Imam Youssoupha Sarr, porte-parole du collectif des résidents de Guédiawaye, n’a pas démissionné du comité de restructuration du secteur de l’énergie de son propre chef. L’association lui a forcé la main parce que sa présence dans le comité de Karim Wade gênait les actions du collectif. Dans cet entretien, il nie que sa fille a reçu une bourse de Karim Wade, répond à l’imam Mouhamed Lamine Diop, au responsable des jeunes Khadim Dia, et revient sur l’incident avec le maire de Médina Gounass, Woré Sarr…
L’As : Imam Sarr, en démissionnant du comité de restructuration, n’avez-vous pas l’impression de donner raison à vos détracteurs ?
Quelles sont ces conditions ?
Mon entrée dans ce comité était une initiative individuelle, personnelle. J’ai été coopté en tant que personne-ressource. J’y étais. Je pense qu’il fallait y aller, d’abord pour faire entendre ma voix sur la réflexion qui se fait ; ensuite, pour avoir les bonnes informations provenant des experts du secteur, qui ne sont parfois pas de l’Etat. Il s’agit de consultants, de syndicalistes, etc. Chacun donne son idée et je n’ai pas été déçu. J’ai appris beaucoup de choses en deux mois. Mais, certaines populations et certains membres du collectif, ne sachant pas ce qui se passe, pensaient que j’étais à côté d’un Karim Wade qui distribue de l’argent à gauche et à droite. Or, je n’ai plus revu Karim Wade depuis novembre, quand il nous a installés. J’étais dans le comité pour continuer la lutte, parce que pour lutter, il faut avoir les bonnes informations, être à niveau pour faire face. Dimanche, le comité exécutif s’est réuni et a posé le problème. Finalement, il a été retenu qu’en restant dans le comité, compte tenu de la divergence des opinions, cela pouvait poser un problème d’unité d’action et de pérennité de notre association. C’est pour cela que le comité exécutif m’a demandé de me retirer du comité de restructuration.
Donc vous n’avez pas quitté le comité de votre propre chef ?
Non, c’est le comité de notre association qui m’a demandé de le faire.
Il paraît que certaines personnes à Guédiawaye ne vous adressent plus la parole parce que vous êtes avec Karim Wade…
Ici, tout le monde peut se réclamer des populations. Ce que je peux dire, c’est que nous n’avons pas de problèmes de personnes. Quand Karim Wade a remplacé Samuel Sarr, si vous vous souvenez bien, nous avions dit que ce qui nous intéressait, c’est que les problèmes de l’électricité soient réglés. On parle de Karim Wade maintenant, parce que c’est lui qui a l’énergie. Les gens qui disent cela règlent d’autres types de problèmes qui ne sont pas les nôtres.
On a aussi dit que Karim Wade vous a donné une voiture et a trouvé une bourse pour votre fille qui étudie actuellement aux Usa…
C’est faux. Monsieur Karim Wade ne m’a pas donné de voiture et n’a pas non plus donné de bourse à ma fille. C’est de l’intoxication. Voilà.
Lors d’une visite de Karim Wade, le maire de Médina Gounas Woré Sarr a refusé que vous priez pour Wade, parce que vous étiez contre lui. On dit que ce jour-là, Karim vous a soufflé que vous vous retrouverez plus tard… C’est cela qui s’est passé ?
Ce qui est réel, c’est que ce jour-là, à l’occasion de la visite des Chinois qui voulaient injecter des milliards pour une centrale à Guédiawaye, il y a eu cet incident-là. Mais je n’ai jamais voulu communiquer sur cela, parce que je ne veux pas m’abaisser à un certain niveau. Bon, vraiment, ce qui est important, c’est que c’est Karim Wade et Samuel Sarr qui nous avaient invités, ils nous ont demandé de prier et nous avons fini par le faire, de toutes les façons. C’est cela l’essentiel.
L’Imam Mouhamed Lamine Diop, qui a claqué la porte du collectif, dit qu’il s’y passe des choses peu orthodoxes. Qu’avez-vous à lui répondre ?
Il n’a qu’à dire quelles sont ces choses peu orthodoxes. En tout cas, ce qui s’est passé dimanche confirme que dans le comité, c’est la démocratie ; il n’y a pas de dictature, ni de leader. Je ne suis pas le leader du collectif. Je suis le porte-parole et je fais ce que l’on me demande de faire. Il parle d’orthodoxie, il est le seul à pouvoir dire la charge qu’il met dans ce mot. C’est à ce moment que je pourrai lui répondre ; sinon, je ne peux pas répliquer sur des affirmations aussi imprécises. L’on entre librement dans notre mouvement et l’on en sort librement.
N’avez-vous pas l’impression d’avoir été pris au piège en acceptant d’être coopté dans le comité ?
Non, j’ai réfléchi et je vous le répète, ce comité-là fait un travail de réflexion important pour l’avenir de l’électricité. J’y crois, je ne me dédis pas.
Khadim Dia, le porte-parole des jeunes de Guédiawaye, exige votre départ du collectif…
On m’en a parlé. J’ai dit que c’est un vœu que Dieu a exaucé, pourvu que les jeunes soient assez sérieux et déterminés pour prendre les choses en main. En 2008, quand nous avons mis sur pied le collectif, nous avions en tête de nous positionner en sentinelles pour attirer l’attention des autorités. En principe, à plus de soixante ans, on ne pensait pas être encore, en 2010, sur le terrain. Nous avons pensé que d’autres, plus jeunes, seraient aptes à le faire. Si c’est cela qu’ils souhaitent, tant mieux. Mais nous devons être convaincus que ce sont des jeunes en qui nous pouvons entièrement avoir confiance, pas des personnes qui ne sont guidées que par leurs ambitions personnelles. Ceci est mon appréciation sur le sujet. Peut-être que le comité a une autre position.
Il paraît que différentes associations de Guédiawaye devaient se réunir pour adopter la stratégie à suivre pour une marche imminente.
Je ne suis pas au courant.
Et si la suspicion persiste, en ce qui concerne votre présence, allez-vous partir du collectif, comme vous avez été obligé à le faire du comité ?
La suspicion ne peut pas continuer, parce qu’il n’y a pas de raison. Je n’envisage même pas ce cas de figure. Il y a des gens qui veulent déstabiliser notre mouvement.
Vous pensez à qui, des politiciens ?
A tout le monde et à personne. Nous travaillons pour nous consolider.
Qui vous a remplacé au niveau du comité ?
Je ne me suis pas occupé de mon remplaçant. En tout cas, on s’est réuni dimanche, j’ai déposé ma lettre de démission le lundi matin au niveau du ministère de l’Energie. Le soir, je suis parti au comité pour informer les membres de ma démission. C’est seulement en fin d’après-midi que j’ai commencé à communiquer, parce que c’est la règle.
Que faut-il faire pour venir à bout des problèmes d’électricité au Sénégal ?
Il y a deux niveaux. Le premier est un niveau d’urgence. Il est pressant que l’Etat et la Senelec trouvent des solutions pour combler le gap de production qui nous a valu cette situation. C’est indispensable, pour que les populations retrouvent la sérénité, pour éviter certains dérapages que nous condamnons d’ailleurs. Nous ne sommes pas pour la violence, ni pour les casses. Dans un deuxième temps, la réflexion que j’ai laissée au comité de relance, les pistes dégagées peuvent à moyen terme, peut-être, régler des problèmes. Mais la situation est critique.
Comment expliquer que la Senelec soit confrontée à des problèmes de trésorerie, alors qu’on y a injecté près de 800 milliards ?
Pour ces investissements, des audits sont en cours ; peut-être qu’avec les conclusions, on y verra plus clair. Nous savons aussi que l’Ige, la Cour des Comptes sont dans ce secteur avec la Sar, l’Aser, la Senelec… Une fois que tout cela sera ficelé, on saura ce que sont devenus les milliards investis, et qui est responsable de quoi.
A votre avis, pourquoi les populations ne vous suivent pas quand vous prônez le non-paiement des factures, à la place de la rue.
Les populations ne sont pas bien informées des motivations. Et il se passe que derrière, il y a des gens qui font de l’intoxication par rapport à nos mots d’ordre. Les populations manquent aussi de détermination dans la lutte.
Ah oui, se mettre dans la rue, n’est-ce pas manifester sa détermination d’en finir avec ces coupures intempestives ?
Pour nous, ce n’est pas de la détermination. La détermination, c’est savoir quelle est l’arme appropriée pour le combat et s’en servir. En quoi la Senelec est concernée par des pneus brûlés au carrefour ou des bus saccagés ? Mais si nous ne payons pas alors que la Senelec a ses engagements à respecter, là, la lutte est plus efficace. Si la moitié des abonnés respecte ce mot d’ordre, la Senelec n’aura pas les moyens de couper ; elle n’aura pas assez d’agents pour le faire. Lors de la réunion de samedi, nous avons décidé d’aller vers les populations, de les sensibiliser sur cette forme de lutte. Je dois aussi préciser que nous ne sommes pas pour la forme de lutte consistant à consommer et ne pas payer. Les populations doivent savoir que nous tirons notre légitimité d’elles et que sans elles, nous ne pouvons rien faire. Il y a, en dehors de Guédiawaye et de la banlieue, un combat que le Sénégal doit mener. Toutes les localités doivent nous suivre, mais dans la légalité, l’ordre, la discipline et surtout, sans violence, pour pousser les autorités à trouver des solutions.
Mais vous continuez à payer vos factures. Ne faudrait-il pas commencer par donner l’exemple ?
Au moment où nous avions lancé le mot d’ordre de ne pas payer, nous ne payions pas. Actuellement, nous sommes en train de préparer les populations à cela.
Entretien réalisé par Hadja Diaw GAYE
lasquotidien.info
tu n’as tu plus l droit à la parole « sén genre yi gnoy yakh dérou imam yi »ame na nak gnoo khame ni kén manoulén corompre et je sais l’imam mouhamed lamine diop en fait partie car j le connais trés bien nite dafay goré sou wéétéé ak sou wééte liko té lolou moo djafé té yaw manatoo djokh kén exemple ndakh kouy diglé sangay dafay féék nga séte ba paré