Cette année, une vague d’émigrés clandestins a quitté les côtes sénégalaises pour s’abattre sur les îles canaries. Avec son lot de désolations et surtout de morts. Depuis 2005, le Sénégal n’avait pas connu autant de départs de jeunes, attirés par les mirages de l’eldorado européen.
Le Directeur général d’appui aux Sénégalais de l’extérieur (Dgase), M. Amadou François Gaye, à l’occasion de la Journée internationale du migrant, célébrée à travers le monde le 18 décembre de chaque année, a abordé les différentes questions qui touchent à la gestion, la promotion, mais aussi la protection des Sénégalais de l’extérieur. Il a en outre salué l’apport des partenaires aussi bien étatiques que non étatiques dans la préoccupation optimale des besoins de nos concitoyens de l’étranger.
Comment la Dgase célèbre cette année la Journée internationale du migrant dans ce contexte marqué par le Covid-19 ?
Je voudrais tout d’abord m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes de l’émigration irrégulière et présenter mes sincères condoléances à leurs familles et au Peuple Sénégalais.
Ensuite, rappeler qu’effectivement l’Organisation des Nations unies a consacré le 18 décembre à la célébration de la Journée internationale des migrants en vue de commémorer l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles. Ainsi, notre pays le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, a pris l’option de faire de cette journée un moment privilégié de dialogue, d’échange et de concertation entre les acteurs institutionnels et non institutionnels, les migrants y compris, autour de la problématique de la migration.
Pour cette édition marquée par le contexte Covid-19, avec les mesures prises par les autorités pour éviter sa propagation, nous avons décidé de la célébrer dans la sobriété la plus totale. En effet, l’agenda prévoyait, avec le concours de partenaires étatiques et non étatiques dont l’Oim et Gmd, une caravane de sensibilisation, une journée scientifique avec des panels de haut niveau sur les questions migratoires, mais aussi et surtout une journée de prières à la mémoire des disparus.
Quelles actions déploie la Dgase pour endiguer l’émigration irrégulière ?
Comme vous le savez, nous avons malheureusement assisté ces derniers mois à une recrudescence de l’émigration irrégulière par voie maritime. Le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a de ce fait pris l’option stratégique de renforcer la gouvernance de la migration au Sénégal, à travers le renforcement des capacités opérationnelles des Bureaux d’appui et d’orientation des Sénégalais de l’extérieur présents dans 7 régions du Sénégal et qui seront étendus à l’ensemble du territoire national, mais également à travers la mise en synergie des actions pour une meilleure prise en charge de la question migratoire. En clair, il s’agira de favoriser une mise en synergie de toutes les actions en faveur de la promotion des jeunes, mais aussi informer et sensibiliser sur toutes les opportunités mises en place par le gouvernement pour développer l’emploi et l’auto-emploi. En effet, l’Etat a mis en place des structures comme la Der, le Faise, le Fongip, l’Adepme, l’Anida, le Prodac, pour ne citer que ceux-là, pour prendre en charge ces questions. Cette réponse du gouvernement pour proposer des opportunités aux candidats potentiels à la migration irrégulière est aussi accompagnée d’une lutte contre le trafic de migrants, avec l’intensification de cette lutte par les forces de sécurité et de défense. La sensibilisation est aussi renforcée en laissant la parole aux migrants de retour qui ont tenté l’émigration.
Dans le cadre de Force Covid-19, les Sénégalais de l’extérieur ont été aidés par l’Etat à hauteur de 12,5 milliards. Comment s’est passée la répartition ?
Comme tous les Sénégalais, les migrants et les familles des migrants restées au Sénégal sont fortement impactés par les effets de la crise sanitaire. C’est toute la pertinence de Force Covid-19 diaspora d’un montant de 12,5 milliards de francs Cfa qui a permis de soutenir et d’accompagner nos compatriotes dans ces moments difficiles.
Cette aide précieuse, que nous sommes l’un des rares pays au monde à avoir mis en œuvre, a permis d’assister 126 mille 724 de nos compatriotes impactés à l’étranger, dont 99 mille 466 résidant en Afrique. Cela a permis également de rapatrier au Sénégal 12 mille 584 compatriotes qui étaient bloqués hors de nos frontières. A cela s’ajoute l’assistance octroyée aux 5 203 compatriotes convoyés depuis le Sénégal vers leur pays de résidence.
Permettez-moi de saluer les efforts de nos partenaires comme l’Oim pour son soutien constant dans le cadre de l’accueil et la réintégration des migrants vulnérables, mais aussi le projet Gouvernance migration et développement (Gmd) mis en œuvre grâce au concours de l’Aecid et de l’Union européenne, l’Action de coopération sud-sud avec la Giz et Expertise France. La diaspora sénégalaise n’est pas en reste, à travers le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement, mis en œuvre avec le soutien de l’Afd et de l’Ue, la Fao, la Coopération italienne…
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