Malgré les exploitations minières, la pauvreté est le fort taux du flux migratoire ont exposé les jeunes filles mineures de Kédougou à la prostitution. Et aujourd’hui, le phénomène est allé crescendo.
A Kédougou, les mines excitent les mineures et libèrent les passions les plus torrides. Les jeunes mineures se prostituent de plus en plus, depuis l’installation des exploitations minières à Kédougou, à 720 kilomètres au sud-est du Sénégal. Le goût du gain facile est passé par là. Vincent boompény technicien au centre conseil d’adolescent de la région : « le goût démesuré de l’argent est l’une des raisons de la prolifération de la prostitution clandestine des mineures à Kédougou. Ce n’est pas seulement à Kédougou, c’est fréquent dans les autres contrées du pays aussi. Mais la particularité est que, à Kédougou, depuis l’avènement des compagnies minières qui génèrent de l’emploi, le phénomène devient de plus en plus croissant. » Pour sortir de la promiscuité et de la pauvreté indescriptible, certaines filles optent pour le commerce du sexe pour se tirer d’affaire, quand pour une seule nuit, elles peuvent gagner entre 50.000 à 100.000f voire beaucoup plus. Dans la région de Kédougou, zone fortement marquée par la pauvreté malgré les ressources minières, les constats et études réalisées par les organisations non gouvernementales (ONG) sur place, indiquent des proportions inquiétantes des prostitutions. Des jeunes filles mineures surtout qui ont entre 13 et 16 ans. La pauvreté, l’échec scolaire, l’éducation de base ainsi que le fort taux migratoire sont désignés comme responsables de ce phénomène de sexualité très active chez les mineures de Kédougou. « Les jeunes filles qui se prostituent sont démunies et désespérées quelquefois. Il suffit pour certaines de leur assurer de quoi mettre sous la dent et elles sont à votre merci », renseigne un fonctionnaire affecté à Kédougou depuis des années. La prostitution des jeunes filles mineures (en cachette ou au vu et au su de tout le monde) est devenue si banale que les « victimes » s’offrent pour presque rien à leurs bourreaux à la recherche de sensations fortes et de chair fraîche. Souvent, c’est juste pour pouvoir assurer le petit déjeuner et prévoir les autres repas de la journée qu’elles couchent avec les travailleurs des mines, les enseignants entre autres « clients ». Ces petites « prostituées », victimes de la mode à Kédougou, se donnent aux hommes pour être fashion au même titre que leurs amies nanties ou modestes qui parviennent à suivre les tendances vestimentaires. La forte tendance des mineures de Kédougou à se prostituer est si inquiétante que les ONG la considèrent comme bombe sociale à retardement. Dans cette partie du Sénégal où les familles ont du mal joindre les deux bouts, les parents qui seraient de connivence avec leurs filles, en ont une grande part de responsabilité en les « jetant » presque entre les mains de prédateurs qui n’ont de soucis que de se « payer une mineure ». C’est d’autant plus vrai que le gain ramené par les jeunes filles contribue à la satisfaction des besoins familiaux. Moustapha Sylla, manager de Kédougou encadrement et orientation du développement humain (Keoh), semble même dépassé par la situation qui n’offre guère un environnement favorable à l’éducation et la formation des jeunes. Il dit : « il est bon d’éduquer. » mais, face à la pauvreté notoire de Kédougou, Moustapha s’interroge : « comment ces filles peuvent-elles fermer les yeux devant un pactole d’argent. » mais, Carro Ly jeune élève voit le mal ailleurs. Elle dit : « la pauvreté ne peux pas pousser une personne à se prostituer pour subvenir à ses besoins. Si elles se prostituent c’est parce qu’elles le veulent. Je trouve que c’est de la naïveté, un vilain complexe mais également mais également une déroute de l’éducation de base. » Les miniers et les enseignants semblent irrésistibles pour ces « proies faciles » qui ont besoin de gagner de l’argent par le seul moyen du travail du sexe. Pour d’autres filles, le vice est chopé progressivement, après des relations sexuelles avec un partenaire régulier qui les entretenait financièrement avant de disparaître plus tard. « Si je suis dans la prostitution, c’est de la faute de mon maître. Ce dernier m’a habituée à l’argent. Car à chaque fois qu’il entretenait des relations intimes avec moi, il me remettait de l’argent pour me désintéresser. Maintenant que ce dernier est affecté et que je vie dans une famille démunie, je suis contrainte de poursuivre en me prostituant pour subvenir à mes besoins personnels et aider mes parents », raconte une kédovine, l’air désolé. Cette dernière n’est pas la seule à être dans cette situation favorisée par l’extrême pauvreté dans les familles. Cependant, la prostitution n’est pas seulement fréquente dans les établissements scolaires et se fait sous une forme… croisée. Il s’agit surtout des élèves et de leurs enseignants. Elle se fait sous forme de chantage pour les seconds et de techniques à gagner des points pour les premières citées. Pour le premier cas, certains des enseignants usent de leur autorité sur leurs élèves pour les faire du chantage en échange d’une bonne note ou de bonus dans les évaluations. Toutefois si ces dernières ne sont pas consentantes, ça se répercute sur leurs notes. Certaines adhèrent facilement à ce chantage anti-pédagogique. Histoire d’amasser des points sans pour autant se fatiguer les méninges. « Je reçois souvent des messages et quelques fois même des appels de mes élèves. C’est le plus souvent des filles précoces. Je ne puis expliquer cette attitude de certaines de nos élèves qui passent leur temps à courtiser leur enseignant au lieu de se mettre au travail », se désole un professeur.
Fort taux du flux migratoire
A côté de la pauvreté, Kédougou est aussi une région frontalière au mali et à la guinée. El la porosité des frontières contribue à une forte migration non contrôlée. Carrefour et aussi zone névralgique de par l’exploitation traditionnelle de l’or qui favorise l’activité intense du commerce du sexe, Kédougou accueille des migrants maliens, guinéens, gambiens, ghanéens sierra-léonais, sud-africains, entre autres nationalités qui s’installent avec leurs habitudes et mode de vie. Les week-ends c’est la fête et la débauche. L’argent est dépensé à gogo au profil du plaisir sexuel. Et la prostitution des mineures entre autres vices, a fini de polluer l’atmosphère des boîtes de nuit et quelques lieux publics de la région. L’ampleur grandissante a engendré même le proxénétisme et propagé le Sida. Le docteur Senghor, médecin chef du district sanitaire de Kédougou : « la région est une zone frontalière qui favorise un taux très élevé du flux migratoire avec la porosité de nos frontières. Ce phénomène est l’un des facteurs qui encourage la prostitution clandestine et en même temps augmente la prolifération du VIH-Sida. Les pays d’origine des migrants enregistrent un taux de prévalence beaucoup plus élevé que celui du Sénégal. » La région de Kédougou enregistre un taux de prévalence de 3% et de 7% dans les zones d’orpaillage par rapport à la moyenne nationale qui est de 0,7%. Le travail de l’or est très dur et nécessite beaucoup de sacrifices. Et pour cause, c’est un travail qui nécessite beaucoup d’énergie et de force et après avoir fourni autant d’effort et gagné beaucoup d’argent, la compensation est nul autre que le plaisir sexuel. Et pour satisfaire sa libido, les orpailleurs et autres mettent la main dans la poche. Les filles, de plus en plus assoiffées tombent facilement dans la prostitution dite clandestine. Face au phénomène, Moustapha Sylla manager de Keoh prône le retour de l’éducation familiale. « L’éducation à la vie familiale doit commencer au cours moyen à la place de la morale », martèle-t-il. La tendance qui se dégage est que la pauvreté très accentuée des familles et surtout dans les zones d’orpaillage traditionnelles constitue le principal motif qui pousse les mineures à embrasser le commerce du sexe.
M.S.D
Weekend Magazine via galsentv.com