De plus en plus, on constate que nos télés, particulièrement pendant ce mois béni de ramadan, sont en train de transformer ce qui devait être une opportunité en contrainte. En effet, de plus en plus, les plateaux de télé, au lieu d’être des lieux de réflexion et d’échange sur les symptômes de la grave maladie de notre société et sur des propositions de solutions, préfèrent manipuler les sentiments émotionnels des fidèles en transformant leur émissions – show en ring où ils provoquent une sorte de confrontation par médiat interposé entre les familles religieuses. Ce n’est certes pas le but recherché. Mais c’est par manque d’imagination et de créativité qu’ils organisent sans le savoir et sans le vouloir cette confrontation dont on n’a pas besoin. Nos valeureux guides religieux doivent être célébrés et sublimés mais pas de cette façon.
Aussi chaque prédicateur vient avec la ferme volonté de montrer et de démonter que son guide est le plus puissant, le plus fort. On n’a plus besoin de faire la promotion de nos valeureux anciens guides religieux en ces termes et de cette façon. Nul n’a le droit d’encourager une compétition entre ces illustres adorateurs de Dieu et de son Prophète (PSL). Ils ont tous marqué leur époque et ont accompli avec brio la mission que leur guide, le Prophète (PSL) les avait assignés.
Mais ce que l’on voit aujourd’hui dans nos télés, surtout pendant le mois de ramadan, ne favorise pas l’union des cœurs et des esprits. Car, c’est une situation qui encourage l’émergence quasi oppositionnelle de deux voir plusieurs camps. Sachant que le peuple dans son écrasante majorité, comme disait Senghor, est très émotif voire fanatique, les animateurs de télé cherchent à avoir le maximum d’audiences et donc d’appels téléphoniques mais surtout de sponsors pour gagner beaucoup d’argent. Avec les miettes qu’ils donnent à certains auditeurs, ils brandissent l’appât pour multiplier les appels. Ils activent ainsi les différents camps qui cherchent à démontrer qu’ils ont été plus nombreux à suivre par conséquent, ils sont plus forts.
Pendant ce temps, les prédicateurs invités, eux aussi, sachant qu’à l’autre bout, il y’a les fanatiques qui écoutent et qui sont prêts à dégainer une forte somme d’argent, des terrains, des véhicules, du tissu, des billets d’avion, se perdent souvent dans leurs envolées et visent les miracles dont beaucoup ne sont pas vérifiés pour faire tomber leurs auditeurs en transe afin de mieux les alpaguer. Le ramadan est devenu depuis longtemps la traite des prédicateurs.
Profitant de tout cela, les télés se lacent sur les sponsors qui cherchent la tribune qui peut rendre plus visible leurs produits. Même si ces produits sont nocifs pour la santé publique, les télés ferment les yeux et comptent les billets de banque sur fond de publicité mensongère et parfois dangereuse qui continuent à égarer le peuple notamment par rapport aux besoins en une nourriture de qualité. Ils doivent certes cherche des sponsors pour vivre mais pas sur la base de la dégradation de la santé de la population.
Tout le monde sait que la société Sénégalaise est gravement malade. Et les télés sont là pour renforcer et perpétuer ce profond mal. D’ailleurs, ils s’appuient non pas sur la qualité des hommes et femmes encore moins sur leur expertise mais sur la célébrité et la beauté pour attirer les regards. Ni les valeurs encore moins les idées ne les intéressent.
L’illustre regretté Al Maktum (RTA) disait qu’il faut soumettre le pays à un bain purificateur. Le psychologue Serigne Mor ne dit pas le contraire. Ndiaga Diop l’un des prédicateurs les plus pertinents a parlé de pauvreté intellectuelle, morale et spirituelle dont souffre la société sénégalaise. Il faut ajouter à tout cela la profonde crise des valeurs et civique, l’indiscipline, la déformation, la désagrégation de l’autorité, les mensonges qui ne dérangent plus personnes tellement ils sont devenus ordinaires. On publie facilement l’information selon laquelle telle ou telle personne est morte.
Tout cela devait être des programmes pertinents pour les télés qui devaient jouer le rôle qui devait être le leur pour l’émergence d’une conscience citoyenne et culturelle incontournable sur le chemin du développement. Ils devaient activer la réflexion critique sur les rôles et responsabilités de chacun d’entre nous sur cette crise multidimensionnelle, multiforme et multisectorielle qui s’enfonce et nous enfonce dans la pauvreté et le sous-développement.
Falilou Cissé conseiller en développement communautaire
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