Nous avons appris de sources sûres que Souleymane Ndéné Ndiaye a reçu confirmation de la confiance du président de la République qui lui aurait expliqué qu’il le garde pour le reste de son mandat. On connaît ce qui advient souvent des promesses du chef de l’Etat. Peu importe, pour les partisans du Premier ministre, le chef de l’Etat a traduit en actes cette confiance renouvelée, en donnant au chef du gouvernement carte blanche pour régler la question spécifique de la campagne de commercialisation de l’arachide qui, aujourd’hui, connaît des manquements graves préjudiciables au monde rural. Conscient des risques que cela constitue pour la prochaine échéance électorale, le Premier ministre a eu, selon nos informations, un tête-à-tête fructueux avec le président Wade. C’est ainsi qu’il a reçu de sa part l’aval de parler franchement et sans concession au patron de la Suneor, Abbas Jaber, l’ami personnel du Chef de l’Etat. Souleymane Ndéné, à en croire nos sources, lui a remonté les bretelles, en lui demandant de consentir les efforts nécessaires, afin de redresser la situation. Nos sources indiquent, en outre, que Souleymane Ndéné Ndiaye a clairement signifié à son interlocuteur que la privatisation de la Sonacos ne devrait pas consacrer une pagaille conduisant à une destruction totale de la filière arachidière. La Gazette révélait dans son édition N° 91 que six agriculteurs sur dix ont vu leur chiffre d’affaires baisser de plus de 150 milliards de frs CFA entre 2005 et 2010. Le Premier ministre, d’après nos sources, a aussi rappelé à Abass Jaber le patron de la Sunéor que « si le Parti démocratique sénégalais et le président Wade doivent affronter les électeurs dans ces conditions, la tâche serait très difficile ».
Ainsi, en sa qualité de directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade, il a cru devoir prendre les devants pour amoindrir les risques d’échec qui se profilent à l’horizon pour son jocker. Le chef de l’Etat est totalement en phase avec lui, si l’on en croit nos informations. Cela prouve, d’après nos sources, que le président de la République, éprouve à l’égard de son Premier ministre un réel motif de satisfaction et un sentiment de confiance renouvelée. Avenir radieux pour Souleymane Ndéné Ndiaye ? Oui, croient savoir les mêmes sources : « il sera en place jusqu’à la prochaine élection ». Ces mêmes sources considèrent que ce serait un risque supplémentaire pour Me Wade de se défaire d’un Premier ministre nommé directeur de campagne un an et demi à l’avance. L’analyse proposée à ce sujet ne manque pas de pertinence. Un nouveau Premier ministre ajouterait à la confusion et à la cacophonie qui caractérisent la vie du Pds pris en tenaille entre des querelles intestines et une candidature menacée par des incertitudes juridiques et l’âge de celui qui l’incarne (86 ans). Les partisans du Premier ministre expliquent que l’hypothèse de son départ « dans le contexte actuel n’a pas de sens, car cela va davantage diviser le parti et le fragiliser à une période cruciale où le rassemblement et l’unité devraient être de mise, afin de se donner de meilleures chances en 2012 ».
Ousmane Ngom annoncé à la Primature
Le candidat à la Primature dont le nom est évoqué, Me Ousmane Ngom, est considéré par certains proches de Souleymane Ndéné Ndiaye comme un anti-modèle qui risque d’éloigner encore davantage de déçus de l’alternance et beaucoup d’autres qui doutent de l’opportunité et du sens de la candidature de Me Wade à 86 ans. Ousmane Ngom est, donc, perçu comme un facteur de division supplémentaire et de fragilisation du parti. Pour sa part, Souleymane Ndéné Ndiaye, expliquent nos sources, reste droit dans ses bottes, en dépit de la tempête médiatique. Il est cependant conscient, d’après ses partisans, que le camp adverse ne désarmera jamais. Au contraire. A cet égard, le Premier ministre et l’ensemble de son camp, expliquent que les sorties scabreuses du ministre Khouraichy Thiam contre le Premier ministre sont téléguidées depuis le Palais de la République, à l’insu du chef de l’Etat. C’est le ministre lui-même qui explique qu’il ne peut pas donner du crédit à quelqu’un qui n’aime pas le fils du chef de l’Etat. L’argumentaire utilisé est jugé puéril et indigne d’un homme d’Etat. La question n’est pas d’aimer ou de ne pas aimer le fils du Président, il s’agit plutôt de savoir et de dire : « est-ce que la personne investie d’une charge publique est à la hauteur de la tâche qui lui est confiée. Il s’agit également, selon le point de vue des proches du Premier ministre, de savoir si Karim Wade qui est ainsi visé dans le propos du ministre, dans le contexte d’une démocratie digne de ce nom et devant les exigences d’un tel système politique, doit obtenir tous les privilèges qu’il désire de son père pour se donner le rôle d’un dauphin désigné pour le remplacer. Les torpilles de Khouraichy Thiam laissent de marbre le Premier ministre. Ce dernier considère que le ministre Thiam est en service commandé. Il est sous l’influence du même camp qui était opposé à sa nomination et qui cherche actuellement à le faire partir de son poste pour y installer un godillot à un moment crucial de fin de mandat lourde, selon eux, de tous les dangers pour le chef de l’Etat.
Au même titre que les proches de la Primature, des responsables du Pds désapprouvant la déstabilisation de Souleymane Ndéné Ndiaye, considèrent que la démarche de tous ces activistes aux trousses du Premier ministre, met en péril l’unité du camp libéral et prépare objectivement la défaite en 2012. Le premier acte de déstabilisation noté ces derniers temps est consécutif à la fuite organisée autour des membres cooptés au directoire de Souleymane Ndéné Ndiaye. Cette fuite a eu pour objectif d’élargir le camp des adversaires du chef du gouvernement. Ce dernier est en partie atteint car des mécontents comme Thierno Lô et d’autres responsables du Pds qui ont été oubliés ruent dans les brancards pour traiter celui qui les a omis de tous les noms d’oiseau, parfois plus que de raison. L’organisation du renvoi du Premier ministre par le chef de l’Etat est orchestré de tout temps par la Génération du concret qui envoie des francs-tireurs dans les média pour exprimer leurs ressentiments depuis que ce dernier a eu l’outrecuidance d’affirmer « qu’il ne se rangerait jamais derrière ce garçon (Karim Wade) ».
Alioune Badara COULIBALY
Lagazette.sn