(Pittsburgh) Joe Biden a dénoncé lundi les débordements violents en marge des manifestations contre le racisme tout en accusant son rival Donald Trump d’attiser « les braises » de l’agitation, lors d’un déplacement dans le vieux bastion ouvrier de Pittsburgh, une visite qui marque la franche reprise de sa campagne de terrain.
À neuf semaines de l’élection présidentielle du 3 novembre, c’est à qui parviendra à rejeter la responsabilité de l’embrasement sur l’autre.
Aux États-Unis, les images spectaculaires du mouvement historique de colère contre le racisme, qui dégénère parfois en émeutes, tournent en boucle. Tout comme celles d’un adolescent armé, partisan du président, accusé d’avoir tué deux personnes la semaine dernière dans le Wisconsin, ou celles d’un convoi de militants pro-Trump défilant samedi dans le bastion progressiste de Portland, où l’un d’entre eux a été tué par balle.
Un cocktail explosif dans un pays profondément divisé politiquement, où le droit de porter des armes est inscrit dans la Constitution.
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PHOTO KAMIL KRZACZYNSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Des voitures incendiées à Kenosha, au Wisconsin.
Donald Trump « pense peut-être que déblatérer les mots “loi” et “ordre” le rend fort, mais son échec à appeler ses propres partisans à arrêter d’agir comme une milice armée dans ce pays montre à quel point il est faible », a déclaré Joe Biden à Pittsburgh, dans l’État-clé de la Pennsylvanie.
Le président républicain « attise les braises », a poursuivi l’ancien vice-président de Barack Obama, l’accusant d’être une « présence toxique » à la Maison-Blanche et d’avoir « empoisonné les valeurs » de l’Amérique.
« Il ne peut pas arrêter la violence car pendant des années il l’a fomentée », a-t-il asséné.
Appelant à faire régner « la loi et l’ordre », Donald Trump accuse au contraire depuis des semaines son adversaire, ainsi que les maires et gouverneurs démocrates, de laxisme face à la violence.
Joe Biden a donc pris soin de condamner, une nouvelle fois, les débordements.
« Piller, ce n’est pas manifester. Mettre le feu, ce n’est pas manifester. Rien de tout cela n’a à voir avec les manifestations. C’est de l’anarchie, un point c’est tout ».
Le président républicain sortant « n’est pas parvenu à protéger l’Amérique », prise à la confluence de crises historiques, avec plus de 180 000 morts dans la pandémie de COVID-19, qui a mis à genoux la première économie mondiale, et cette profonde vague de protestation contre le racisme.
« Alors maintenant, il tente d’effrayer l’Amérique », a dit Joe Biden, qui devance Donald Trump dans les sondages.
« Sérieusement ! »
Vétéran de la politique âgé de 77 ans, le candidat modéré a également répondu au président qui le décrit comme une « marionnette » aux mains de l’extrême gauche.
« Vous connaissez mon histoire, l’histoire de ma famille. Alors demandez-vous : est-ce que j’ai l’air d’un socialiste radical avec un penchant pour les pilleurs ? Sérieusement ! », s’est-il indigné.
Ce qui n’a pas empêché Donald Trump, 74 ans, de réagir, dans un tweet, en affirmant que son rival s’en était « bien plus » pris à la police qu’aux « émeutiers, anarchistes, agitateurs et pilleurs, qu’il ne pourrait jamais accuser sous peine de perdre le soutien de la gauche radicale ».
Le républicain pourrait encore répondre à son adversaire lors d’une conférence de presse prévue en fin de journée lundi.
Donald Trump compte lui se rendre mardi à Kenosha, où un Afro-Américain, Jacob Blake, a été grièvement blessé le 23 août par des tirs d’un policier, déclenchant la nouvelle vague de protestation contre le racisme. Deux manifestants anti-racisme ont été tués par un militant pro-Trump lors d’affrontements dans cette ville du Wisconsin.
Mais il n’est pas prévu que le président rencontre la famille de Jacob Blake, a précisé lundi la Maison-Blanche.
Et il se rendra à son tour jeudi en Pennsylvanie, qui avait rompu avec des années de vote démocrate en votant pour le milliardaire républicain en 2016.
Après le brusque arrêt en mars de sa campagne de terrain à cause de la pandémie de COVID-19, Joe Biden passe, avec ce premier voyage en avion, à la vitesse supérieure, en reprenant les visites dans les États pivots qui font les élections américaines en basculant d’un parti à l’autre.
Il n’a toutefois pas accepté de question lors de son discours à Pittsburgh, prêtant le flanc aux critiques des républicains qui accusent le septuagénaire, connu pour ses gaffes, de se protéger face aux médias.
Donald Trump se moque aussi de Joe Biden pour être resté confiné chez lui à Wilmington, dans le Delaware, pendant plus de deux mois avant de reprendre des déplacements limités, fin mai.
La Presse