Les échauffourées de samedi dernier, à hauteur de Tally Boubess, à la fin du match de navétane ayant opposé Diaksao 2 et Nio dégo, ont emporté le jeune Louis Gomis, 19 ans, qui est finalement décédé hier vers 7 heures du matin, des suites de ses blessures. Alors qu’une autopsie n’est pas encore faite, sa famille pointe un doigt accusateur vers la Police, qui dit ne pas disposer d’assez d’éléments pour se prononcer sur le dossier. Tout de même, elle estime qu’il est bizarre de parler de lacrymogène, alors que les deux équipes se lançaient des pierres.
Une bavure policière serait-elle à l’origine de la mort de Louis Gomis, un charretier de 19 ans, blessé à la tête lors d’échauffourées et qui a finalement succombé à ses blessures, hier vers 7 heures du matin ? Alors qu’une autopsie n’est pas encore faite, la famille accuse la police qui aurait usé de grenades lacrymogènes pour disperser la foule. A la maison mortuaire à Guinaw Rail, c’était la consternation totale dans l’après-midi d’hier. Assis sur un banc en ciment à l’entrée, des jeunes hommes gardent le silence. La même atmosphère de deuil règne à l’intérieur du domicile des Gomis, qui encaissent stoïquement le coup ne laissant rien apparaître de leur peine ; mais la douleur se lit sur leurs visages endeuillés. Des femmes sont couchées sur des nattes. On nous introduit dans l’intimité d’une chambre à coucher. Les occupantes quittent les lieux.
En l’absence de leur frère, les trois oncles paternels du défunt expliquent la version qu’ils ont reçue des faits. Leur neveu, charretier, qui n’est pas amateur de football, vaquait à ses occupations et est tombé sur les échauffourées à la suite du match ayant opposé Diaksao 2 à l’équipe Nio dégo, à hauteur de Tally Boubess, non loin du stade Alassane Djigo. Les éléments du Groupement Mobile d’Intervention (Gmi), racontent les oncles, sont intervenus et ont lancé des grenades lacrymogènes. « Une grenade est tombée sur sa tête et a blessé Louis. Il a été secouru par les sapeurs-pompiers qui l’ont transféré à l’hôpital de Pikine, puis l’ont conduit à l’hôpital Principal. Il était presque 1 heure du matin. Nous sommes partis aux urgences, le médecin a dit que nous ne pouvons pas le voir », narrent les oncles.
Une autopsie pour déterminer les circonstances de la mort du jeune Louis
La famille est retournée à l’hôpital Principal le lendemain vers 19 heures pour s’entendre dire que le jeune homme est toujours au bloc opératoire. Ils ont attendu. Au bout d’une vingtaine de minutes, un médecin est sorti, mais à refusé de se prononcer sur l’état de santé de Louis. Le lundi, ils y retournent et on leur dit qu’il est transféré aux « opérés récents ». Mardi, vers 7 heures, ils sont informés de sa mort. La famille Gomis, qui désigne du doigt la Police, va faire dès aujourd’hui une demande d’autopsie pour être édifiée sur la cause de la mort. S’il s’avère que c’est une grenade lacrymogène qui a emporté leur neveu, les Gomis vont poursuivre la Police.
Très remontés contre les forces de l’ordre, les oncles avertissent les autorités policières qu’ils ne vont pas lâcher prise. Le visage défiguré par la douleur, sa mère Marie Gomis décrit son enfant comme un garçon calme, poli, qui ne se mêle jamais de ce qui ne le regarde pas. Quant à la suite judiciaire accordée à cette perte tragique, elle la laisse entièrement à l’appréciation des hommes. Louis était son second fils. Elle en avait trois.
Jointe au téléphone, une source officielle du bureau des relations publiques de la Police préfère se montrer circonspecte sur cette affaire. Elle n’a pas été saisie officiellement par la hiérarchie et se garde de faire des déclarations qui engagent la Police. Cependant, notre source s’étonne qu’on parle de lacrymogène pour évoquer la cause de la mort. Il y a eu des jets de pierres et la blessure peut provenir de là. Les éléments du Gmi ne vont pas au front avec des cailloux…
Hadja Diaw GAYE
lasquotidien.info
