Alassane Ouattara est prêt à travailler avec le camp de Laurent Gbagbo pour former un gouvernement d’union nationale, si ce dernier renonce à revendiquer la présidence de Côte d’Ivoire, a déclaré lundi à la BBC l’ambassadeur nommé auprès de l’ONU par M. Ouattara.
« Ce que je dis, c’est que M. Ouattara doit être reconnu comme président légitime par M. Gbagbo », a déclaré à la radio britannique l’ambassadeur pro-Ouattara Youssoufou Bamba.
« Et à partir de là, M. Gbagbo n’est pas seul. Il a des partisans, il a des gens compétents dans son parti. Nous sommes prêts à travailler avec eux, dans le cadre d’un large gouvernement d’union », a-t-il ajouté.
M. Ouattara pourrait « travailler » avec M. Gbagbo, « parce qu’il est citoyen ivoirien », a expliqué le diplomate.
Mais, a-t-il aussitôt ajouté, « ce que je dis doit être clair: la victoire de M. Ouattara ne peut plus être contestée ». « Si M. Gbagbo accepte cela, nous pourrions négocier », ce serait « un point de départ » pour des négociations, a encore dit M. Bamba.
« Je pense qu’à partir de là, tout est ouvert. C’est sur la table », a insisté le diplomate, le premier nommé par M. Ouattara, à la fin décembre.
Les violences commises par le camp Gbagbo ne devraient pas constituer un obstacle, a estimé M. Bamba. « Il y a eu violation massive des droits de l’homme, c’est la vérité. Mais vous savez, en politique la vie continue (…) car vous êtes condamnés à vivre ensemble », a argumenté le diplomate.
La communauté internationale, se fondant sur les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne, a reconnu Alassane Ouattara comme le vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre. Mais Laurent Gbagbo revendique aussi la victoire, que lui a attribuée le Conseil constitutionnel.
M. Ouattara est cantonné dans l’Hôtel du Golf à Abidjan, placé sous la protection d’environ 800 soldats de l’ONU.
L’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo a quitté lundi Abidjan après deux jours de médiation pour tenter de trouver une issue à la crise opposant les deux présidents ivoiriens proclamés.
L’ancien chef d’Etat a effectué cette visite surprise dans la plus grande discrétion, et n’a pas fait de déclaration publique. Après de premiers tête-à-tête avec les deux rivaux dans la foulée de son arrivée samedi, il a revu successivement MM. Gbagbo et Ouattara dimanche.
Le président sortant Laurent Gbagbo est sous la menace d’une opération militaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’il ne cède pas le pouvoir à Alassane Ouattara.
Selon des sources diplomatiques africaines, M. Obasanjo a été envoyé en « mission exploratoire » par le président en exercice de la Cédéao, le chef d’Etat nigérian Goodluck Jonathan.
Une nouvelle mission de la Cédéao, accompagnée par l’Union africaine, a échoué le 4 janvier à Abidjan à trouver une issue à la crise, qui a fait environ 200 morts depuis la mi-décembre, selon l’ONU.
Le dossier ivoirien devait également être évoqué lundi par le président américain Barack Obama et le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy, en visite à Washington.
romandie