« L’immigration est vitale pour l’avenir du Canada », a affirmé vendredi Marco Mendicino, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, en annonçant le plan triennal du gouvernement libéral en matière d’immigration.
Pour combler le déficit enregistré à cet égard cette année, Ottawa a haussé ses cibles pour admettre un total de 1,2 million d’immigrants d’ici 2023.
Ce sont des mesures robustes, a décrit Marco Mendicino en conférence de presse à Ottawa, ajoutant que le fédéral mettra investissements et ressources pour y parvenir.
La pandémie de coronavirus a illustré à quel point le pays a besoin d’immigrants, dit-il. Actuellement, dans le seul secteur de la santé, a-t-il rappelé, le quart des travailleurs sont issus de l’immigration.
Les cibles fédérales pour l’accueil de résidents permanents :
401 000 en 2021
411 000 en 2022
421 000 en 2023
À titre de comparaison, l’objectif du Canada pour l’année en cours était d’accueillir environ 341 000 nouveaux résidents permanents, en conformité avec les niveaux d’immigration des dernières années.
Le Canada a besoin de travailleurs qualifiés et, à ce chapitre, le gouvernement Trudeau s’engage d’ici 2022 à admettre jusqu’à 500 réfugiés qualifiés dans le cadre du Projet sur la voie d’accès à la mobilité économique.
Le ministre Mendicino a aussi vanté le programme très spécial, exceptionnel qui a permis de régulariser la situation des « anges gardiens », ces demandeurs d’asile ayant offert des soins au plus fort de la pandémie. Mais, questionné à ce sujet vendredi, il n’a pas semblé enclin à régulariser le statut d’un plus grand nombre de ces demandeurs d’asile.
Des francophones en renfort
Dans le cadre d’un autre programme, Entrée express, Ottawa accordera des points additionnels aux dossiers descandidats francophones afin de favoriser la croissance des communautés francophones des provinces (autres que le Québec).
« L’immigration reste le facteur prépondérant du maintien du poids démographique des communautés francophones en situation minoritaire », avait rappelé, fin septembre, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge. Or la pandémie a tellement ralenti cet apport que le commissaire appréhende les impacts à long terme que cela pourrait avoir sur ces communautés.
Au Québec, la ministre de l’Immigration Nadine Girault avait annoncé jeudi que les cibles d’immigration avaient été revues à la baisse pour l’année en cours. Mais, à l’instar du fédéral, le gouvernement de François Legault tentera de combler le manque à gagner dans les années à venir.
Diminution de plus de 40 %
Au Canada, dans les huit premiers mois de 2020, l’immigration a diminué de plus de 40 % par rapport à l’année dernière.
Le système redémarre, toutefois. Plus tôt ce mois-ci, la réouverture du programme de parrainage des parents et grands-parents, exceptionnellement populaire, s’est accompagnée d’une promesse d’abaisser le seuil de revenu requis pour les parrains potentiels. Ottawa reconnaît que les revenus des gens peuvent avoir été affectés par la pandémie.
Le ministère de l’Immigration a également lancé un appel d’offres pour être moins dépendants des dossiers papier et des entretiens en personne avec les candidats.
Des projets pilotes sont également en cours dans les aéroports sur la faisabilité de tester, pour la COVID-19, les voyageurs entrants et d’ajuster les exigences potentielles de quarantaine. Bien que les tests, pour l’instant, ne soient effectués que sur les personnes déjà autorisées à entrer au Canada, les résultats des projets pilotes pourraient permettre à un plus grand nombre de personnes d’entrer au pays.
Dans le récent discours du Trône, les libéraux avaient insisté sur l’importance de revenir à une immigration robuste.
Dans le cadre de son plan de relance économique à court terme et de son plan de croissance à long terme, le gouvernement mettra à profit les retombées de l’immigration pour maintenir la compétitivité du Canada sur la scène mondiale, indiquait le discours.
L’opposition exprime des doutes
Les libéraux doivent présenter des détails sur la manière dont ils ont l’intention d’atteindre leurs objectifs, et non seulement des chiffres, a indiqué la porte-parole conservatrice en matière d’immigration, Raquel Dancho.
Les libéraux n’ont pas réussi à gérer efficacement le système d’immigration pendant la pandémie, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Maintenant, ils annoncent de nouveaux objectifs d’immigration pour 2021, mais sans plan sur la façon dont ils seront atteints.
Radio Canada