Moussa Sene Absa: « Damay porte plainte! »

Damay porte plainte!
Les terres du Baol ne savent plus à qui tendre ses douces plaines.
Les beaux bras de Njool vont se balader à Saly la Salope
Ou Dakar la Sale dont le macadam vomit ses propres enfants en guenilles.
L’abondance est si loin qu’elle échappe à la mémoire des griots !

Damay porte plainte
Et les néo politicus, vautours enveloppés de leur camisole de misère
Se vautrant dans leurs salons de Chine, le pet bien bas.
Ou leurs bolides à milliards slalomant comme des fous
Le long des nids de poule
L’argent du roi est si sale que le palefrenier s’en torche le cul.

Damay porte plainte
Et la mère, lasse de son chapelet de honte
Loache ses pauvres hères dans les bras de la mer si fâchée
Qu’elle prive même de la maigre pitance d’un yaboy.
Bouche bée, ils bravent les vagues de l’océan
A la recherche de l’Albatros

Tey damay porte plainte
Et ces pères si dévalues dans leur chair et leur poche
Voyant la vie défiler comme un deux chevaux
Se léchant les babines pour ne point sentir l’odeur fétide du mensonge et du vol
Ceux-l à sont castrés
Leur dime si maigre
Que même le rêve semble interdit.
Les voilà à l’assaut de leur pitance
Une carte de vote comme seul réconfort
Se croyant si braves en ces temps si durs
Ils prient le jour et s’encanaillent la nuit.

Damay porte plainte
Certains sont élus pour leur père
Dans un monde si rempli d’impairs
Ils prêchent une droiture, pardi
Et aiment beaucoup les délices de ce monde.
Ils célèbrent Dieu, comme des odes à Mamadou et Bineta
Alors que leurs pères, nobles dans leur chair
Ont donné leur vie pour la grâce de mon peuple.

Damay porte plainte !
Cette aube je me suis réveillé avec un rêve
Comme une ère nouvelle à naitre
Quand la mue traine et que la bête est déjà partie.
Et les êtres se taisent ou filent le doux coton de la discorde.
Et l’Albatros, du haut du ciel, jure sous tous nos toits
Que viendra un jour où la vie sera belle.

MOUSSA SENE ABSA