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Prix Nobel mais conspué par les scientifiques, qui est le professeur Luc Montagnier?

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Il a récemment créé la polémique en affirmant que le coronavirus pouvait être une création humaine en laboratoire, en voulant faire un vaccin contre le VIH.

Régulièrement depuis son Nobel de médecine en 2008, le professeur Luc Montagnier s’attire les critiques de la communauté scientifique. La pandémie de coronavirus, qui a fait plus de 150 000 morts dans le monde, dont 18 681 en France, n’a pas échappé à ses propos souvent polémiques. Selon lui, le nouveau coronavirus serait issu d’un accident de laboratoire. Il a défendu sur le site Pourquoi docteur?, jeudi 16 avril, que le SARS-CoV-2 venait d’une tentative de fabrication d’un vaccin contre le virus du sida. 

Une théorie qu’il a ensuite résumée sur CNews : « Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y a eu une manipulation sur ce virus. Une partie, je ne dis pas le total. Il y a un modèle qui est le virus classique, venant surtout de la chauve-souris, mais auquel on a ajouté par-dessus des séquences du VIH. Ce n’est pas naturel, c’est un travail de professionnel, de biologiste moléculaire, d’horloger des séquences. Dans quel but ? Je ne sais pas […]. Une de mes hypothèses est qu’ils ont voulu faire un vaccin contre le sida. » L’accident serait intervenu dans le laboratoire de haute sécurité de la ville de Wuhan, ajoute-t-il.  

Depuis, la communauté scientifique est vent debout. « Cela n’a pas de sens. Ce sont de tout petits éléments que l’on retrouve dans d’autres virus de la même famille, d’autres coronavirus dans la nature », explique à l’AFP le virologue Etienne Simon-Lorière, de l’Institut Pasteur à Paris ». « Je pense que cela accrédite cette ‘fake news’ qui circule, c’est-à-dire la théorie du complot, c’est-à-dire le refus de l’évidence », tacle de son côté Jean-Paul Stahl, professeur d’infectiologie au CHU de Grenoble, interrogé par Pourquoi docteur?. 

Pourtant, Luc Montagnier a un parcours prestigieux et un CV de haut vol. « Professeur émérite à l’Institut Pasteur, où il a dirigé, de 1972 à 2000, l’unité d’Oncologie virale, directeur de recherches honoraire au CNRS et membre des Académies des sciences et de médecine », selon sa fiche sur le site de l’Institut Pasteur, qui précise qu’il a signé ou cosigné 350 publications scientifiques et plus de 750 brevets. 

Le Pr Montagnier est aussi lauréat du prix Nobel de médecine 2008 pour l’identification du virus responsable du sida, avec sa collègue de l’époque, la Pr Françoise Barré-Sinoussi. 

Outre le Nobel, Luc Montagnier a reçu de nombreux prix, dont la médaille d’argent du CNRS, le prix Lasker en médecine, le Gairdner Prize, Santé Prize, Japan Prize, le prix Roi Faisal, Amsterdam Foundation Prize, ou encore l’introduction au National Invention Hall of Fame. Il est également Commandeur de l’Ordre national du mérite et Grand Officier de la Légion d’honneur. 

Des positions controversées

Mais aujourd’hui, l’illustre professeur en médecine est renié par l’Institut Pasteur, dont il est toujours professeur émérite. Il est également désavoué par l’Académie nationale de médecine, dont il est toujours membre mais où il ne met jamais les pieds. Une chute provoquée par ses multiples prises de position, qui lui ont valu de nombreuses critiques et moqueries de la communauté scientifique.  

En 2009, par exemple, il avait attesté dans une interview que l’organisme se défend mieux contre le virus du sida avec un bon système immunitaire, épaulé d’une bonne nutrition antioxydante, s’attirant les foudres des scientifiques. 

Il a également défendu un an plus tard la théorie de la mémoire de l’eau, et son auteur Jacques Benveniste, qui a pourtant été prouvée comme étant le résultat d’une fraude scientifique. « La théorie de la mémoire de l’eau, si elle avait été avérée, aurait expliqué le principe de l’homéopathie », résume Le Monde, en 2010 qui rappelle que l’expérience mise à l’époque en avant par le professeur Montagnier avait été décriée et déclarée « impossible à reproduire » par la revue scientifique Nature

Sa crédibilité prend alors un violent coup de massue. D’autant que ces positions s’ajoutent à d’autres opinions jugées tout aussi extravagantes, comme le rappelle ci-dessus Alexis Verger, biologiste moléculaire au CNRS. Ainsi en 2012, une quarantaine de prix Nobel écrivaient dans une pétition que le professeur Montagnier « accumule les impostures scientifiques et médicales à force de se prononcer dans des domaines où il n’est pas compétent », comme « l’extrait de papaye fermentée, fourni au pape Jean-Paul II contre la maladie de Parkinson, le test diagnostique de la maladie de Lyme supposé détecter la bactérie dans le sang à partir des ondes électromagnétiques, de prétendues preuves de la réalité de la mémoire de l’eau sans la moindre publication. La médecine bafouée, les patients mystifiés et nos concitoyens abusés. Qu’attendent les pouvoirs publics et les institutions de santé pour dénoncer ces dérives ? » 

Des théories anti-vaccins

La même année, l’Académie de médecine le désavoue également, après ses propos sur les risques qui seraient liés à la vaccination. En 2017, aux côtés du controversé professeur Henri Joyeux, figure de proue des anti-vaccins, il a dénoncé la dangerosité de la vaccination obligatoire. Selon lui, malgré « une bonne volonté au départ », on risquait « d’empoisonner petit à petit toute la population ». Dans un article daté de 2017, La Revue médicale suisse, raconte que Luc Montagnier évoquait une « corrélation temporelle » entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaques. 

Mais il a surtout fait parler de lui après cette déclaration sur le lien entre les vaccins pédiatriques et le syndrome de la mort subite chez les nourrissons. Ainsi, lors d’une conférence-débat réservée aux « journalistes de la presse santé, bien-être et société » à Paris, le Nobel lançait l’alerte qui allait être jugée « inacceptable » par ses confrères : « Je voudrais alerter sur la mort subite du nourrisson. C’est quelque chose d’épouvantable, la cause est inconnue, mais il existe des faits scientifiques, montrant qu’un grand nombre de ces morts intervient après une vaccination. On ne peut pas démontrer une causalité, mais il y a une relation temporelle. (…). Ce qui est en cause, c’est la vaccination de masse, cela doit disparaître ». 

Des propos rapidement condamnés par l’Académie de médecine. Marc Gentilini, l’un de ces membres, estime à l’époque « qu’un prix Nobel de médecine, pasteurien de surcroît, tienne des propos volontairement ambigus et alarmistes sur la vaccination, sujet qui sort de son domaine, est inacceptable. » « C’est une dérive pathétique », avait-il ajouté. 

Cette même année, face aux critiques de ses pairs, le professeur Montagnier répondait dans La Croix : « J’ai l’habitude des attaques de ces académiciens qui sont des bureaucrates à la retraite, fermés à toute innovation. J’ai les preuves scientifiques de ce que j’affirme ». 

lexpress.fr

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