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Un leadership charismatique pour une Afrique nouvelle (Par Cissé Kane Ndao)

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La légitimité se soutient d’une reconnaissance et d’une croyance collectives. Elle est dévolue par le peuple. Pas de leadership sans crédibilité. On est leader car l’exemplarité fonde notre leadership, comme la compétence notre droit à la parole.
La crédibilité est avant tout une question d’image, celle du sujet parlant. Il n’y a pas d’acte de langage qui ne passe par la construction d’une image de soi, que le sujet en question cherche à la construire ou qu’il s’en trouve affublé sans qu’il en ait véritablement conscience. Dès l’instant que l’on parle, apparaît, transparaît, émerge de soi une partie de ce que l’on est à travers ce que l’on dit. Cela peut être calculé, mais la plupart du temps cela se fait à notre insu, voire, parfois, malgré nous.
Il ne s’agit pas ici du positionnement idéologique du sujet, du contenu de sa pensée, de ses opinions, mais de ce qui ressort de son comportement, de ses façons de parler, de raisonner, du rapport qu’il entretient avec les autres et avec lui-même et qu’il offre à la perception des autres.
Dans le domaine politique, l’acteur politique qui aspire à l’incarnation d’un leadership transformationnel doit naviguer entre deux types de discours : discours à forte teneur symbolique et discours de fermeté pragmatique. Il faut que le discours du leader soit porteur de valeurs pour que le peuple puisse se voir dans le miroir d’une idéalité de « bien vivre ensemble », mais il faut aussi que ce discours manifeste une force hors de l’ordinaire de celui qui l’exprime afin de donner l’impression que lui seul est en mesure d’atteindre cette idéalité.
Son charisme doit correspondre à un besoin d’identification de la part d’une opinion ou d’une communauté qui est en mal d’identité, ou souffre de déchéance sociale. Thomas Sankara en est un des archétypes. Nelson Mandela en est un modèle achevé.
L’homme politique, le leader charismatique que presque chaque peuple d’Afrique attend aujourd’hui encore doit-il revêtir les traits de ces « hommes providentiels » annonceurs d’avenir radieux, de promesses de libération du joug imposé par les élites, de rétablissement des valeurs traditionnelles, d’un retour à un Âge d’or, pour les uns (conservation), promesse d’une utopie et de « lendemains qui chantent », pour les autres (révolution) ? Ou devrait-il davantage incarner un leadership césariste en cultivant un lien avec le peuple plus sentimental qu’idéologique ?
Entre le leader et les masses, il doit y avoir fusion, ce qui lui donne une légitimité plébiscitaire. C’est tout le contraire que nous constatons, à l’heure actuelle.
Notre génération trahie par nos aînés qui ont oublié leurs engagements dès leur accession au pouvoir et ne s’interdisent désormais aucun abus en foulant aux pieds les lois fondamentales qui ont consacré leur accession à la magistrature suprême sous nos cieux, notre génération, disais-je, a la lourde responsabilité de favoriser et d’accompagner l’affirmation d’un nouveau leadership.
L’Afrique que nous voulons pour les générations futures et pour nous a besoin de leaders charismatiques qui collent à l’imaginaire du peuple. Des leaders dotés de la « légitimité rationnelle » dont parle Max Weber, fondée sur la compétence et/ou la performance de la personne.
Il nous faudra, dès que nous aurons fini de travailler à l’identification des meilleurs d’entre nous pour conduire la mission, rassembler les militants, convaincre les sympathisants qui seraient prêt à s’engager et les apolitiques, les indécis, les fluctuants dans leurs opinions autour d’un leadership de consensus fort, et légitime.
La carte du monde qui se redessine doit marquer d’une encre indélébile les contours d’une nouvelle Afrique consciente de son potentiel, portée vers les sommets par des leaders patriotes, et courageusement déterminés à arracher son indépendance par la force des bras de ses fils.
Que chacun s’attache à relever ce challenge chez soi, l’unité culturelle de l’Afrique sera ensuite le levain de son unité politique, qui passera, pour sa concrétisation définitive, par son indépendance économique.
Cissé Kane NDAO

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