Le Sénégal sous le choc après une série de viols et de meurtres, titrait le journal Le monde au lendemain d’un drame qui a ému tout le pays. C’est le meurtre de trop. Bineta Camara, 23 ans, est morte étranglée dans la maison familiale de Tambacounda, par un agresseur qui a d’abord tenté de la violer. Ce décès, le 18 mai, a réveillé des milliers de voix pour dire « Doyna ! » (« Stop » en wolof) et « Dafadoye ! » (« Ça suffit »). Des cris de révolte contre la recrudescence des violences sexuelles dont sont victimes trop de femmes sénégalaises.
Alors que le pays se remettait de sa stupeur, on a encore découvert le corps nu d’une femme dans un marché de Dakar. Puis à Thiès, le cadavre d’une fille, Coumba Yade, violée et assassinée…Sans compter les cas qui ont précédé ce mois de mai mémorable.
Groggy, le pays s’est réuni le 25 mai sur la place de la Nation, au cœur de la capitale. Des dizaines de visages tuméfiés, lacérés, dégoulinant de faux sang. Les manifestantes se sont grimées pour choquer.
Avec le soutien de femmes parlementaires et de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), le collectif a soumis un mémorandum invitant l’Etat à une « application ferme et rigoureuse de la loi pénale avec le maximum de la peine prévue » et à une révision de la loi afin que le viol soit criminalisé.
Ce réveil national est remonté jusqu’au président Macky Sall, qui a annoncé ce lundi 3 juin avoir demandé à son ministre de la justice de préparer un projet de loi criminalisant le viol et la pédophilie, qui est présenté à l’Assemblée nationale. Elle est finalement ce 30 décembre.