L`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci), a accusé jeudi les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Laurent Gbagbo, un des deux présidents ivoiriens proclamés, de l`avoir empêché d`enquêter sur l`existence éventuelle de charniers à Abidjan.
« Le monde entier parle depuis quelques jours de la découverte de charniers en Côte d`Ivoire », en particulier dans le quartier de N`Dotré à Abidjan, comprenant de « 60 à 80 corps qui auraient été déposés » dans une morgue de la ville, a déclaré Simon Munzu, chef du département des droits de l`Homme de l`Onuci.
« Evidement de telles allégations sont graves et méritent d`être examinées. Nous avons tenté d`aller sur les lieux, pour vérifier ces informations, les confirmer ou les infirmer », a-t-il affirmé à des journalistes.
« Nous avons été surpris de constater que quand nous sommes allés sur place, la mission de l`Onuci, conduite par Choi Young-Jin, envoyé spécial du secrétaire général de l`ONU, moi-même à ses côtés, avons été stoppés a un barrage et nous n`avons pas pu continuer sur les lieux supposé du charnier », a dit M. Munzu.
Il a affirmé que le barrage était tenu par des soldats des FDS et des miliciens masqués et que de nombreux civils, dont des enfants, se trouvaient à proximité, pour empêcher l`Onuci de le forcer.
Le camp d`Alassane Ouattara, autre président ivoirien proclamé, avait
affirmé la semaine dernière qu`un charnier de 60 à 80 corps avait été
découvert à N`Dotré, 30 sur un autre site, ce qui a été formellement démenti
par le ministre de l`Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Guiriéoulou.
Si l`Onuci n`a pu confirmer l`existence de charniers, elle a en revanche pu
vérifier que des habitants de quartiers populaires d`Abidjan ont été victimes
pendant une semaine de « harcèlement, intimidations, exécutions sommaires,
arrestations », selon M. Munzu.
Des informations transmises à Genève où la Haute commissaire adjointe aux
droits de l`Homme de l`ONU, Kyung-Wha Kang, a fait état de « 173 meurtres, 90
cas de tortures et mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de
disparitions forcées ou involontaires », entre les 16 et 21 décembre.
afp