La question qui me taraude l’esprit à l’entame de cette contribution, à l’image certainement de l’ensemble de nos compatriotes du reste, c’est quel sera maintenant le sort de Mbaye NDiaye ? En effet, comme Sory Kaba et Moustapha Diakhaté, il a publiquement et médiatiquement violé les directives du président qui a formellement interdit de parler d’un potentiel troisième mandat, dans un sens comme dans l’autre. Les deux premiers qui ont clairement dit que le président n’avait pas droit à un troisième mandat ont déjà payé. Lourdement ! Est – ce que Mbaye Ndiaye connaîtra le même sort, lui qui a théorisé publiquement une possibilité constitutionnelle pour le Président de briguer un troisième mandat ?
Mais si ce débat sur l’éventualité d’une troisième candidature du Président Macky Sall persiste, c’est parce que les conditions d’un possible débat ont été créés. Il faut dire que l’opposition sénégalaise a d’immenses responsabilités sur cette situation qui, à 4 ans des présidentielles, pollue déjà l’actualité de façon terrifiante. Je ne suis pas constitutionaliste mais comme disent les wolofs « le dromadaire doit éviter de passer par l’endroit où la grenouille a trébuché et s’est fait fracasser les pattes ». La jurisprudence Wade est encore trop fraiche dans nos esprits.
Pour revenir à la responsabilité de l’opposition sénégalaise, pendant la campagne des élections référendaires de 2016, ses ténors ont bâti leur programme de campagne sur les nouveaux droits qui, pour eux, étaient destinés à ouvrir un boulevard à une « orientation sexuelle » Pendant ce temps, la constitution n’était pas suffisamment claire sur certains points qui devaient être la priorité des priorités. Toutefois, pour ne pas tomber dans le piège du pouvoir il faudra éviter deux choses :
- évoquer la constitution.
En effet, certains caciques du pouvoir ont commencé à poser la question de l’interprétation de la constitution notamment en ses articles qui traitent du mandat du Président de la République. Ils ne doivent pas être suivis sur ce terrain. Car, nous ne sommes pas des constitutionalistes mais nous savons tous que tout sera possible si jamais on soumettait l’arbitrage en dernier ressort au conseil constitutionnel. Or, s’il se prononce en faveur d’un troisième mandat, les dés seront déjà jetés. On commencera le combat politique mais ce sera trop tard.
- se fier à la parole du président
L’émient avocat M El Diouf commence à convoquer la parole du président qui a dit formellement qu’il ne pourra pas se représenter. Cette parole du Président peut avoir comme objectif d’endormir les sénégalais jusqu’au dernier moment et dire que je vais consulter le conseil constitutionnel qui a le dernier mot et je me soumettrai à toute décision qu’il rendra. En ce moment aussi, le conseil pourra se prononcer en faveur de la possibilité de briguer un troisième mandat comme il l’a déjà fait sous Wade, dans des conditions similaires, à savoir la possibilité d’interpréter l’esprit et la lettre de la constitution en sa partie relative au mandat présidentiel. Dans ce cas aussi, le combat politique sera engagé mais un peu trop tard car le mal aura déjà été fait.
Pour ce qui concerne les responsables qui sont en train d’être diabolisés non pas parce qu’ils auraient commis une faute lourde mais simplement parce qu’ils envisageraient de mettre à grand jour leurs ambitions présidentielles. Ce qui donne beaucoup de signification à ce débat, c’est que ce sont les responsables du parti au pouvoir qui trainent ces hauts responsables dans la boue ? Pour quel objectif ? Et pour quel intérêt ?
Dans tous les cas de figure, le mandat, le Président, la constitution et les potentiels candidats appartiennent au peuple. Donc c’est à lui et à lui seul de régler cette question de façon définitive. Par ailleurs, je l’ai déjà dit, les potentiels candidats appartiennent au peuple. Tout sénégalais qui a l’ambition et qui pense avoir le patriotisme et la compétence de diriger le Sénégal doit avoir la possibilité et la sécurité de pouvoir s’afficher dès maintenant, qu’ils soient au sein de la galaxie présidentielle ou pas, sans être inquiétés, insultés encore moins humiliés. J’avais publié un article intitulé : Monsieur le Président ne faites pas de Amadou Ba le Macky Sall de Ablaye Wade des années 2008. Les jours semblent me donner raison.
Falilou Cissé Conseiller en développement communautaire
A Bamako. Tel 00223 94 20 66 87
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