Felix Tshisekedi à Kinshasa, le 13 décembre 2019. L’entourage du chef de l’État confirme que les projets de réformes judiciaires n’ont jamais été débattus en Conseil des ministres.
Felix Tshisekedi à Kinshasa, le 13 décembre 2019. L’entourage du chef de l’État confirme que les projets de réformes judiciaires n’ont jamais été débattus en Conseil des ministres.
En République démocratique du Congo (RDC), le Conseil des ministres a tourné court, hier, vendredi 26 juin, à Kinshasa. En cause notamment, toujours ces trois projets de lois portés par deux ténors sur la réforme de la justice. Projets qui, selon le parti présidentiel, l’opposition et certaines chancelleries, pourraient réduire l’indépendance de la justice dans le pays. Le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, s’est irrité d’apprendre que le ministre de la Justice, issu du camp de son prédécesseur, a déjà transmis des observations sans consulter ni lui, ni le gouvernement.
Comme à chaque réunion de Conseil des ministres, c’est Félix Tshisekedi qui a été le premier à prendre la parole. Il a déploré les violences dans les manifestations et aurait aussi fulminé contre le traitement de ces propositions de lois à l’Assemblée en période d’état d’urgence sanitaire. Sa déclaration n’a pas fait l’objet de commentaires, comme de tradition, et le Conseil des ministres suit son cours.
Un peu plus tard, un ministre de la coalition présidentielle fait remarquer au président Tshisekedi que son collègue de la Justice, un proche de Joseph Kabila; a transmis en catimini à l’Assemblée nationale, l’avis favorable du gouvernement; sans son avis ni celui du gouvernement. Célestin Tunda Ya Kasende a bel et bien transmis cette observation par correspondance le 16 juin.
Colère présidentielle
Cette information a provoqué la colère du chef de l’État, qui a exigé ,séance tenante, des explications de la part du ministre, ajoute une source gouvernementale. Depuis son bureau, le président a décidé d’interrompre la communication, laissant ses ministres seuls. les Conseils des ministres se tiennent depuis plusieurs mois par vidéoconférence pour cause de coronavirus.
Avant de se retirer, Félix Tshisekedi a, selon un autre ministre de la coalition pro-Kabila, déploré un « manque de sincérité » des ministres issus de la coalition pro-Kabila. La suite de la réunion a donc été présidée par le Premier ministre, qui, de son côté, a clôturé les débats sans finir tous les points à l’ordre du jour. Officiellement, la présidence ne confirme pas l’esclandre et le l’infirme pas non plus.
Dans un communiqué, elle a indiqué que si Felix Tshisekedi s’est retiré de la réunion, c’était pour participer à un échange virtuel avec ses homologues du bureau de l’Union africaine. Quant aux réformes judiciaires portées par le camp Kabila, l’entourage du chef de l’État confirme qu’elles n’avaient jamais été débattues en Conseil des ministres. Un ministre, membre du FCC, a plutôt assuré que ladite observation du ministre de la Justice avait déjà été adoptée par une « commission des lois du gouvernement ».
« Révoqué » ?
Cet incident a provoqué un tollé dans la sphère politique congolaise. Pour l’opposant Claudel Lubaya, le ministre de la Justice a commis une « faute grave ». La confiance étant rompue, insiste-t-il, le ministre devra « soit démissionner soit être révoqué ».
L’Association congolaise pour l’accès à la Justice (ACAJ) a appelé le
procureur général près la Cour de cassation, à ouvrir une « enquête pénale urgente » sur les circonstances troublantes dans lesquelles le vice-premier ministre en charge de la Justice, Célestin Tunda, a envoyé à l’Assemblée nationale les avis du gouvernement, sur les trois textes qui déchirent la classe politique et la société civile.
Rfi