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Du virus « chinois » à l’infiniment petit « mondial » : quelle réaction de l’Afrique? (Ndeye Astou NDIAYE)

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De décembre 2019 à février 2020, le monde avait cru que le Covid19 était l’affaire des Chinois ou à grande échelle, celle des asiatiques. Le reste des humains continuaient à vivre sans trop se préoccuper de la situation et des conséquences de la mondialisation actuelle.

Les Américains à travers, leur Président se croyaient au-dessus de tout et de toutes sortes de calamités. Ils n’ont pas vu les choses venir :  complot ou virus « échappé », il est clair que l’humanité est au cœur de ce Mal.

Une évidence. En effet, avec les nouvelles technologies et par ricochet, toutes les créations qui s’ensuivent, l’humain s’est vu comme être suprême ne défendant que ses intérêts imminents, occultant ceux des autres créatures vivantes à savoir la nature, les forêts, les animaux ou même sa propre progéniture. Depuis la fin de la guerre froide, le monde est traversé par un leadership américain assumé avec une prépotence militaire et idéologique en passant aux multiculturalismes limités, aux replis identitaires et à un terrorisme international qui place encore l’homme au centre de la planète. Néanmoins, la pandémie du Covid19 dénote une fois de plus, une certaine faiblesse si ce n’est une crise de l’« homme ». En quelques semaines de confinement, l’environnement reprend ses couleurs initiales de Pékin à Venise en passant par les plages indonésiennes ou les cieux de nombreuses villes du monde redevenus, bleus.

Qu’en sera-t-il de ces relations internationales d’après Covid19 qui tournent autour de la suprématie d’une « démocratie libérale » telle que conçue et vécue à travers l’histoire de certaines nations (l’Occident). Toutes celles qui ne font pas partie de cette logique sont prises pour des « Êtres » anhistoriques, incultes et exploitables jusqu’aux dernières ressources. Voilà la logique « illogique » du monde. Lorsque les États-Unis et la Chine produisent des gaz à effet de serre, ils en ont le droit. Parallèlement, quand l’Afrique refait sa jeunesse et que sa population accroît à un rythme et pourtant, non exponentiel, elle est au centre des débats et de certaines pseudos inquiétudes : la multiplication de la race humaine poserait problème et deviendrait saumâtre, non pas pour les Occidentaux mais « soi-disant » pour l’Afrique. Sauf que pour la vieille et si juvénile Afrique et pour tout autre endroit de la terre, seul un capital humain pourrait la faire gagner, ce qu’Emmanuel Macron, repris par des chefs d’États africains, a appelé « une guerre ». Scientifiquement, se priver de la ressource humaine relèverait d’un astigmatisme mondial, puisque comme le font remarquer les travaux Simon Julian de Princeton la croissance d’une population ne peut constituer un frein à un quelconque développement.

Assurément, après les traites humaines, la colonisation, le néo-impérialisme, les préoccupations ethnico-identitaires et le terrorisme international, l’Afrique a touché le fond avant que ce virus-monde ne survienne.

Deux options s’offrent dès lors, à elle.

La première consiste à s’armer du proverbe français « à quelque chose malheur est bon » afin de se relever une bonne foi et être aussi bien sujet qu’actrice dans les débats pour un nouvel ordre mondial puisqu’ après cette crise, le monde s’essaiera inéluctablement à une nouvelle recomposition des puissances : les États-Unis et l’Europe perdront de leur hégémonie au moment où la Chine et certains États asiatiques devraient servir de modèles de discipline, d’industries, de production, entre autres.

La seconde autorise à rester statique, attendre la fin de cette crise sanitaire, avoir un peu plus ou un peu moins de morts que ceux causés par les guerres civiles, les attaques terroristes ou encore le paludisme depuis années, tentant de suivre comme à l’accoutumée, la cadence libérale tout en occupant de facto, la place du « non-partant ».

Dans la première option qui est une prière, l’Afrique discutera de son sort et de celui du reste du monde, d’abord en « intra » ensuite en « extra ». A travers les organisations sous-régionales, régionales, civiles, le continent prendra acte de la chance que lui offrent l’année 2020 et le Covid 19 pour discuter et enfin construire un système humaniste, politique, économique, financier, social et environnemental viable, assumé et sérieux en rapport à la Communauté internationale. Dans ce cas, les prédictions des Nations-Unies à travers son Secrétaire général António Guterres ne seraient tout simplement que leurres et fourberie ou encore un souhait non exaucé, si le Covid19 est pris dans sa dimension « divine ».

Dans la deuxième option, le monde suivra son cours « normal » avec une Afrique surexploitée, « in-humanisée », dépendante de la prétendue aide de « Tous » et apparaissant encore et toujours comme la partie « maudite » du cosmos, à la fois par les divinités et par l’ordre mondial, sans grande riposte : celle qui est absente au Conseil de sécurité de l’ONU, celle dont ses États n’arriveront jamais à maturité, celle dont la jeunesse est à la fois un handicap et un frein à son développement, celle dont les populations bien qu’assises sur des trésors humains, naturels et miniers se nourrissent de sang, de pleurs et de désespoir, celle dont ses gouvernants  n’ont d’yeux que pour les avantages à avoir le titre de « Chef » : Chef pour diriger, incarner le pouvoir, en user et en abuser, Chef pour sacrifier les populations, détourner des milliards, Chef pour construire quelques bâtisses pour ne pas se faire oublier, Chef pour être au service de certaines puissances… Cette deuxième option est malheureusement, la plus plausible.

L’Afrique vit, commerce et éduque en français, en anglais, en espagnol, en portugais, en grec, en chinois et en arabe et non en africains : swahili, haoussa, peul, mandingue, lingala… Renverser la donne ou construire un nouvel ordre mondial demanderait une véritable révolution avec des nations averties et des dirigeants conscients et dotés d’un grand cran.

L’Afrique est-elle prête à relever ce défi ? Nous en doutons mais l’espoir est permis.

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une dimension dépassant l’ordre de la dichotomie entre le savant et le politique. Il est question d’un troisième larron, sous-estimé par certains et non pris en compte par d’autres sur la base de la rationalité, de la suprématie de l’homme sur « Tout » ou simplement de l’oubli : le divin. En restant dans la science, il peut s’agir de la théologie, la science de Dieu et de ses prédicats ou encore la chaine métaphysique des polythéistes hindous.  En réalité, nous nous permettons de nous défaire de la rationalité dans son paroxysme et de cette neutralité ou objectivité axiologique presque inexistante du savant. Loin de nous l’idée de faire de la prédiction à la « Guterres ».  L’Afrique ne sortira certainement pas indemne de cette crise mais elle connaitra de nouveaux beaux jours avec sa jeunesse, avec ses ressources qui sont des dons divins qu’aucun scientifique n’expliquera et qu’aucun politique ne puisera jusqu’à tarissement. Finalement, l’issu qui s’offre à nous reste unique : celle de la prise des responsabilités politique, scientifique, civile, civilisationnelle et religieuse à travers trois piliers : l’éducation alliée à la recherche, la santé et l’agriculture dans sa dimension macro. Cette démarcation se fera d’abord avec le savant au service du politique incluant une reconnaissance et une prise en compte des réflexions et études méthodologiquement prouvées et traduite en actions publiques.  Il sera ensuite question de la part du politique, d’éviter de se servir de la science mais plutôt de la mettre au profit de la planète et de tous les êtres vivants par le biais de la représentation avec l’État tel définit par Weber « … une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné. »

En définitive, la seule leçon que l’Afrique devrait tirer de cet infiniment petit « mondial », c’est en réalité un proverbe bien chinois « l’eau qui vient de loin ne peut pas arrêter le feu qui est tout près. » Une concertation et des décisions continentales au sein d’institutions régionales dignes de ce nom s’imposent puisque les types de partenariats peuvent toujours évoluer cependant, il est impossible de se défaire de ses voisins.

Ndeye Astou NDIAYE

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