XALIMANEWS- Martyr de la pandémie de Covid-19 à Wuhan – il est mort de la maladie à 34 ans, non sans avoir tenté d’alerter les autorités de l’épidémie -, Li Wenliang ne connaitra jamais l’enfant qui vient de naître vendredi.
«Mon mari, peux-tu nous voir du paradis ? Le dernier cadeau que tu m’as donné est né vendredi – je travaillerai dur pour les aimer et les protéger». Ses mots poignants ont été écrits par Fu Xuejie, la veuve du docteur Li Wenliang. Elle a accouché ce matin, à Wuhan, de son deuxième enfant. Il sera orphelin de père et la nouvelle a ému de nombreux internautes chinois sur les réseaux sociaux, ravivant la flamme de l’indignation quant au sort réservé à Li Wenliang. Cet ophtalmologue de 34 ans avait été l’un des premiers à lancer l’alerte dès le 30 de décembre dernier sur l’épidémie alors mystérieuse qui avait débuté en Chine. Constatant de nombreux cas de troubles respiratoires, il avait prévenu ses collègues médecins et les autorités de son pays, par un message sur un groupe fermé de WeChat, message intitulé «sept cas d’un genre de Sras en provenance du marché aux poissons et fruits de mer de Huanan». En vain. Pire, il avait même été convoqué par la police, qui l’avait contraint à signer une lettre de réprimande pour «diffusion de rumeurs sur internet».
Un symbole
Le 1er février dernier, alors qu’il était resté sur le front de la maladie à Wuhan, il avait été diagnostiqué positif. Il est mort cinq jours plus tard. De nombreux Chinois lui avaient rendu alors hommage sur le réseau social Weibo, dénonçant la censure dont il avait été victime – des messages qui ont en grande partie été effacés par les autorités. Rapidement le lanceur d’alerte va devenir l’un des martyrs du coronavirus forçant ces dernières à faire machine arrière. En mars dernier, la commission de contrôle de la discipline a estimé qu’il était « inapproprié » que la police de Wuhan ait convoqué et réprimandé le médecin chinois. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux et sur les murs des grandes villes – en Chine et au-delà, le visage masqué de Li Wenliang est devenu le symbole d’une humanité bâillonnée par les autorités mais aussi prête à donner sa vie pour le bien commun.
Avec Paris Match