XALIMANEWS- C’est le professeur David Heymann, président du groupe consultatif stratégique et technique de l’OMS sur les risques infectieux, qui l’a affirmé hier, alors que les campagnes de vaccination ont débuté un peu partout dans le monde : « Le destin du virus est de devenir endémique ».
En termes moins techniques, cet expert estime que la circulation du Covid-19 ne s’arrêtera pas. Elle restera permanente sur la planète. D’autres spécialistes des maladies infectieuses de l’OMS ont eux aussi confirmé cette position pessimiste lors de la conférence de presse de l’institution internationale, ce 28 décembre 2020.
Pas d’immunité collective
Le spécialiste des maladies infectieuse a justifié ses propos par une mauvaise compréhension de l’immunité collective : « Le monde a espéré que se crée une immunité collective, que la transmission du virus serait en quelque sorte réduite si suffisamment de personnes étaient immunisées (…) mais ce concept d’immunité collective a été mal compris.«
Le scientifique a tenu à souligner que l’espoir d’une immunité collective avec le Covid-19 — s’il pouvait s’entendre au début de l’épidémie — n’était plus d’actualité. « Il semble que le destin du SRAS-CoV-2 [Covid-19] est de devenir endémique, comme l’ont fait quatre autres coronavirus humains, et qu’il continuera à muter au fur et à mesure qu’il se reproduit dans les cellules humaines, en particulier dans les zones de contaminations plus intenses« , a conclu le professeur David Heymann.
Menace faible ?
Le chef du programme d’urgence de l’OMS, le docteur Mark Ryan s’est exprimé à son tour sur cet aspect endémique, tout en se voulant rassurant : « Le scénario probable est que le virus deviendra un autre virus endémique, qui restera en quelque sorte une menace, mais une menace de très faible niveau dans le contexte d’un programme de vaccination mondial efficace.«
Les vaccins peuvent aider à lutter contre la contamination, mais ne sont pas encore une garantie d’éradiquer la maladie, selon ce spécialiste : « Il reste à voir jusqu’à quel point les vaccins sont bien pris [par les populations] et jusqu’à quel point nous nous rapprochons d’un niveau de couverture qui pourrait nous donner l’opportunité d’aller vers l’élimination [du virus] ». Mais le chef du programme d’urgence de l’OMS a tenu à rappeler que « l’existence d’un vaccin, même avec une efficacité très élevée, n’est pas une garantie d’éliminer ou d’éradiquer une maladie infectieuse.«
Une prochaine pandémie pire que la première
Mark Ryan a aussi averti que la prochaine pandémie pourrait être plus grave que celle-ci. « Cette pandémie a été très grave… elle a affecté tous les coins de la planète. Mais ce n’est pas nécessairement la plus importante à laquelle nous serons confrontés« , a-t-il déclaré. Pour le scientifique, « c’est un appel au réveil. Nous apprenons maintenant à mieux faire les choses : science, logistique, formation et gouvernance, comment mieux communiquer. Mais la planète est fragile (…) Nous vivons dans une société mondiale de plus en plus complexe. Ces menaces continueront. S’il y a une chose que nous devons tirer de cette pandémie, avec toute la tragédie et les pertes, c’est que nous devons agir ensemble. Nous devons honorer ceux que nous avons perdus en améliorant ce que nous faisons chaque jour.«
Mesures de distanciation conservées malgré les vaccins ?
Le premier rôle des vaccins serait de « prévenir les maladies symptomatiques, les maladies graves et les décès« , a aussi expliqué la docteure Soumya Swaminathan. Mais il reste un point important à connaître, selon la scientifique en chef de l’OMS : « Il faut voir si les vaccins réduiraient également le nombre d’infections ou empêcheraient les gens de transmettre le virus ».
C’est cette preuve scientifique qui manque et justifie le fait que les mesures de distanciation actuelles devront être conservées. « Je ne crois pas que nous ayons les preuves que l’un des vaccins va empêcher les gens de contracter l’infection et nous ne sommes donc pas convaincus qu’ils empêchent de la transmettre« , a expliqué Soumya Swaminathan.
Et de conclure, à propos des mesures barrières et la distanciation physique : « Je pense donc que nous devons supposer que les personnes qui ont été vaccinées doivent également prendre les mêmes précautions que les autres« .
TV5