Coronavirus a presque imposé l’unanimité au Sénégal. Il est presqu’interdit d’exercer son
esprit critique, au risque d’apparaître comme l’ennemi public à pointer du doigt.
Pour ne pas courir le risque de s’attirer la foudre populaire, il est plus confortable d’applaudir
toute décision prise par l’Etat sénégalais que de faire la moindre objection.
Pourtant, il suffit d’un petit moment de réflexion pour savoir que les dernières mesures
annoncées par le Chef de l’Etat ne permettent pas d’éradiquer définitivement le spectre du
COVID- 19.
Tout le monde sait que, compte tenu de notre mode de vie, il est quasiment impossible de
retrouver le nombre de contacts d’une personne avant la découverte de sa situation de
porteuse du virus qui terrorise le monde.
L’Etat a attendu que la situation se complique pour annoncer, dans le cadre d’un état
d’urgence, un couvre-feu qui démarre avec un matraquage spectaculaire des citoyens
récalcitrants dont certains pourraient se retrouver dans la rue malgré eux, à partir de vingt
heures.
Entendons-nous bien. Ces mesures sont salutaires. Elles le seraient certainement plus dès les
premiers cas recensés dans le pays.
Aussi, tout citoyen qui se retrouve dans la rue entre vingt heures et six heures du matin, quel
qu’en soit la raison, est coupable au regard des lois sur lesquels le Chef de l’Etat s’est adossé
pour annoncer les dernières mesures, y compris le couvre-feu.
Seulement, avait-on besoin de s’acharner sur de pauvres citoyens qu’on est censé protéger par
ces mêmes mesures ?
A-t-on essayé d’identifier, voire comprendre ces citoyens qui ont enfreint les lois ?
Sait-on que la plupart des « tabassés » vivent dans des quartiers surpeuplés et sont obligés de
sortir dans la rue pour échapper à la promiscuité, principale source de conflits familiaux dans
les foyers ?
Sait-on que l’écrasante majorité des Sénégalais vivent au jour le jour et se retrouvent loin de
leur domicile pour trouver des moyens de subsistance ?
Sait-on que beaucoup d’entre eux sont des jeunes et ne font que suivre l’exemple que leur
offre les adultes qui sont les premiers à annoncer publiquement leur ferme volonté de ne pas
se plier aux lois de la République ?
A-t-on enfin réfléchi sur les effets de ces images de personnes matraquées sur les enfants, au
moment où tout le monde déplore la violence qui sévit dans notre société ?
En tout cas, le texte qui encadre ce couvre-feu ne parle aucunement de bastonnade mais plutôt
de peine d’emprisonnement ou d’amende.
Revenons au couvre-feu !
On nous dit que les activités peuvent se poursuivre de six heures du matin à vingt heures.
De vingt heures à six heures du matin, le pays est mis sous couvre-feu.
Comme si le virus se reposait durant la journée et reprenait ses activités à partir de vingt
heures !
Il convient de signaler que la plupart des activités nocturnes étaient déjà suspendues ; les gens
ne sortaient qu’en cas de nécessité.
En conséquence, ce couvre-feu, ces mesures en général, ne pourront que ralentir la
progression du virus et non la stopper définitivement.
Or, actuellement, toute mesure qui ne permet pas d’arrêter définitivement la progression de ce
si minuscule terroriste se révèlera inopérante.
Amadou SOW
FASTEF/UCAD
Vous avez raison,Tout-à-fait raison. J’ai longuement reflechi sur cette mesure de couvre-feu mais en realité ça n’a pas d’importance .