XALIMANEWS: « C’est le lundi 15 juillet dans la soirée que le commandant de la gendarmerie de Colobane a laissé un message à Guy Marius Sagna pour l’informer que le lendemain une convocation lui sera fait parvenir.
Le lendemain mardi, 16 juillet 2019 un peu après 10 heures que quatre (04) éléments de la section de recherche de la gendarmerie de Colobane sont venus lui remettre la convocation dans les locaux où l’organisation Frapp / France Dégage tient ses réunions à Dieuppeul. Il a reçu le document et leur a dit « d’accord ». Mais ils ont ajouté « Vous êtes en état d’arrestation ». Et à la question « quelle infraction ai-je commise ? », ils lui ont demandé de se lever et de les suivre. Ce qu’il a aussitôt fait, et ils l’ont conduit dans leurs locaux.
Sur place, les gendarmes enquêteurs lui signifient que c’est le procureur qui les a instruits d’aller le cueillir pour lui demander de s’expliquer sur deux posts qu’ils a publiés la veille sur Facebook. Guy Marius Sagna leur a alors répondu par la question « quelle est l’infraction pour laquelle je suis ainsi privé de liberté ? ». Évidemment, il s’agit de la question préalable, car s’il n’y a pas d’infraction, sa présence, contre sa volonté, dans les locaux de la gendarmerie ne se justifie pas du point de vue du droit. Mais aucune infraction ne lui a été notifiée. Plutôt, le gendarme enquêteur lui répétait que le procureur veut qu’il s’explique sur ses deux posts la veille, c’est-à-dire le lundi 15 juillet 2019 à 12h 24 et 16h 03.
Devant l’insistance de l’agent, Guy Marius Sagna a répondu qu’il n’avait pas à s’expliquer sur des opinions qu’il a exprimées sur Facebook, et que s’il a violé la loi, qu’il lui notifie l’infraction.
Aucune infraction ne lui a été notifiée.
Alors que nous pensions qu’il allait rentrer avec nous, il lui a été notifié qu’il allait passer la nuit en détention pour être présenté le lendemain au procureur. Clairement, pour le gendarme enquêteur comme pour nous, cela ne faisait pas sens. Comment peut-on priver quelqu’un de liberté sans aucune infraction à lui notifier, le garder à vue pour, le lendemain, le déférer au parquet pour y faire face au procureur, sans toujours lui avoir notifié une infraction ?
L’on comprend dès lors, que le lendemain, mercredi 17 juillet 2019, après près de huit (08) heures passées dans la cave du tribunal de Dakar, Guy Marius Sagna est revenu dans les locaux de la section de recherche de Colobane pour un retour de parquet, plus tard ils diront que que c’était pour un complément d’enquête. Soit !
Aussitôt, un de nos avocats est allé à ses côtés pour l’assister dans cette « enquête complémentaire ».
En vérité, faute d’avoir une infraction à lui opposer du point de vue du droit, relativement aux deux posts susmentionnés, le procureur a instruit le gendarme enquêteur d’essayer une autre piste pour trouver une infraction.
C’est ainsi que le gendarme enquêteur a interpellé Guy Marius Sagna sur un post qu’il aurait partagé sur Facebook portant sur la France qui prépare un attentat terroriste au Sénégal.
En fait, il s’agit du texte liminaire de la conférence de presse de l’organisation Frapp France Dégage, tenue l’avant-veille, lundi 15 juillet 2019.
1 – Ce texte n’a pas été partagé par Guy Marius Sagna sur sa page Facebook, contrairement à ce qu’ils disent.
2 – C’est le Frapp, personne morale, qui est l’auteur du texte, et non Guy Marius Sagna intuiti personae.
3 – Guy Marius Sagna n’était pas sur le présidium à cette conférence de presse, comme vous pouvez le vérifier sur les images relayées par les organes qui ont fait la couverture médiatique.
4 – Certes Guy Marius Sagna est membre du Frapp. Mais il n’en est pas le coordonnateur.
5 – Aucun autre membre de l’organisation Frapp France Dégage n’a été convoqué ou interrogé sur ce texte.
Encore, Guy Marius Sagna a rappelé le gendarme enquêteur à la question préalable : « Quelle infraction ai-je commise ? ».
Et là, en présence de son avocat et d’une assistante, le gendarme enquêteur s’est penché en arrière et en riant, a sorti « Apologie du terrorisme, par exemple ! ». Et là, Guy Marius Sagna, choqué, lui a rétorqué « Mais vous êtes sérieux ? ». Cette question n’a évidemment pas plu au gendarme enquêteur. Mais ce dernier était encore plus agacé par la situation ubuesque dans laquelle il se trouvait à la recherche d’une infraction contre un citoyen privé de liberté depuis plus de 48 heures. Il savait que tout ceci était une mascarade et que ce qu’on lui demandait, ce n’était pas d’enquêter, mais d’inventer une infraction.
On parle d’un capitaine de la gendarmerie tout de même, membre d’un corps d’élite, et éduqué et formé dans des valeurs, à en juger par son humanité, malgré sa fermeté.
Le gendarme enquêteur, reprenant son air sérieux, dira que c’était pour plaisanter.
Finalement, ils n’ont toujours pas trouvé une infraction commise par Guy Marius Sagna.
Il n’est pas normal que nos forces de sécurité et nos magistrats soient mis dans ces situations d’insécurité morale, déontologique. C’est cruel. C’est dangereux.
Guy Marius Sagna passe ainsi sa deuxième nuit en détention à la section de recherche de la gendarmerie de Colobane.
Il n’y a toujours pas d’infraction.
Le lendemain, il est reconduit au tribunal de Dakar pour un autre face-à-face avec le procureur. Après neuf (09) heures dans la cave, un autre retour de parquet. Ainsi, Guy Marius Sagna passe sa troisième nuit en détention, cette fois au violon du commissariat central.
Aucune infraction n’est encore notifiée à Guy Marius Sagna.
Le lendemain, 19 juillet 2019, profitant du moment où tous les sénégalais étaient concentrés sur le match de la finale de la coupe d’Afrique de football entre le Sénégal et l’Algérie, ils ont sournoisement placé Guy Marius Sagna sous mandat de dépôt.
Ils ont finalement fabriqué une infraction : fausse alerte au terrorisme !
Considérons cette accusation de « fausse alerte au terrorisme ».
Nous rappelons que c’est fondé sur le présupposé que Guy Marius Sagna a partagé sur sa page Facebook un texte parlant de la France qui prépare un attentat terroriste au Sénégal.
Nous rappelons d’abord que Guy Marius Sagna n’a pas partagé ce texte sur sa page. Ensuite, l’auteur de ce texte c’est l’organisation Frapp France Dégage. Puis c’est le texte liminaire d’une conférence de presse de Frapp France Dégage où Guy Marius Sagna n’était pas sur le présidium. Enfin, ni le coordonnateur de l’organisation ni ceux qui animé cette conférence de presse, ni les membres de Frapp France Dégage qui regroupe 17 organisations, n’ont été arrêtés ou interrogés.
Pourtant, sur la question, le député de Benno Bokk Yaakaar Khoureichi Niasse n’a à ce jour été ni arrêté ni interrogé, lui qui, pour justifier la concession par l’État du Sénégal de blocs pétroliers à l’entreprise française Total et expliquer la brouille entre le ministre de l’énergie démissionnaire et le Président Macky Sall, a affirmé que : « C’est la France qui nous a colonisés durant plus de deux siècles. Et la France n’a jamais pensé que le Sénégal pouvait disposer du pétrole, du gaz, ou d’autres ressources. Elle pensait que le Sénégal se limitait à la pêche, à l’agriculteur, à la mendicité et l’élevage. Mais on se réveille un jour et on découvre que le Sénégal a du pétrole et du gaz et bien d’autres ressources. Bien évidemment, il faut que la France vienne réclamer sa part. Quand la France est venue demander qu’on lui donne une zone pour exploration, si le Président Macky Sall avait refusé de lui concéder cela, la France allait ouvrir les portes du Sénégal aux jihadistes du Mali pour qu’ils viennent perpétrer des attentats, elle aurait aussi réarmé les rebelles casamançais et créé d’autres problèmes dans le pays. » Il a fait cette déclaration à Kasnack (Kaolack), le 18 février 2019, lors d’un meeting organisé par les jeunes de l’alliance des forces du progrès (Afp).
Trois mois plus tard, le 21 mai 2019 précisément, c’est Christophe Castaner, ministre français de l’intérieur, en visite au Sénégal, qui a affirmé sans ambages que « Le terrorisme est présent au Sénégal ».
Dans cette affaire, qui est en fait un gros scandale, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une cabale montée de toute pièces par le régime de Macky Sall, utilisant la justice et les forces de sécurité pour comme bras armé pour se débarrasser de Guy Marius Sagna et de l’organisation Frapp France Dégage, dont le seul tort est d’être debout contre l’impérialisme et l’oppression sous toutes leurs formes, mais aussi pour la défense de l’État de droit et de la démocratie, mais aussi des opprimés.
Guy Marius Sagna dérange. Cela tombe sous le sens quand on voit les différents fronts sur lesquels il se bat contre les dérives de ce régime et aussi contre le néocolonialisme français au Sénégal et en Afrique.
Ce qui arrive aujourd’hui avec son arrestation et sa détention arbitraires entre dans une stratégie sournoisement élaborée depuis longtemps dont la finalité est de le museler, de le « tuer ».
D’abord, c’est Serigne Mbacké Ndiaye qui a tenté de l’approcher. Il a poliment décliné. Ensuite, l’actuel directeur général du quotidien national Le Soleil s’est lâché : « S’il y a un seul fils de pute que compte le Sénégal, il s’appelle Guy Marius Sagna. Vous êtes une sous-merde. Dieu fasse que vous creviez dans le feu de l’enfer. »
De grands hommes, il en a existé sur ce continent. Nombreux parmi nous sont ceux qui pensent que s’ils avaient été protégés, soutenus par le peuple, par la jeunesse en particulier, contre le système et ses représentants, ils auraient vécu, et l’Afrique ne se trouverait pas aujourd’hui dans l’état où elle est.
Guy Marius Sagna n’est aucun de ces grands fils de l’Afrique. Mais il marche indéniablement sur leur pas. Nous aurions aimé être contemporains à ces hommes, pour être debout avec eux, pour lutter afin qu’ils ne soient pas assassinés, emprisonnés ou exilés.
Alors, protégeons le soldat Guy Marius Sagna, protégeons la liberté et l’État de droit !
Des organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile, ainsi que des milliers de concitoyens ont déjà élevé la voix pour dénoncer cet arbitraire. Au sortir de ce face-à-face avec la presse, nous allons ensemble mettre en place un front commun pour la libération de Guy Marius Sagna, a communiqué la coordination nationale de FRAPP/France dégage, fait à Dakar, le 22 juillet 2019
PID
Pour que nul n’en ignore. Nous avons tous vu la sortie de l’ambassade de france sur le slogan « France dégage ». Donc il peut être loisible à la France de venir chez nous et decider de nos libertés ou non, de vie ou de mort. Chacun de nous est interpellé. Le silence devant une chose aussi grave est soit une maladie mentale d’une gravité extrème ou alors le renoncement d’être une personne (homme ou femme) pour cèder la place à l’esclave qu’on est devenu. Injustice anywhere, injustice everywhere, disait Martin Luther king.