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Qui est Sanna Marin, la Première ministre de Finlande, plus jeune dirigeante de la planète

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C’est un « nouveau monde » qui émerge en Finlande. Cinq femmes, dont la Première ministre, sont désormais à la tête des partis de la coalition. Quatre ont moins de 35 ans. Portrait de la cheffe du gouvernement et de cette coalition qui va diriger le pays pendant quatre ans.


Cinq femmes conquérantes au pouvoir. Ce lundi matin, c’est le nouveau visage de la Finlande, et le cliché fait un tabac sur les réseaux sociaux. La première d’entre elles, Sanna Marin (Parti social-démocrate – SPD), fraîchement élue dimanche soir, est la plus jeune Première ministre de l’histoire de son pays.

Sur ce montage très populaire sur Twitter, aux côtés de l’ex-ministre des Transports de 34 ans, on peut aussi voir Katri Kulmuni, 32 ans, du Parti du Centre, et future ministre de l’Économie, Li Andersson, 32 ans également, dirigeante de l’alliance de Gauche, Maria Ohisalo cheffe de la Ligue verte, et enfin Anna -Maja Henriksson, 55 ans, leader du Parti populaire suédois de Finlande.

Pas une révolution en Finlande

Voir autant de femmes leaders ou figures emblématiques de leurs partis, dans une même coalition de gouvernement, a suscité un véritable engouement à travers la planète. Mais vu du « Suomi » (NDLR, le nom du pays en finnois), le séisme n’est pas aussi important. « Ce n’est pas vraiment une surprise étant donné que la Finlande est un des pays qui a le plus d’égalité entre les sexes ; c’était le premier pays au monde à accorder aux femmes le plein exercice de leurs droits politiques », rappelle Susan Hyttinen, chargé de mission à la Chambre de Commerce Franco-Finlandaise, jointe par Le Parisien.

« Cela dit ce n’est que la troisième fois que nous avons une femme au poste de Premier ministre et la première fois que tous les partis au gouvernement sont dirigés par des femmes (NDLR, Sanna Marin, n’est pas encore élue cheffe du SPD, mais devrait bientôt remplacer Antti Rinne à ce poste). Donc la nomination de Sanna Marin est quand même un motif de célébration et un autre pas en avant », salue cette Finlandaise qui vit dans l’Hexagone où seule une femme a déjà été cheffe du gouvernement – Édith Cresson sous François Mitterrand, en 1991 et 1992.

« La Finlande a aussi déjà connu une femme présidente pendant deux mandats (NDLR, Tarja Halonen, de 2000 à 2012). Ce qui est exceptionnel, c’est plutôt le profil de Sanna Marin », abonde Louis Clerc, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Turku (Finlande) contacté par Le Parisien.

Plus jeune, plus à gauche, plus libérale

« Son profil est plutôt inédit pour le Parti Social Démocrate, elle a des partis pris forts sur des sujets de société, elle représente l’aile la plus à gauche du parti et elle est moins liée aux syndicats que son prédécesseur Antti Rinne, étiqueté Vieille Finlande », relate encore le spécialiste des relations internationales.

Très à gauche, la femme de 34 ans – qui est plus jeune que 75 % des Finlandais en âge de voter – ne vient pas des élites du pays scandinave et n’en fait pas mystère. Issue d’une famille modeste, elle est un pur produit de l’État-providence à la finlandaise et le revendique. « Je suis issue d’une famille qui a été démunie et je n’aurais pas eu les conditions pour réussir et aller de l’avant en l’absence du système éducatif finlandais », a-t-elle assuré auprès du Helsinkin Sanomat, principal quotidien finlandais.

Issue d’une « famille arc-en-ciel »

Avant d’intégrer le gouvernement, Sanna Marin était députée de Tampere, dans son deuxième mandat. Auparavant, elle a aussi présidé le conseil municipal de cette grande ville du centre du pays. Elle a grandi à Pirkkala, une banlieue modeste limitrophe. Titulaire d’une maîtrise en sciences administratives, elle aime « l’ordre dans sa vie privée et en politique », commente encore le Helsinkin Sanomat.

L’autre particularité de Sanna Marin est d’avoir vécu dans une famille « arc-en-ciel » selon ses propres mots, lorsque sa mère a vécu une relation avec une autre femme. « Et cela, bien sûr, modifie ma vision de l’égalité des sexes, l’égalité en général et les droits humains sont donc très importants pour moi », a ainsi précisé celle qui est aussi jeune maman, comme la Première ministre de Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardren à qui on la compare déjà.

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« Pour moi, les gens ont toujours été égaux. Ce n’est pas une question d’opinion. C’est le fondement de tout », expliquait encore la dirigeante finlandaise en 2015 à un magazine féminin, alors jeune député de 29 ans.

« Nous n’étions pas reconnus comme une vraie famille ou égaux aux autres »

« Nous n’étions pas reconnus comme une vraie famille ou égaux aux autres. Mais je n’ai pas été beaucoup intimidée. Même quand j’étais petite, j’étais très candide et têtue. Je n’aurais rien accepté facilement », précisait encore la future cheffe du SPD. « Ma mère a toujours été d’un grand soutien et m’a fait croire que je pouvais faire exactement ce que je voulais », expliquait encore la femme politique, il y a cinq ans.

« C’est un choix courageux de la part de la coalition, un virage assez clair vers un gouvernement plus à gauche et plus jeune. Mais aussi sa personnalité est plus acceptée par le parti du Centre qui a eu la tête de son prédécesseur », analyse encore Louis Clerc, enseignant à la double nationalité.

Renouvellement de génération

La coalition est liée par la réalisation du programme de gouvernement durement négocié au Printemps dernier mais les sondages ne lui sont pas du tout favorables. C’est le parti d’extrême droite Les Vrais Finlandais, qui obtient plus de 24 % des faveurs des électeurs dans les derniers sondages. Une situation qui a obligé la coalition a un vrai renouvellement de génération.

« Il est aussi important de voir qu’une jeune mère puisse être élue pour ce poste. La Finlande n’est pas un pays trop hiérarchisé par l’âge en général, mais on peut voir que le pouvoir politique s’est généralement concentré entre les mains des générations plus âgées. Donc cette évolution est clairement encourageante pour les jeunes », confirme Susan Hyttinen, de la Chambre de commerce franco-finlandaise.

Par ailleurs, si cette photo très « féministe » volontiers diffusée sur les réseaux sociaux renvoie une belle image de modernité, il n’empêche pas les rivalités entre ces femmes. « Katri Kulmuni la cheffe du Parti du Centre, est la représentante d’un parti plus rural, plus à droite, il va y avoir des difficultés entre ces deux-là », confie Louis Clerc, fin connaisseur des arcanes de la politique finlandaise. « Sanna Marin a un profil nouveau. Mais derrière ces personnalités, il y a des invariants politiques qui n’ont pas évolué », conclut l’enseignant.

Le Parisien

1 COMMENTAIRE

  1. Issue d’une famille modeste, elle est un pur produit de l’État-providence à la finlandaise et le revendique. « Je suis issue d’une famille qui a été démunie et je n’aurais pas eu les conditions pour réussir et aller de l’avant en l’absence du système éducatif finlandais »

    Contrairement aux présidents de pays Africains issus de famille très pauvre, ces Européens ne font pas de la recherche effrénées de milliards la clé de voûte de leur vie ! Ils ne cherchent pas à sortir toute leurs familles élargies, de la pauvreté pendant au moins un siècle grâce aux milliards amassés durant leurs mandats.

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