La date du 11 avril 2010 restera toujours gravée dans la mémoire de Fatou Bintou Gassama, et pour cause. C’est le jour où Saliou Diouf, son ex-petit ami, et ses camarades l’ont violée à tour de rôle. Ces deniers, condamnés en première instance à la peine maximale, ont fait appel de la décision. Hier, devant le juge, Saliou Diouf et compagnie ont encore nié totalement leur responsabilité. Verdict le 28 mars prochain. Le premier juge n’avait pas fait dans la dentelle, en condamnant Saliou Diouf, Mansour Diongue, Mamadou Mady Diop et Yankhoba Sané à la peine maximale de 10 ans de prison ferme. Ces garçons pratiquent le « Simb » dans leur quartier aux Hlm 3. Leur moyenne d’âge est d’environ 20 ans. La sentence a été d’autant plus lourde qu’ils ont été condamnés pour viol collectif. Leur victime, Fatou Bintou Gassama, avait 21 ans au moment des faits. Alors qu’en première instance elle avait réclamé 10 millions de francs pour la réparation de son préjudice, le juge ne lui avait alloué que deux millions de francs. Ce dossier qui avait fait les choux gras de la presse, a été évoqué de nouveau hier, devant la Cour d’appel de Dakar. C’est en réalité les quatre garçons qui ont interjeté appel, contestant la décision rendue par le premier juge. Devant la Cour d’appel, pour le second round, Saliou Diouf et Cie sont revenus sur les faits pour nier totalement le délit de viol. C’est par la rumeur qu’ils ont appris, soutiennent-ils de concert, qu’une jeune fille a été violée et qu’ils en seraient les auteurs. Tout le monde en parlait dans ce quartier des Hlm 3 et ils ont préféré prendre le taureau par les cornes, en se rendant illico presto au domicile de la fille pour clarifier les choses. Toutefois, durant toute leur audition devant le juge, ils ont toujours soutenu n’avoir jamais connu Fatou Gassama. À cette dernière, il a fallu quasiment lui arracher ce « secret ». Du coup, elle a admis qu’en fait Saliou Diouf était son petit ami, mais qu’ils ont coupé toute relation, il y a bien longtemps. Narrant les faits, elle soutient que le 11 Avril dernier, Mansour Diouf est venu lui demander d’aller répondre à Saliou Diouf, son ex-amant. Mais quand elle les a rejoints, ils l’ont introduite au premier étage d’une maison en construction, avant de se relayer sur elle pendant des dizaines de minutes. Les mains ligotées, la bouche bâillonnée, elle était impuissante face au désir incontrôlé de ses bourreaux. Seulement, le médecin a constaté une blessure hyménale ancienne. Pour dire que la jeune fille avait perdu sa virginité, bien avant les faits. Pour autant, selon son avocat Me Bruce Benoît, « même si elle était de moeurs légères, il y a toujours viol dès l’instant que sa cliente n’a pas donné son consentement ». Pire, l’avocat de révéler que si la victime n’est plus vierge, c’est juste qu’elle a été victime de viol auparavant. Ainsi, il a réitéré sa demande de 10 millions de francs en guise de dédommagement ; qui ne lui avait pas été accordée par le premier juge. Abondant dans le même sens, l’avocat général, représentant du Ministère public, a requis la confirmation du premier jugement. Le pool d’avocats qui assurait la défense des garçons a sollicité du juge qu’il infirme la peine, soutenant que la culpabilité des prévenus n’est pas prouvée. Le juge leur a donné rendez-vous le 28 mars prochain pour trancher. Alassane DRAME
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