsia, entre autres, aphone, résignée, démissionnaire, complice par « inactivisme », soumise ou
apathique ne peut, selon nous, que se prévaloir d’impertinentes justifications pour se refuser d’exercer sa partition. Et,
entre un silence malgré tout réprobateur, et un silence complice nous ne choisissons pas, parce qu’il n’y a plus lieu de
se taire.
Jean-Paul Sartre disait « l’intellectuel est quelqu’un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ». D’où, lorsque la
situation objet des préoccupations de la population, ou de la révolte du peuple est criante, ou prégnante, doit-il dans ce
cas rester en marge au nom d’un apolitisme ? Bien évidemment, nous ne cautionnons pas une telle manière d’être, car
à notre avis, être intellectuel c’est aussi s’intéresser à la vie de ses concitoyens, et/ou des intérêts de sa NATION.
Sauf erreur d’appréciation grave de notre part (auquel cas toutes nos excuses), il est à constater, leur implication est
inexistante, voire dérisoire, ou très en deçà de ce que nous sommes en droit d’attendre d’eux. Les enjeux des
revendications de démocratie, d’équité, d’éthique, d’égalité, de transparence, ou d’État de droit ne vont pas profiter
seulement aux manifestants actifs, ou à ceux qui dénoncent l’accaparement, ou les tentatives d’accaparement des
ressources du pays par le triumvirat FAYE/SALL/TIMIS.
En pré-conclusion, nous disons si une revendication, une lutte, ou un combat portant sur la défense, et/ou la
préservation du bien commun, ne peut être un substantiel socle de ralliement de tous les citoyens, de notre point de
vue, rien ne pourrait nous unir pour construire un État purgé de vices. Car, la défense des valeurs de la République est
l’affaire de tous, et point d’une catégorie de personnes. Cependant, nous ne demandons à quiconque d’être militant d’un
quelconque parti politique. Mais plutôt d’être un patriote enclin à la défense, et à la préservation des ressources
communes (« AAR LI NU BOKK », selon l’expression de ralliement).
Chacun d’entre nous a une légitime raison, de ne pas sortir manifester. Cependant, à moins d’être naïf, ou vraiment
amnésique, au regard de ce que nous avons pu observer, il nous faut garder à l’esprit que Macky Sall n’est pas un
enfant de chœur, et n’est pas non plus une personne « de cœur ». Croire le contraire serait faire preuve d’une très
grande naïveté, au-delà d’être une faute impardonnable, puisque la personne aura, incontestablement, cherché à se
tromper sciemment. Et, ceux qui seraient tentés d’en douter, les dernières élections présidentielles ne sont pas si loin,
pour oublier les moyens, et la manière dont il s’est fait proclamer président de la République.
Mais enfin, pour conclure, en quelque domaine, il (Macky Sall) n’abdiquerait que si la pression est forte et continue,
mais encore qu’il y ait une majorité unie, et décidée dans la revendication. Pour cela, chaque citoyen doit s’approprier
les motifs des luttes qui mobilisent certains d’entre nous, pour en faire son « sacerdoce » de résistance. Donc, les
intellectuels ne peuvent aucunement sous-traiter leur rôle, ou mission pour se contenter de revendications, ou de
contestations de salon, qui sont par nature improductives.
D’ailleurs, ils sont conscients, ou devraient être conscients que dans l’historiographie contemporaine des faits
politiques, rares sont les avancées obtenues. Sans une descente massive du peuple sur le terrain, pour exprimer sa
colère, ou pour faire apprécier au pouvoir son agacement, ou son refus. Pour qui en douterait, les exemples récents des
citoyens français, soudanais, ou algériens confirment notre assertion.

Daouda NDIAYE

2 Commentaires

  1. nos pseudos-Intellectuels (beaucoup d’entre eux) sont très Fiers de leurs diplômes payés souvent avec l’argent public, mais très peu sont intègres. iLS SONT AUSSI gros voleurS de deniers publics. Ils n’ont que des besoins matériels pas de voir le Senegal sortir de la pauvreté.

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