Du nouveau dans l’affaire qui oppose Mamadou Diop, Directeur de l’Institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion (Iseg) à son ex-épouse Aissatou Seydi. Alors que l’époux lui a retiré la délégation de signature en 2011, elle est parvenue à pomper un milliard F CFA des comptes de l’Iseg. Retour sur un feuilleton judiciaire qui dure et n’a pas encore livré tous ses secrets.
C’est le 17 octobre dernier qu’une enquête préliminaire a été ouverte, à la suite de la plainte de Mamadou Diop, Directeur de l’Institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion (Iseg), contre son ex-épouse Aissatou Seydi. Dans sa lettre, M. Diop renseignait que c’est en 1993 qu’il a fondé son école, en collaboration avec sa mère. En 2000, il a recruté la dame Seydi comme assistante stagiaire, avant qu’ils ne se marient, quatre ans après, sous le régime de la séparation des biens.
Au fil des années qui ont suivi, Mme Seydi a réussi à monter en responsabilités. Ce qui lui a permis de bénéficier d’une délégation de signature par son mari, en 2008, lorsqu’un compte a été ouvert dans un établissement financier de la place.
Seulement, poursuit M. Diop, ayant constaté qu’Aissatou Seydi effectuait souvent des retraits non-justifiés, il lui a définitivement retiré la délégation de signature. C’était en octobre 2011. Il ne s’est pas limité à ce retrait. Il a eu l’idée d’aller consulter ses comptes bancaires. Là, il a eu la surprise de sa vie, quand il s’est rendu compte que la dame avait effectué des retraits d’une valeur de 800 millions F CFA. En sus de cela, il a constaté que, de concert avec ses sœurs S. Seydi, F. D. Seydi et M. Seydi, elles avaient retiré des chèques de plus de 10 millions F CFA.
‘’Les relevés bancaires effectués, entre mars et novembre 2019, ont montré qu’elle a retiré plus de 100 millions F CFA sur les comptes de l’Iseg pour les vacances de ses propres parents et elle-même, entre l’Italie et la Chine. En plus de cela, elle a encaissé les paiements faits en espèce par les élèves de l’Iseg et se fait toujours passer pour une actionnaire, alors qu’elle n’a plus cette qualité’’, poursuit le plaignant. Monsieur Diop précise, dans sa plainte, qu’il avait en elle une confiance totale, puisqu’elle se chargeait de la gestion de l’Iseg, lors de ses nombreux voyages durant lesquels il lui laissait des chèques en blanc signés pour assurer les dépenses liées au fonctionnement de l’école.
Mamadou Diop ajoute qu’il avait acheté un immeuble sis à Sacré-Cœur, auprès d’un certain M. Ba, promoteur immobilier, pour le compte de l’Iseg, à 140 millions F CFA. Cette somme devrait être payée par tranche, jusqu’au solde intégral. Les versements étaient effectués par Mme Seydi par des chèques de l’Iseg au profit de M. Ba. ‘’Grande fut ma surprise de constater, à ma sortie de prison, qu’elle s’est appropriée de l’immeuble, en complicité avec le vendeur, à savoir M. Ba. Je me suis rendu compte de sa pratique malsaine, lorsqu’elle a brandi une assignation d’expulsion visant les occupants de l’immeuble, à savoir ma mère, qui est par ailleurs co-fondateur, et ma grande famille. Elle soutenait avoir un droit réel à son nom. Elle était venue ce jour-là avec une cinquantaine de nervis. Je précise aussi qu’elle détient par-devers elle mes documents administratifs, les souches des chèques, les documents d’achat de plus d’une centaine de parcelles de terrain et en cours d’achat auprès d’un certain promoteur du nom de P. Sow’’, écrivait-il dans sa plainte.
Des propos que M. Diop a confirmés lors de son audition, dans le cadre de cette enquête à la Brigade de recherches de Faidherbe. Des bonnes volontés, poursuivent nos informations, ont tenté de les rabibocher à plusieurs reprises, mais en vain, car elle a soutenu avoir acheté l’immeuble auprès de M. Ba et devant notaire, en avril 2020.
Vengeance et rancune
Selon nos informations, il apparait clairement, aux termes des auditions, que Mme Seydi a profité de son statut dans l’administration pour faire ses extractions. Bravant volontairement la fin de la délégation de signature qui lui permettait d’user des comptes, elle a effectué des retraits de chèques pour une somme colossale, à l’insu de la direction de l’institut. Cette thèse est confirmée par les relevés de banque.
Lors de son audition, selon nos sources, la présumée coupable a laissé apparaitre un sentiment de vengeance et de rancune, sans donner plus de détails. Des sentiments qui semblent avoir motivé son action, renseignent nos interlocuteurs. L’enquête a mis en évidence les marchés qu’elle a estimés à presque un milliard (999,013 millions F CFA), oubliant que tel était le fruit du labeur du DG Mamadou Diop, avancent nos sources logées au parquet.
Après les auditions des différentes parties, nos interlocuteurs soutiennent que la dame, estimant avoir passé beaucoup de temps à œuvrer pour l’avènement de l’Iseg, a décidé de prendre sa part du gâteau. Ayant été longtemps mandatée par son mari, pour négocier et acheter des locaux, elle a su envisager un subterfuge qui lui a permis de se considérer comme la propriétaire. Ceci, avec le soutien de M. Ba.
Il y a lieu de préciser que, lors de cette enquête, un certain P. T. Sylla, témoin de toute cette histoire et amis des deux parties, a été entendu. Lors de son audition, il a confié aux enquêteurs que l’immeuble en question appartenait à M. Diop qui le lui a montré lui-même. Il a soutenu que la dame Seydi l’a souvent sollicité, pour qu’il l’aide à convaincre son mari de lui léguer l’immeuble en question. Il était aussi présent à la réunion au cours de laquelle Mamadou Diop a refusé à son épouse de déménager de ces locaux, alléguant que ni sa mère ni sa première épouse n’avaient de maison.
Dans cette procédure, Aissatou Seydi a été arrêtée avant-hier dans la matinée, sur ordre du procureur de la République, par les enquêteurs de la Brigade de recherches de Faidherbe. Ces derniers l’ont déférée au parquet à la fin de la journée pour faux et usage de faux, escroquerie foncière, détournement, abus de biens sociaux.
CHEIKH THIAM
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