Dans l’actualité du concert des grandes nations, la question du devenir et de l’avenir occupe les devants des plus hautes tribunes. Quel est le potentiel humain capable de booster la régénérescence d’un monde en ballotage entre fléau et croissance ? À l’unanimité, le continent africain est devenu le havre de tous les espoirs économiques grâce à son potentiel en ressources pas simplement économiques, mais surtout humaines. Rappelons qu’actuellement, notre cher continent possède la population la plus jeune au monde. En effet, en 2015, 41% de la population africaine était âgée de moins de 15 ans [1]. Et selon l’ANSD, l’âge moyen de la population sénégalaise est de 19 ans. Le constat unanime est que le capital de mise pour l’économie et la stabilité en devenir s’avère enfoui dans la jeunesse, le bras fort et vigoureux, symbole d’espoir, mais aussi de continuité.
Cette vision hautement symbolique faisait partie des combats d’un érudit, savant et visionnaire de sa génération, à savoir El Hadji Amadou Sakhir Ndieguene fils de Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene de Thiès. Mame Aladji, comme nous l’appelions affectueusement, s’adonna durant toute sa vie à la formation de la jeunesse dans plusieurs domaines liés à la vie des fidèles. D’une manière plus générale, il a contribué à l’éclaircissement et à la mise en place des perspectives éducatives, économiques et sociales de la jeunesse sénégalaise. Ce visionnaire qui fut initié à la Tîdjânia par Serigne Mourtada Tall fils d’El Hadji Omar Tall, fut l’un des premiers chefs religieux de son époque à alerter sur la nécessité d’éduquer, d’orienter et de conscientiser la jeunesse sur les enjeux du futur.
Cette obligation faisant aujourd’hui le consensus chez les érudits modernes, est une conclusion après tant de tergiversations et d’essais sur d’autres systèmes calqués et inspirés de philosophes, d’économistes et de juristes. Cette rétraction conditionnée par la force des choses annihile les projections souvent opportunistes et inopportunes sur le devenir de l’humanité. Il se pose de plus en plus l’actualité des textes sacrés et leurs enseignements là où les textes profanes ont montré leurs limites. Dans le Coran ainsi que dans les enseignements du prophète de l’Islam (PSL), la thématique de la jeunesse occupe une part importante ainsi que son rôle dans les différents développements humains. De même, des soufis de notre époque, imbus des valeurs de leur référence le prophète Mouhammad (PSL), ont promulgué des voies à arpenter avec bien sûr à la base la jeunesse pour accéder à un monde meilleur, limpide et avec la profession de foi. Chaque envoyé d’Allah (SWT) a eu ses propres caractéristiques et ses propres spécificités mais aussi des valeurs comme la vertu, les valeurs, les comportements et la morale ont eu une place importante dans les enseignements du prophète Mouhammad (PSL). Alors, le pouvoir religieux est sans conteste le mieux placé pour inculquer ces valeurs nobles à cette jeunesse en perte de valeurs et de visions. Évidemment, la nescience est l’un des facteurs qui favorise le plus cette déchéance exponentielle de nos valeurs.
Une question était sur toutes les lèvres quelques temps après la disparition de Mame Aladji le 14 août 1997 à Thiès. Comment se fait-il qu’un érudit multidimensionnel et exceptionnel de la trempe de Mame Aladji ait laissé uniquement une voiture modeste et quelques accessoires d’une valeur modeste ? La réponse se trouve dans la vision de ce dernier qui préférait investir ses maigres économies dans les écoles, les instituts islamiques et les mosquées dont l’objectif principal est d’éduquer spirituellement les jeunes en leur inculquant des vertus nobles. Combien de professeurs et de dignitaires religieux exemplaires ont été formés grâce à ses efforts intrinsèques et extrinsèques? Dans cette lancée, il a fortement contribué directement ou indirectement à l’installation d’écoles élémentaires et secondaires dans la région de Thiès car n’oublions pas, il était l’un des chefs religieux les plus écoutés par le pouvoir politique et religieux du Sénégal.
Son sacerdoce a élu demeure dans la primauté à l’éducation. Mame Aladji a prôné en tout temps la droiture et la vertu, quel que puisse être notre rang social. La discipline est de rigueur dans son quotidien et il est à la base d’un modèle sans faille. Aujourd’hui, on estime à coût de milliers de milliards le manque à gagner pour l’Afrique, si l’on estime le facteur temps dans sa mauvaise gestion. Le continent souffre d’un manque de respect des choses les plus élémentaires, mais non les moins importantes, à savoir, l’absentéisme et le retard. Ces facteurs pourtant si néfastes pour le développement ont toujours été combattus par Mame Aladji en montrant la recette magique. Qu’il s’agisse d’événements heureux ou malheureux, il ne fut jamais attendu, il a toujours été le premier sur les lieux, ne minimisant aucun disciple ou aucune cérémonie et ce, avec ponctualité, car il estimait que c’est de là que naît le respect pour soi, mais aussi pour l’autre. En lui se mirent toutes les qualités d’un modernisme, il disposait d’une acuité temporelle, dormait peu et consacrait parcimonieusement son quotidien au travail, à l’adoration et à l’éducation pratique et substantielle.
Cette éducation primaire ou de base se prolonge dans ses enseignements, lui, le pédagogue multidimensionnel et multigrade. Du matin au soir, chaque classe d’âge recevait son enseignement, des plus petits aux plus grands. Il savait créer un pont, une jonction entre le profane et le sacré pour ouvrir à la jeunesse une polyvalence dans le binaire (d’un ésotérisme Mouhammadien vers une connaissance lapidaire, en d’autres termes, du nocturne au diurne). Nous héritons de lui cet amour du savoir, de la connaissance qui demeure le moteur de développement de toute société. Mame Aladji a forgé la jeunesse au travail, l’apprentissage de la sagesse active, l’usage bénéfique de notre savoir-faire, notre savoir-être et notre savoir-vivre. « Chercher le savoir est une obligation pour tout musulman », tels furent les propos du prophète Mouhammad (PSL). Mame Aladji, dans son discours, rappelait toujours que la connaissance n’a pas de prix et exhortait la jeunesse à nourrir son esprit et son âme.
Aujourd’hui, cette vision se concrétise avec sa jeunesse qui milite pour le progrès social. Par des gestes concrets, les jeunes s’investissent pour le bien-être de la communauté et s’érigent en défenseurs de la bonne pratique spirituelle et de l’application de la gestion vertueuse des affaires au niveau national et international. C’est encore comprendre le lien logique que Mame Aladji a toujours établi entre l’enseignement et le développement. S’informer revient à s’inviter au concert du modernisme, à siéger aux instances de décision et à marquer son temps de son empreinte.
À l’image du prophète Mouhammad (PSL), Mame Aladji a théorisé la jeunesse comme la pièce gagnante dans le système mondial actuel. Dans sa vision, il a misé sur l’enseignement et la formation des couches les plus vulnérables afin de les préparer aux affres de la mondialisation, mais aussi les sensibiliser à une prise de position pour un développement durable. Le schéma de base, le socle pyramidal, repose sur la hiérarchie familiale, la primauté du pouvoir parental, repaire d’initiation. Il s’ensuit une participation active et un enseignement rigoureux qui font de nous des bâtisseurs incontournables du développement. L’étape ultime demeure une prise en main de notre destin commun par le savoir, la solidarité, l’unité, la fierté et une dignité absolue dans notre état naturel. Ce saint homme émane des sources pures de la sagesse, sa clairvoyance, synonyme du paraclet, dépasse celle du commun des mortels. Depuis que Mame Aladji nous a quittés, il demeure un modèle pour toute une jeunesse en quête de rédemption.
GRIN,
Groupe de Réflexion et d’Initiatives de la Hadara Ndieguene.
Macha allah
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