Sans nous dédouaner car nous sommes tous responsables, monsieur le Président, vous êtes le principal responsable de ce qui se passe dans ce pays ! Wayee nak bu takké keene du mucc !
L’on ne cesse de le dire, un peuple affamé, apeuré, stressé, subissant les affres du chômage, parfois pas éduqué et maintenant malade est un peuple imprévisible. En condamnant de toute mon énergie, ces actes compréhensibles certes mais injustifiables, la jeunesse de votre pays vous met face à vos responsabilités.
Qu’attendez-vous donc d’une jeunesse qui vit dans la promiscuité des chambres ? Qu’attendez-vous donc d’une jeunesse qui achète à manger toutes les nuits ou qui passe chez un ami, un parent, pour manger ? D’une jeunesse qui passe son temps devant le thé pour oublier ses maux?
D’une jeunesse dont les éducateurs ont quasi démissionné ou submergé par leur recherche de quoi nourrir la famille ? D’une jeunesse qui ne bénéficie plus de l’éducation civique à l’école ?
D’une jeunesse qui passe son temps devant la télévision entre débats stériles et mensonges de certains Hommes dit publics ? D’une jeunesse qui fait face à des gouvernants qui ne connaissent pas la notion de priorité et qui peuvent mettre des milliards sur un projet tel que le TER au lieu de réfectionner le rail et offrir de l’emploi ? La liste est longue.
Il n’en demeure pas moins Monsieur le Président de la République, que détruire nos biens, violer la République, et s’exposer à cette pandémie n’est pas la meilleure chose à faire pour trouver une solution. Mais, arrêtez-vous et soyez sincère dans votre introspection ainsi que vos collaborateurs.
Le Sénégal a échoué.
Cependant, l’échec n’est pas synonyme de défaite à condition qu’on en tire des leçons.
Monsieur, faites votre casting, et entourez-vous ne serait-ce que le temps de cette crise de
jeunes qui connaissent la réalité socioculturelle de ce pays, de jeunes qui n’attendent rien de vous et qui peuvent vous parler du jeune transporteur, du Charretier, de l’étudiant, de
l’enseignant, du personnel de santé, du chômeur, de l’élève, etc. Vous devez construire ce pont entre les générations et veiller à ce que les valeurs soient préservées, que tout un chacun puisse jouer sa partition.
Monsieur le Président, nous avons, nous peuple, ce sentiment qu’on nous ment, qu’on nous vole, qu’on nous prend pour des débiles et que nos intérêts ne comptent absolument pas. Et face à cela, en condamnant ces actes, notez qu’il est difficile de ne pas se relâcher, de ne pas laisser sa colère exploser. Certains auront la chance de faire du sport, d’autres fumeront, d’autres vont boire pour oublier, d’autres verront un psychologue ou un psychiatre, d’autres prieront mais ceux qui ne connaissent que la rue comme alternative iront dans la rue…
A bon entendeur son Excellence.
Citoyennemment votre
Yaye Fatou Sarr