Après avoir capitulé face à la Covid-19, le Sénégal risque de sortir de cette crise avec un système de santé encore plus malade que jamais.
Voilà maintenant plus d’un mois, depuis que le Sénégal a ‘’jeté’’ les armes dans le combat épique qu’il avait entrepris contre la Covid-19. Aujourd’hui, la gestion de l’épidémie semble se limiter à la situation du jour, où l’on se suffit à une théâtralisation du nombre de morts, de cas graves, de nouveaux testés positifs, de guéris, entre autres données sans grande valeur informationnelle, ni scientifique. Poussant certains à déplorer une capitulation qui ne dit pas son nom.
Docteur Ousmane Guèye, membre du Comité national de gestion de l’épidémie (CNGE) rétorque : ‘’Non, le combat continue toujours. Nous continuons la sensibilisation en renforçant et en réadaptant la stratégie en fonction de la réalité au niveau communautaire. Nous parlons sans cesse aux populations, en les mettant au-devant de la scène. Aujourd’hui, il revient à chaque citoyen, au niveau où il se trouve, de prendre la question à bras le corps…’’
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce message a du mal à passer auprès des destinataires, brouillés par les mille et un signaux provenant du même gouvernement. Loin de ces cafouillages politiques, le Dr Guèye essaie de maintenir le cap : ‘’Que la communauté nous entende ou pas, notre rôle est de continuer à leur parler, à les sensibiliser et à leur transmettre le bon message. Il faut que chaque Sénégalais soit un vecteur de transmission du bon message, que chacun soit un exemple de port du masque, de distanciation physique et de lavage des mains. Il faut vraiment une réappropriation de ces messages. Il n’y a pas d’autres moyens d’enrayer cette progression de la maladie.’’
Pendant ce temps, des milliards et des milliards de francs CFA continuent d’être dépensés à tort et à travers, sans que l’on sache quelle est leur véritable destination. Avec les multiples manquements signalés çà et là, ils sont nombreux, les observateurs, à se demander comment le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) gère les deniers qui lui ont été confiés dans le cadre de cette crise. Certains craignent que cette manne soit jetée dans un trou sans fond, alors même que le système de santé croule sous le poids de la misère. Récemment, la députée Aida Mbodj avait d’ailleurs introduit une question orale sur la table de l’Assemblée nationale, dans l’optique d’éclairer la lanterne des Sénégalais.
Alors, où va l’argent de la Covid ? Cette question est d’autant plus légitime qu’en ces temps de crise sanitaire, les procédures de passation de marchés ont été suspendues. Aussi, à la lumière de la loi de finances rectificative adoptée récemment en Conseil des ministres, l’on a appris que le budget de la Santé dans le fonds Force-Covid-19, initialement fixé à 64 milliards F CFA environ, a bondi jusqu’à plus de 78 milliards. Ce montant a été dégagé pour, d’une part, la prise en charge des patients, d’autre part, la prévention. Pour quel résultat ? L’argent a-t-il été dépensé à bon escient ?
Interpellé sur cette dernière question, le secrétaire général du Sames, Dr Yeri Camara, déclare : ‘’Je ne saurais dire si cet argent est bien dépensé ou pas, mais, ce que je puis vous assurer, c’est que les structures de santé ne l’ont pas vu. Ces dernières sont dans une situation très difficile, faute de ressources. Les agents qui sont au front aussi ne le sentent pas. Au niveau de certains postes frontaliers, par exemple, des agents de la Croix-Rouge ont été contraints au départ, parce qu’on ne leur assurait même pas le repas.’’
Personnels entre précarité et absence de motivation
Ainsi, malgré les milliards annoncés urbi et orbi, certains personnels de santé sont confrontés à toutes sortes de difficultés, mais continuent de se battre jour et nuit pour la prise en charge des patients et l’endiguement de la maladie. C’est le cas des doctorants (étudiants en 7e et 8e année de médecine en attente de soutenance de leur thèse) qui a soulevé l’ire de bien des praticiens cette semaine. En fait, à la création de nouveaux centres de traitement, il fallait bien des personnels pour la prise en charge des patients. Très vite, ces doctorants ont répondu à l’appel des autorités sanitaires. A l’époque, il n’y avait même pas encore de budget.
Ce pensionnaire au CTE de Yoff précise : ‘’A part Le Dantec et Fann, dans la plupart des CTE, il y a plus de doctorants. Et nous faisons le même travail que les diplômés, car tout ce qui nous manque, c’est la soutenance. Dans la vie, il faut être reconnaissant. Quand il n’y avait pas de budget ni rien, nous nous sommes engagés par patriotisme. Que ça soit clair : nous ne demandons pas le même traitement, car l’Administration, c’est des textes. Mais il y a un minimum de respect que nous exigeons.’’
Le chef du Service urologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, lui, a été encore plus courroucé par la réaction du directeur des Ressources humaines du MSAS. Recevant ces jeunes étudiants employés dans les centres de traitement épidémiologique (CTE), le DRH leur aurait signifié ceci : ‘’Le ministère n’a pas à vous payer des primes de garde, car il n’était même pas au courant de votre présence dans les centres de traitement et il n’y a aucun lien entre vous et le ministère… », rapporte le professeur Alain Khassim Ndoye. Avant de s’indigner : ‘’Qu’un DRH puisse s’adresser en des termes aussi cavaliers à des personnes qui ont fait entre 7 et 8 ans d’études, c’est inacceptable. Si on ne s’indigne pas, dans quelque temps, ça va monter de façon graduelle et peut-être ce sont les docteurs qu’on va insulter. Le fait qu’ils n’aient pas encore soutenu leur thèse ne doit pas empêcher qu’on leur donne le respect dû. Il faut savoir que le diplôme n’est qu’une finalité diplomatique. Ces gens sont déjà censés disposer de toutes les compétences et c’est pourquoi ils servent dans les CTE. Par patriotisme, ils ont répondu à l’appel. On ne peut pas leur manquer de respect de la sorte.’’
A en croire le Pr. Ndoye, si ces jeunes ont pu accéder et servir dans les centres, c’est parce que le ministère ou ses représentants les ont appelés. L’Etat, renchérit-il, a tout intérêt à les motiver, surtout avec les ressources humaines limitées dont dispose le pays dans le domaine de la santé. Il peste : ‘’Si l’on n’y prend garde, ces jeunes iront ailleurs pour monnayer leur talent. Il y a une forte demande dans le privé, ici au Sénégal comme à l’étranger.’’ Le docteur Yeri Camara embouche la même trompette. Selon lui, l’Etat doit revoir la condition de ces doctorants. ‘’Ce sont des gens qui ont très tôt répondu à l’appel, à un moment où on avait besoin d’eux. A l’époque, il n’y avait même pas de budget disponible. Aujourd’hui qu’il y a des contrats à signer, on doit aussi penser à eux. On ne peut se lever comme ça et leur dire qu’on ne les reconnait pas. Je pense qu’il faut trouver une solution à leur problème. Purement et simplement’’.
Gaspillage, déficit d’infrastructures et d’équipements
Par ailleurs, avec la pandémie de Covid-19, tous les observateurs se sont accordés de la nécessité, dans des pays comme le Sénégal, d’investir davantage dans le domaine de la santé. Mais, encore une fois, les pouvoirs publics semblent avoir raté le coche. Depuis le début de la crise, les spécialistes ont signalé le nombre étriqué de lits de réanimation à travers le territoire national. Certes, des efforts ont été faits, si l’on en croit la rhétorique des communicants du MSAS. Mais aujourd’hui encore, le problème reste entier, alors que les cas graves ne cessent d’augmenter. Au total, le gouvernement parle de 50 lits chauds disponibles.
Pour le SG du Sames, en sus d’une mauvaise répartition du stock dans l’espace, il faudrait aussi tenir compte de la présence d’autres pathologies qui utilisent ces appareils. Au-delà de cette question, se pose la question des investissements effectués par le MSAS. Sur cette question, le professeur Alain Khassim Ndoye tient d’emblée à préciser qu’il n’est pas possible de régler tous les problèmes du système en un claquement de doigts. Mais, reconnait-il, ‘’il y a, de manière globale, beaucoup de gaspillage dans la qualité de l’investissement ainsi que la maintenance des équipements… Moi, je préfère dépenser beaucoup d’argent et d’avoir des infrastructures durables, que de dépenser peu pour des infrastructures dont la qualité est précaire. Mais, au-delà d’un problème d’investissement, c’est aussi un problème global qui incombe à tous les acteurs. Chacun doit jouer sa partition pour des équipements de qualité qui durent’’.
En tout cas, l’hôpital est malade, s’accordent à dire nombre d’observateurs et de spécialistes. Le cas d’Aristide Le Dantec, une des références au Sénégal, en est une parfaite illustration. Une situation écœurante pour le chef du Service urologie de ladite structure. Il peste : ‘’Je suis choqué de voir la situation que traverse cette structure qui a toujours fait la fierté du Sénégal, qui a rayonné au-delà même de nos frontières. Des efforts sont en train d’être faits par le nouveau directeur, mais il ne peut tout faire. L’Etat doit l’accompagner, à mon avis.’’ L’état du service qu’il dirige est d’ailleurs bien symptomatique de cette déliquescence. ‘’Si on nous permettait de finir le bloc opératoire, s’il tourne à plein régime, il pourrait faire 15 malades par jour. Aujourd’hui, ce bloc fait 6 malades par semaine, parce qu’on a très peu de moyens. Le Dantec est un peu laissé à lui-même et c’est vraiment désolant pour ce que représente ce patrimoine.’’
Pendant que Le Dantec s’apitoie sur son sort, d’autres structures de soins demandent plus d’équipements de protection pour remplir correctement leur mission. ‘’Dans les régions, peut-être il y a moins de problèmes. Mais à Dakar, Touba et Thiès où la maladie est très présente, il y a toujours de sérieux problèmes’’.
MOR Amar Enquête Plus
Donald Trump qualifiait le covid 19 comme étant la plus grande arnaque du siècle. Poutine vient de déclarer que la Russie ne participera et ne soutiendra aucun programme de vaccination contre le covid 19 organisé par l’OMS.
Quant à nous, continuons d’être abreuvés de « Macky Sall demande l’accessibilité du vaccin pour tous », « Macky Sall fait une forte demande de gratuité du vaccin », et d’autres joyeusetés du genre.
Le gouvernement et les médecins sénégalais se sont trompés dès le départ quand ils ont considéré le corona plus dangereux que le paludisme. Ce qui n’est pas vrai. Ils ont trop suivi les toubabs comme d’hab.
En vérité, Dieu a bien fait les choses. Le paludisme aux pays tropicaux, et le corona aux pays froids.