Je commence tout d’abord par exprimer ma réjouissance pour la libération de mon ami et camarade Guy Marius Sagna, un digne fils du pays, un patriote que toute injustice révulse. Il est un tribun de la plèbe des temps modernes, car il est la voix forte et visible des pauvres, des exclus, des victimes de la violence et de la domination, des invisibles, de ceux qui ne prennent jamais la parole. Son emprisonnement, à la fois injuste et illégitime, dans des conditions inhumaines, a constitué un moment sombre de notre trajectoire démocratique comme pays libre et respectueux des droits humains ; il a également secoué toutes les consciences justes qui, au grand jour ou dans la prière, ont réclamé sa libération sans conditions.
Je suis heureux que mon ami puisse enfin rentrer à la maison, retrouver son épouse, ses enfants et ses parents. Maintenant je me considère comme un homme libéré des tenailles de l’injustice et capable de vivre ma vie d’homme libre dans la tranquillité. Après ma libération, le maintien de Guy Marius Sagna en détention m’avait causé beaucoup de souffrance morale. En vérité, en plus d’être gêné, j’étais à la fois peiné et triste. Ma volonté la plus ardente était de corriger cette injustice notoire d’une classe dirigeante incapable d’élévation morale. Toutefois, qu’aurais-je pu faire face à des gens qui ont décidé d’abord de me soumettre à leur violence pour me sortir des lieux dans la précipitation, en couvrant tout cela d’un voile sombre cousu de fils de mensonges ?
C’est le moment ici de remercier tous les Sénégalais qui se sont mobilisés pour la libération des détenus politiques, tous les mouvements et partis politiques qui se sont engagés dans la lutte de manière sincère, sans aucune concession pour le respect des droits fondamentaux des citoyens. Cette victoire est celle du mouvement citoyen qui est le courant le plus dynamique et le plus vivant de notre société actuelle. Pendant que la classe politique traditionnelle capitule et se compromet, ce mouvement porte les espoirs du renouveau de notre démocratie. Je remercie également nos avocats qui sont de la race des grands artistes de ce monde ; ils ont été à nos côtés durant cette longue et douloureuse épreuve de l’arbitraire.
L’épreuve que nous venons de traverser m’a permis de connaître des jeunes, grands symboles de la résistance dans notre pays. C’est un immense honneur pour moi d’avoir partagé la même cellule avec eux. Je renouvelle mon amitié et ma fraternité à Guy Marius Sagna, Abdoulaye Touré, Mamadou Diao Diallo, Souleymane Diockoul, Souleymane Jimm, Malick Biaye, Ousmane Sarr et Fallou Gallas Seck. Vous êtres une fierté pour le Sénégal. Le temps ne pourra jamais effacer les actes nobles que vous avez posés le 29 novembre 2019, pour la défense du peuple, empêtré dans la misère sociale, économique et environnementale. En réalité, comme l’histoire nous l’enseigne, la lutte fait avancer la cause du progrès et de l’émancipation.
Je rappelle ici que le fait de se lever pour défendre ce que nous considérons comme important demande souvent des sacrifices immenses. Aujourd’hui, nous avons consenti des sacrifices qui nous ont valu la prison et la torture. Demain, nous serons invités dans le cadre de la lutte à faire d’autres sacrifices encore. Nous devons toujours être prêts à donner le meilleur de nous-mêmes, quand il s’agit de luttes où le bien-être de notre peuple est l’enjeu fondamental. Dans ce sillage, le silence serait une trahison de l’idéal que nous avons épousé. Nous ne devons jamais démissionner, quels que soient les obstacles qui se dresseront devant nous. Le poète des pauvres Ai Qing, nous rappelle sans cesse : « Ce n’est qu’après une longue nuit qu’émerge le soleil en feu » (Cent poèmes, 1984, p.189).
Par la pression de la rue et le refus de capitulation, les prisonniers de la journée du 29 novembre 2019 sont tous libérés. Nous savourons cette grande victoire des forces citoyennes et démocratiques de notre pays. Mais nous pouvons et devons tous nous entendre sur un impératif : le combat contre la prédation des ressources du pays et l’iniquité sociale continue. Il ne sera jamais question de ramollir les ardeurs de ceux qui luttent pour le changement. Les mobilisations doivent se poursuivre car elles sont la sève nourricière de notre libération comme peuple libre et éclairé. Nous devons lutter contre toutes les formes d’injustice, contre la pauvreté, la corruption, les conditions carcérales inhumaines et avilissantes, le système de santé inéquitable, l’école et l’université publiques au rabais, la dilapidation des ressources publiques, la justice à deux vitesses qui écrase les faibles et protège les puissants. Nous avons dans ce pays ce qu’il convient d’appeler une justice de classe. Nous devons lutter contre le coronapolitique qui est l’expression de la corruption généralisée dans le pays. Cette maladie qui frappe la classe politique cause plus de dégâts que la pandémie du coronavirus.
La douloureuse expérience que nous venons de vivre est la manifestation la plus éloquente que notre justice qui est en crise. Nous sommes tous dans l’insécurité juridique totale et à chaque fois qu’on pense que des lueurs de sursaut déontologiques peuvent émerger, la déception est encore plus grande. Les libertés fondamentales doivent être protégées par nos magistrats. Malheureusement, la balance continue de se pencher d’un seul bord, et le sénégalais moyen, meurtri par cette injustice, se demande toujours si un jour la lumière de la justice jaillira des ténèbres. Le juge ne doit obéir qu’à sa conscience et être un éducateur social dont le sacerdoce est dire le droit, rien que le droit. Hélas, nous sommes encore loin de cet État de droit que tout un peuple réclame. Notre libération, tout comme notre arrestation, est plus qu’arbitraire. Tout ce qui arrive dépend de la seule et unique volonté de Macky Sall. Il est donc temps qu’une réforme sérieuse et profonde voit le jour au sein de la justice sénégalaise. Pour commencer ce travail d’envergure, l’une des pierres angulaires de la réforme passe d’abord par la démission du Doyen des juges et du Procureur de la République.
Rien n’arrêtera la marche déterminée des jeunes, car ils constituent le moteur de l’histoire de notre peuple. Nous nous dirigeons de manière résolue vers la liberté et l’égalité, et cette trajectoire est inexorable. Le Sénégal restera toujours un pays de démocratie et de liberté dont la petite politique ne réussira pas à freiner l’élan. Nous ne serons les esclaves d’aucun tyran, d’où qu’il vienne. Nous savons que tous les oppresseurs souhaitent que les opprimés soient des incapables qui se taisent devant l’inadmissible. C’est au nom de ce même principe que tous les opportunistes égoïstes souhaitent que les exploités soient des ignorants qui restent dans les ténèbres. Ils veulent des esclaves, des objets, des instruments et des bêtes obéissantes, qui parfois poussent le zèle au ridicule jusqu’à vouloir théoriser un mandat supplémentaire imaginaire. Ils veulent maintenir la violence et la domination. Par conséquent, la lutte doit continuer. Nous en appelons à un combat pacifique et citoyen contre l’injustice et l’arbitraire, l’oppression et la domination, car rien de durable ne peut se construire dans un tel univers.
En ce qui me concerne, rien ne pourra entamer ma détermination à continuer la lutte pour la libération, la justice et le bien-être du peuple sénégalais. Je retournerais mille fois en prison, je serais toujours plus enthousiaste et plus engagé à me battre sans concession pour mes convictions.
Je m’y consacrerai toujours et toujours, parce que j’aime le Sénégal d’un amour profond.
Les convictions, on les expose avec sérénité clarté et sens de la rhétorique, dans le respect et la discipline mais pas en s’agitant et en gesticulant dans les rues
Boulengnou sonale vous êtes comme la virus corona yallanagnou sounou borom mousseule thi seytaner yi. Sooffngenn.
Ce Bissau Guinéen de Guy maruis qu’il rentre chez lui waye Sénégal moye mine deukk baparer fouye.