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Moi, ce « Modou-Modou » fier de ce que je suis ! (Par Papa Waly Ndao).

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Dieu a créé l’homme et a tracé pour chacun un destin. Le mien a fait que je suis devenu « Modou-Modou ». Cette connotation, parfois stigmatisante, je la porte fièrement. Est-ce un crime d’être émigré ? Cette question beaucoup de gens se la posent, surtout en cette période de pandémie du Coronavirus, où tous les coups bas sont destinés aux « Modou-Modou ». Leur seul tort aura été de quitter leur patrie à la recherche d’un ailleurs meilleur pour sortir leurs familles des affres de la galère. Est-ce un crime de quitter son pays qui n’offre pas de perspectives pour aller ailleurs où l’on a la chance de réussir ? Je ne crois pas.

Un débat puéril a eu lieu dernièrement dans une télévision de la place et le « Modou-Modou » (l’émigré) a été dépeint comme une « vulgaire personne » qui accepte « ailleurs » ce qu’il refuse de faire chez lui. Quelle ignominie, dirais-je ! Ce qu’ils ne savent pas, c’est que l’humanité a toujours été en mouvement et aujourd’hui, ils sont plus de 270 millions de personnes dans le monde à vivre dans un autre pays que celui dans lequel elles sont nées.

Je prendrais volontiers l’exemple de ma modeste personne. Le destin a fait de moi un « Modou-Modou » digne et tous ceux qui vivent autour de moi portent cette appellation avec fierté. Il suffit de faire un petit tour dans « Ndakaru » pour se rendre compte de l’apport des émigrés, des œuvres colossales réalisées par les « Modou-Modou », sans compter leur apport dans le financement externe. Ils sont une véritable locomotive pour le développement de notre pays.

Aujourd’hui, la transformation architecturale de la capitale sénégalaise est en grande partie liée à l’apport de ces femmes et hommes éparpillés à travers le monde. Ces honnêtes gens sont responsables et respectueux dans leurs terres d’accueil parce qu’ils accomplissent avec volonté, engagement, abnégation et dévouement les tâches qui leur sont confiées.

Cette migration était vécue comme un sacrifice, un arrachement à notre pays, à nos familles, nos proches. Face aux difficultés dans lesquelles ils vivaient au Sénégal, beaucoup n’ont pas eu le choix. Devant l’impossibilité de réaliser ses rêves dans ses propres terres, nul n’est tenu.

Ni pestiféré ni racaille

Etudiant, je marchais dans les rues de Dakar, à la recherche du savoir. A Cheikh Anta Diop, la plus grande université du Sénégal, je prenais, comme la majorité des Sénégalais, mes cours par terre, ou parfois assis sur une brique pendant quatre tours d’horloge. Pourtant, très tôt, à 6 heures du matin, je me pointais à la gare « Ecole Dior » pour prendre un car-rapide. Malgré ces sacrifices, devenus une routine, il m’était difficile de trouver une place assise à l’amphithéâtre de la fac de droit où je faisais mes cours de 1ère et 2ème année. Je ne suis pas le premier à le subir ni ne serais pas le dernier, mais juste pour dire que « Chez moi », il était difficile de vivre. Oui, l’atmosphère était vraiment morose à l’UCAD. Campus social trop plein, transport chaotique, cars surchargés, non-respect d’aucune règle d’hygiène, pollution partout. Ce décor était le quotidien des jeunes débrouillards qui pullulent à Dakar. Ces expériences, nous les avons vécues difficilement et Dieu sait que nous n’étions pas les seuls.

Quand je me suis retrouvé dans la presse également, je pédalais à longueur de journée et avec toute mon énergie mon vélo, pour aller à la quête de l’information.

En ce qui me concerne, j’ai choisi d’émigrer pour des raisons personnelles, mais vu nos réalisations au pays, on comprendrait aisément que le choix n’était pas aussi mauvais ; quand bien même on a accepté ailleurs ce qu’on a refusé chez nous.

Nos pays d’accueil constituent plus qu’une fierté. Même si, il faut le reconnaitre, vivre à l’extérieur n’est jamais une mince affaire. Le saviez-vous ?

Très souvent, j’ai bravé un froid canard, de -12 degré celsius, pour marcher et aller travailler. Ce climat glacial contraignait même les taxis à rester immobiles. Mais face à la volonté d’aller trouver le strict minimum, il fallait partir, braver le froid à tout prix et marcher sur les flacons de neige à mes risques et périls. Les gants avec lesquels je me protégeais, étaient trop légers pour contenir ce climat trop sévère. Je n’ai jamais crié ni rouspété, parce que tout simplement je portais fièrement l’étiquette « Modou-Modou » dans mon sang. Et un « Modou-Modou », ça ne chiale pas. Je n’ai jamais eu peur que ce sang se coagule parce qu’à l’intérieur de mes veines, il coule chaud. Ce corps si précieux était animé par un esprit saint, un courage de gagneur, de battant.

Le « Modou-Modou » est ce brave homme qui défie les règles de la pesanteur, qui fait face à toute sorte d’épreuves. Il est plus qu’un martyre. C’est un débrouillard, un homme utile pour ses frères et sœurs, bref pour sa famille, son pays.

Dommage que certaines personnes qui ne savent pas voir plus loin que le bout de leur nez ne le comprennent pas. Il est très facile de se vautrer dans un studio de télévision ou de radio et de parler de choses dont on ne maitrise pas. Quand on ne sait pas, on se tait.

Les « Modou-Modou » ne sont ni pestiférés ni racailles. Ce sont citoyens modèles, attachés à leur territoire. Leur seul péché c’est d’avoir choisi d’aller ailleurs pour vivre des lendemains meilleurs. Leur seule ambition, c’est de réussir ; quel que soit le prix à payer.

Etre « Modou-Modou » n’est donc pas une honte. C’est une fierté.

Courage à nos vaillants « Jambaars ».

Chapeau bas Modou-Modou !

Fier de l’être…

Par Papa Waly NDAO, Louisville, Kentucky (Etats-Unis)

2 Commentaires

  1. Bien dit mon frere. un des hadith dit en Ardoulahi wassia haajoura hatta ila sin/ traduction que la terre de d’Allah est vaste parcourez meme jusqu’a en chine. Modou Moudou diamou Yallah la. I am myself Modou Moudou it’s should not been any excuse for been Modou we should be proud my bother. God bless. Bon Ramadan

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