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« La lutte contre le coronavirus est une guerre contre un ennemi qui n’est d’aucune classe sociale ni d’aucune société », par Alpha Amadou Sy

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Alpha Amadou Sy, À bâtons rompus avec Tafsir Ndicke Dieye : « La lutte contre le coronavirus est une guerre contre un ennemi qui n’est d’aucune classe sociale ni d’aucune société ».

 Alpha Amadou Sy est maître en philosophie, professeur et formateur, auteur de plusieurs publications. Il est le Président de la section sénégalaise de la Communauté Africaine de Culture(CACSEN) et le Président fondateur de la Saint-Louisienne de la Culture et de la Recherche (SCR).

  • Professeur, le prétexte de cet entretien est la sortie récente de vos ouvrages intitulés : « CAN 2019, De l’accueil euphorique des Lions du Sénégal, Lecture politique d’un fait polémique », Les Couples dans la tourmente, Essai sur les ménages à l’épreuve des mutations socioprofessionnelles ».

Cependant, Xalima souhaiterait que vous partagiez, avec ses lecteurs, une brève présentation de vos publications antérieures.

  • Justement, nous constatons que les soubresauts de la politique en Afrique occupent une place importante dans vos essais. Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est vrai que je ne me suis jamais posé cette question tellement que la primauté de la chose politique allait de soi pour moi. Si comme le dit Hegel, tout homme est fils de son temps, alors le fait que je sois né pratiquement avec les indépendances politiques en Afrique francophone et que j’ai grandi dans le contexte tumultueux des expériences démocratiques en cours dans le continent noir au lendemain de l’effondrement du Mur de Berlin auront sans doute beaucoup pesé dans cette orientation de mes investigations. Il s’y

  • ajoute que j’ai très tôt lu Diderot, Hugo, Émile Zola, Sembène, Fanon, Cheikh Anta Diop et Césaire. Ma rencontre avec la philosophie à partir de la Terminale reste un facteur important. Peut-être bien aussi que, faute de pouvoir évoluer dans des formations politiques dont la nature m’a semblé incompatible avec ma vision de ce que doit être véritablement une structure militante, j’ai dû chercher par la plume à contribuer à l’émancipation politique de notre société.
  • Sous votre plume prolixe, l’espace politique de l’Afrique francophone subit un questionnement existentiel, vingt-cinq ans après le discours de La Baule, un texte qui suscite beaucoup d’intérêt auprès de vos nombreux lecteurs. Qu’est-ce qu’il renferme de si particulier ?
  • Je me suis exercé dans cet ouvrage   à m’interroger sur les leurres   et lueurs dans l’espace politique en Afrique francophone, un quart de siècle après la sérieuse sommation de Mitterrand, lors du Sommet franco-africain de la Baule.  À l’analyse, en lieu et place de l’instauration d’un véritable État de droit, ce sont de nouvelles perversions qui sont apparues attestant de la ruse à laquelle les formations au pouvoir ont eu recours pour conserver, en toute « légalité », leur mandat. Un tel contexte   a été solidaire de la « valorisation » tous azimut de la transhumance politique, de la promotion de la dévolution monarchique du pouvoir et de l’avènement de l’ère « révisions déconsolidantes des Constitutions », pour parler comme le Professeur Ismaël Madior Fall.

Dans ces conditions, les alternances politiques qui triomphent sont des plus altérées en tant que, nonobstant la continuité des mêmes pratiques, elles reposent sur le recyclage du personnel politique issu du défunt pouvoir. Je pense que l’intérêt de cet ouvrage est que les questions qu’il aborde gardent une indéniable fraicheur. Pour preuve, le projet de filialisme, qui a avorté au Sénégal, a largement triomphé au Gabon, au Togo et en RDC (dont le projet de retour du Président Kabila aux affaires à la Poutine n’est pas une simple vue de l’esprit). En revanche, l’idée d’un troisième mandat hante aujourd’hui encore, à tort ou à raison, la nuit de bien des Sénégalais, elle a été enterrée au premier plan en Mauritanie et en Côte d’Ivoire, mais demeure une sérieuse perspective en Guinée, non sans installer ce pays frère dans une zone de turbulence grosse de périls.

  • Justement, on ne peut pas parler de l’Afrique avec autant de discernement sans convoquer ses grands hommes ; n’est-ce-pas ce qui a motivé votre ouvrage, en collaboration avec d’autres penseurs du continent, sur l’éminent professeur Assane Seck ? Pouvez-vous nous en dire deux mots ?

Il nous faut apprendre, comme disait Alain Ruellan, « à valoriser ce que nous avons et ce que nous sommes. » Dans cet esprit, la section sénégalaise de la Communauté Africaine de Culture avait organisé une table ronde en hommage au Professeur Assane Seck, au lendemain de son rappel à Dieu. En collaboration avec le Professeur Mouhamadou Fadel Dia, nous avons édité les pertinentes communications présentées à cette occasion. Et aujourd’hui, nous cherchons les moyens de contribuer à faire connaître à nos compatriotes ces hommes de qualité que sont, entre autres, Pr Alassane Ndaw, Boubacar Ly et Amadou Aly

  • Dieng. Pourquoi pas Pr Aminata Diaw, Mame Younousse Dieng et Sémou Pathé Guèye ? C’est non seulement un devoir de mémoire, mais un enjeu républicain dans la perspective de la formation d’une jeunesse consciente de ce que son peuple attend d’elle.
  • La philosophie, votre marque de fabrique, est revisitée en profondeur dans votre ouvrage intitulé « Un pas dans l’Univers de la philosophie, Manuel à l’usage des candidats au Bac et des professeurs de philosophie ». Dans quel contexte l’avez-vous rédigé ?
  • C’était à la veille de faire prévaloir mes droits à la retraite en tant que formateur au Centre Régional de Formation du Personnel de l’Eduction. Ayant eu l’opportunité de sillonner pas mal de coins du Sénégal et d’avoir une   idée de notre système scolaire, j’ai voulu, au-delà d’une simple évaluation, apporter ma contribution à la qualité des apprentissages. Le premier constat étant que les professeurs   de philosophie étant peu suffisants, l’autorité a dû recourir à des diplômés en sociologie pour dispenser les cours dans cette discipline. Outre les limites intrinsèques à un tel choix, la situation était d’autant plus déplorable   que ces jeunes collègues n’avaient bénéficié ni de formation initiale ni de supports pédagogiques.

Certes, les plus motivés pouvaient se rattraper en mettant à profit les technologies de l’information et de la communication, notamment les bibliothèques numériques. Mais les conditions de l’opérationnalité d’une telle option étaient là aussi des plus hypothétiques : Le collègue possédait-il un ordinateur à sa portée pour un pareil travail ? La contrée avait-elle une bonne couverture en électricité ?  Quid de la qualité et du coût de la connexion ?

Mon livre, Un pas dans l’Univers de la philosophie, et mes différentes formes d’intervention dans les lycées me permettent de continuer à servir un système auquel j’ai déjà consacré plus de trente ans de ma vie.

  • Pour revenir à vos deux récentes publications, prétexte de cet entretien, partez-vous toujours de faits réels pour écrire ?
  • Mêmes les romanciers partent de faits réels, a fortiori les essayistes. Certes, comme disait Camus, aucun artiste ne tolère le réel, toutefois même la production artistique qui prétend le plus faire l’hypostase du monde des hommes n’en est pas moins déterminée, en dernière instance, par les contradictions inhérentes à la vie concrète des êtres en chair et en os.
  • Si vous deviez tirer quelques enseignements majeurs de votre livre sur l’accueil des Lions en 2019, livre qui pourrait bien être intitulé Un philosophe dans la tanière, lesquels seraient-ils ? Le   philosophe que vous êtes, en dissertant sur le football aurait-il déserté l’espace politique ?

Ah ! j’aime bien votre formulation : un philosophe dans la tanière ! Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a plusieurs manières de parler du foot. Son histoire, ses infrastructures, ses aspects technico-tactiques à la manière des regrettés Mawade Wade et Pape Diouf. Il est aussi loisible d’en parler comme un Habib Bèye, Aboubacry Ba, Abdoulaye Diaw, Aliou Cissé ou El Hadj Ousseynou Diouf. Moi, j’en parle avec moins de technicité, précisément en philosophe pour voir le sens d’un accueil objet de tant de controverses. J’en parle à la lumière du paradigme républicain en insistant sur les rapports entre politique et sport, en mettant le curseur sur

  • l’exigence républicaine de permettre à toutes les sensibilités sportives de s’exprimer, non sans attirer l’attention sur les dangers de l’hypertrophie du sport dans un pays tel que le nôtre où tout est priorité.

Sous cet angle, j’ai pas changé de fusil d’épaule. Je reste ancré dans cette logique m’autorisant à jeter le regard oblique du soupçon sur les hommes et leurs différentes pratiques. Il s’y ajoute que c’est aussi une autre manière de dire que la vie au sein de la République n’est pas réductible aux questions exclusivement liées à la conquête et/ou à la conservation du pouvoir.

  • Permettez que la même question vous soit posée concernant votre livre « Les couples dans la tourmente, Essai sur les ménages à l’épreuve des mutations socioprofessionnelles ».
  • La publication de cet ouvrage participe assurément de ce double souci susmentionné : maintenir le paradigme républicain et, d’un même mouvement, m’inscrire en porte à faux contre cette dynamique on ne peut plus pernicieuse consistant à réduire les questions du pays aux préoccupations pouvoiristes de la classe politique. Dans cet esprit, je considère que l’espace conjugal, pour relever du domaine privé, n’en a moins un impact suffisamment dense sur la sphère publique, pour être objet de curiosité scientifique et de préoccupation éminemment républicaine.

Mon souci est d’attirer, en toute humilité, l’attention des uns et des autres sur le fait qu’aucune République ne saurait légitimement prétendre à un quelconque développement si elle confine la majeure partie de ses citoyens que sont les femmes dans la misère, l’ignorance et le manque de formation professionnelle qui font d’elles les cibles

désignées des violences les plus machistes. Dès lors, l’État républicain, auquel la Constitution assigne le rôle de veiller scrupuleusement au bien-être de tous les citoyens et à leur sécurité, est mis en demeure de faciliter à tous ses sujets, l’éducation civique, l’accès à l’information et à la formation nécessaire à leur insertion dans les circuits de production et les instances de décision.

  • Actualité oblige ! Un être si minuscule qu’il est invisible vient subitement d’installer une hantise planétaire : le Corona virus. N’en fait-on pas trop ?  Ou le péril est- il assez sérieux pour parler de la lutte pour son éradication comme d’une guerre, pour reprendre le président français E. Macron ? Si on sait que l’humanité a connu bien d’autres pandémies, quelle est la particularité de ce Covid 19 ?
  • Peut-être bien que les pandémies ont l’âge de l’humanité. Chaque époque, chaque continent a connu ses calamités virales. Mais, la particularité de ce Covid 19 est qu’il a épousé, avec une célérité déconcertante, les contours de la mondialité. En un temps record, il a fini de faire pratiquement de la totalité du globe terrestre son théâtre d’opération. Il a obligé la moitié de l’humanité à se confiner ; il a mis à genoux tous les échanges internationaux.

Son spectre est d’autant plus terrifiant qu’il nous offre un tableau des plus macabres. Outre les centaines de morts par jour en Occident après la Chine, il met en demeure certains Européens de choisir entre des contaminés à sauver et d’autres qu’il faut laisser trépasser… faute de moyens. C’est dire que le phénomène est suffisamment périlleux pour parler de guerre. Mais, il faut rapidement ajouter que c’est une guerre, disons… de

type nouveau, dans la mesure où elle se mène contre un ennemi qui n’est ni d’aucune classe sociale ni d’aucune société.

Pour rappel, dans les guerres classiques, l’ennemi était localisé et ciblé. À partir du 11 septembre, le terrorisme de masse, dans sa confrontation avec le terrorisme d’État, a imposé une autre logique commandant des stratégies nouvelles. Le djihadiste surgit de nulle part pour porter la mort sans se soucier outre mesure de la cible : enfants, femmes, militaires civils, jeunes ou vieux.

La guerre contre le corona virus participe d’un tout autre ordre nécessitant une toute autre stratégie, car il est d’autant plus difficile à traquer qu’il est, pour ainsi dire, sans repère spatio-temporel.  Je ne dis pas qu’il est immatériel, mais il n’est pas non plus visible. Comme pour narguer les humains, faute d’avoir sa propre autonomie, il « met à profit » leurs moyens de transport pour se propager à l’échelle planétaire !

  Dans ces conditions, tout l’arsenal militaire et les missiles les plus sophistiqués que détiennent orgueilleusement les plus grandes puissances de notre globe s’avèrent désespérément inopérationnels ! La dangerosité du coronavirus est d’autant plus traumatisante que l’Occident n’a non seulement ni vaccin ni traitement thérapeutique mais, contre toute attente, manque cruellement de masques, de tests, d’infrastructures et de ressources humaines pour parer au plus pressé.

  • Pendant que les experts et les hommes de sciences se démènent comme ils peuvent pour sauver l’humanité en péril, les philosophes ne sont-ils pas en chômage technique (rires) ?

C’est le moment de vous rappeler ce propos de Sartre : « nous n’avons jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande ». Plus prosaïquement, plus on est dos au mur, plus on doit mesurer la responsabilité qui nous incombe dans nos prises de décisions appelées d’être assumées jusqu’au bout. Et dans ces conditions, la philosophie intervient es qualité. Dans cet esprit aussi l’antinomie supposée entre activités scientifiques et réflexion philosophique reste une vue de l’esprit. Présentement, au moins une centaine d’essais cliniques sont en cours en Chine et en Occident. Le défi est, tout en poursuivant les recherches, de ne pas oublier de parer au plus urgent, c’est-à-dire de prendre, j’allai dire de risquer des initiatives pour sauver des vies humaines. En ce sens, les prises de position du Pr Didier Raoult et de son homologue sénégalais, Moussa Seydi, sont à magnifier par leur exemplarité.

 Au même moment, le philosophe peut non seulement se faire l’écho des consignes et recommandations de ces experts, mais il lui revient de leur donner un surcroît d’intelligibilité et de pertinence.

Ainsi, il lui est loisible de faire comprendre que nous sommes dans un contexte d’une autre modalité de déclinaison de l’amour et de l’affection.  Par le respect scrupuleux des gestes-barrières et du confinement, l’individu se protège en protégeant ses proches, ses amis et ses collègues. L’urgence de rompre impérativement la chaine de contagion nous installe en situation de ne ni serrer les mains ni faire des accolades encore moins des bises. Aider à faire comprendre que, en ce moment précis, le degré de l’affection que nous nous portons est paradoxalement tributaire de la rigueur avec laquelle nous observons la distance sociale et vivons le confinement !

Nous en sommes à un de ces rares moments de l’Histoire où il nous est donné de voir comment l’acte individuel, dans la mesure où il se déteint d’une certaine manière sur le collectif, engage, de quelque façon, toute la communauté.

Sur le même registre mais sous un tout autre rapport, le philosophe a la latitude de faire observer que les questions écologiques tant agitées depuis au moins le Sommet de la terre à Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992, ne sont pas de simples spéculations.  Jusqu’ici, il a été soutenu que la déforestation avait comme incidence la raréfaction des précipitations, et par ricochet, la progression du désert. Aujourd’hui, le philosophe a des arguments supplémentaires pour sensibiliser sur le fait que l’agression de la biodiversité constitue le lit de propagation des virus avec tous les risques à la fois pour les hommes et leurs colocataires du globe que sont les animaux.

Enfin, le moment est des plus propices pour être regardant sur cet humanisme aux accents fort intéressés qui se déploie à la faveur des ravages à l’actif du corona virus.

  • « Humanisme aux accents intéressés » ?

Ne voyons-nous pas le Portugal prendre tout d’un coup soin de ses émigrés comme s’il venait de se rendre compte de leur existence ? Dans le même esprit, les SDF en France sont gentiment hébergés dans des sites dont l’espace antérieurement dédié aux participants à la 73 édition du Festival de Cannes qui devait avoir lieu du 12 au 23 mai 2020. Il s’agit d’actes certes humanistes, mais rigoureusement commandés par l’intelligence que le capitalisme a de ses intérêts. Étant donné que le virus fait l’impasse sur les classes sociales, il faut impérativement mettre les « damnés de la terre » à l’abri de la contagion afin d’éviter que, par leur entremise, le Covid 19 continue à faire des dégâts ! Ce faisant, le capitalisme renoue – le temps de juguler le mal-  avec l’État- Providence, tant voué aux gémonies par les idéologues de l’ultra libéralisme.

 Pour autant, ce serait une méprise aux conséquences fâcheuses que de croire que, du jour au lendemain, sous l’effet d’une crise sanitaire, le capitalisme s’est reconverti en système qui, enfin, place l’homme au début et à la fin de tout développement. Pour preuve, même en pleine guerre contre le coronavirus, la compétition féroce, structurée autour de l’offre et de la demande, dicte de manière surréaliste sa loi. Ainsi, du marchandage au sujet des masques. La France qui fait ses commandes se voit doubler par des Américains qui paient nettement plus cher    et… « en espèces sonnantes et trébuchantes » !

Que dire des récriminations voire des levers de boucliers des Portugais, Italiens et Espagnols devant l’obstination des pays comme l’Allemagne à préserver ce qui est supposé être leur intérêt propre. Autrement dit, si l’humanisme était de rigueur, en lieu et place de ces replis nationaux, l’Europe aurait initié, en toute bonne logique, une politique hardie pour secourir les peuples éprouvés du sud de l’Europe. Et quid des USA sous Donald Trump, exclusivement focalisés sur la bonne marche du marché au risque d’oublier que ce sont les hommes qui constituent la base de toute production économique et de toutes les circulations des biens de ce monde ?  Du reste, ce n’est point un hasard si, aux USA, le taux des victimes du Covid 19 est nettement plus élevé chez les Noirs.

  • L’État du Sénégal, à l’instar des autres pays du continent africain, a pris une série de mesures au plan sanitaire et socioéconomique, comment les appréciez-vous ?
  • L’unanimité de la République dans l’appréciation positive de ces mesures témoigne, d’une part, de la gravité du péril et, d’autre part, de la prise de conscience par tous de cette dangerosité du Covid 19. Mais, cette appréciation positive doit trouver son répondant dans l’effort fourni par chacun citoyen pris individuellement pour rendre efficaces et efficientes ces mesures de l’Autorité.

Nos compatriotes les plus édifiés ont la responsabilité de jouer le jeu en respectant avec esprit de suite les recommandations et consignes de l’État, suffisamment inspiré pour avoir pris l’avis de qui de droit, à savoir les experts de la santé. En rompant avec le laxisme, la période du confinement pourrait   être plus soutenable surtout que nous en sommes à cette étape des plus cruciales qu’est la lutte fastidieuse contre la transmission communautaire. Par notre comportement responsable, nous pourrons éviter d’installer certains citoyens dans la posture inconfortable de devoir faire le choix dramatique de préférer (pour nous inspirer de Michel Foucault) le risque de mourir par coronavirus à la certitude de voir sa famille crever de faim.

Sous un autre rapport, il revient à l’État de mesurer à sa juste valeur les responsabilités qui sont les siennes face à des citoyens qui ont consenti à lui donner tous les pouvoirs. Il importe de réaliser que les Sénégalais ont accordé au Président   de la République des responsabilités et une confiance sans commune mesure avec celles légalement issues des urnes. Aussi lui incombe -t-il   de traduire dans les faits ses engagements à porter assistance à ses concitoyens dans le besoin. Très particulièrement, la répartition des vivres sera, à ne pas en douter, l’objet d’un contrôle citoyen systématique. Au demeurant, le Chef de l’État  semble l’avoir bien compris pour avoir, lors du Conseil des ministres du mercredi 08 avril 2020,  demandé à son  Ministre du Développement communautaire d’impliquer les  forces de défense et de sécurité  pour procéder « à la distribution urgente des vivres » et de s’atteler au règlement rapide des factures d’électricité. En tout état de cause, tout laisse penser que   tout manquement sur ce registre relèverait d’une faute politique qui pèsera lourd à l’heure des inventaires.

  • Le Covid 19 sera-t-il un prochain sujet d’essai du philosophe écrivain que vous êtes ?
  • À cet instant, je ne saurai vous répondre. Je ne sais pas si cette réflexion à laquelle vous venez de m’inviter sera poursuivie ou si je vais trouver une autre source d’inspiration. Pour dire vrai, je ne sais pas.

 Professeur, Xalima vous remercie.

Merci et bonne continuation !

1 COMMENTAIRE

  1. Respect, Professeur. Bonne continuation. Tu n’as pas jeté l’éponge, comme moi. Merci de maintenir allumée ta bûche au foyer ardent de notre patrimoine culturel.

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