L’affaire de la « disparition supposée » de l’étudiante Diary SOW avait suscité une grande émotion légitime au sein de l’opinion sénégalaise. Grâce à une mobilisation extraordinaire des médias, de la société civile, des citoyens et des hommes politiques de tous bords, l’affaire a eu un retentissement international. En France, une enquête pour « disparition inquiétante » a été ouverte et confiée à la brigade de répression de la délinquance à la personne, rattachée à la police judiciaire de Paris.
Des personnalités célèbres comme Omar Sy, Gilles Verdez ou Rokhaya Diallo ont relayé le message d’alerte du consulat du Sénégal en France, appelant à partager la moindre information à son sujet. La Fédération des associations des étudiants sénégalais de France (FESSEF) a contacté la presse française, sillonné les rues de Paris, distribué des prospectus, diffusé des affiches et contacté des hôpitaux de la région parisienne.
Des échanges entre le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam et Diary SOW rendus publics, où cette dernière écrit qu’elle est partie librement , précisant qu’elle a laissé assez d’indices derrière elle pour qu’on sache qu’elle partait de son plein gré confirme définitivement la piste privilégiée dès le départ par les enquêteurs français : celle d’une disparition volontaire et préméditée (quelques temps avant sa supposée disparition, l’étudiante a effectué de nombreuses recherches sur le net, portant sur une disparition volontaire).
Si nous nous réjouissons comme tous nos compatriotes sénégalais de savoir que Diary SOW est en vie et se porte bien, nous sommes néanmoins choqués par la démarche de la fille et de l’Etat du Sénégal. Lorsque Diary réapparait de manière spectaculaire et dit qu’elle a laissé suffisamment d’indices derrière elle pour qu’on sache qu’elle partait de son plein gré, elle témoigne d’un manque de respect à l’égard de tous ceux qui, au Sénégal et en France se sont mobilisés pour elle, depuis des semaines pour la retrouver.
Dans un extrait de cet échange, elle dit d’ailleurs ne pas regretter son acte, même si elle précise qu’elle est désolée de la gêne occasionnée. Un simple « gêne » ? le mot est faible et inconvenant ! Qu’est ce qui empêchait Diary SOW d’envoyer tout simplement un message à ses proches ou d’informer l’opinion qu’elle est partie librement pour mettre fin aux supputations au lieu de plonger tout un pays dans une interminable attente et ses proches dans l’angoisse ?
S’agissant maintenant de la forme choisie pour informer l’opinion sénégalaise que Diary SOW est saine et sauve, il convient de dénoncer vigoureusement, la méthode inappropriée et scandaleuse choisie par Serigne Mbaye Thiam qui a versé dans une forme d’enfantillage et d’amateurisme qui déshonore l’état du Sénégal. Lorsque Diary SOW était introuvable, c’est le qualificatif qu’il faut retenir désormais, puisqu’elle n’a jamais disparu, l’Etat et la représentation diplomatique du Sénégal en France ont publié des communiqués officiels pour faire part de sa « disparition supposée ».
De même, lors de sa réapparition, l’état du Sénégal doit publier un communiqué officiel « informant d’une part que Diary SOW est en vie et en bonne santé ; et d’autre part adresser des remerciements à l’égard de tous ceux qui, au Sénégal, en France, et ailleurs, se sont mobilisés pour la retrouver ».Publier un échange privé est enfantin. Que la famille de Diary SOW ait donné son autorisation pour rendre public ses échanges avec n’y change strictement rien.
Un état sérieux n’est pas là pour diffuser des SMS ou des échanges privés entre un ministre et une étudiante. C’est totalement scandaleux. Un Etat dispose de canaux pour communiquer de manière officielle. Serigne M’Baye doit cesser ses enfantillages (il n’est pas à la maternelle, il est ministre d’un état).
Enfin, il faut s’interroger sur les conséquences, en terme d’image, de cette disparition volontaire sur les futurs étudiants sénégalais appelés demain, à intégrer le lycée Louis le Grand. Il serait judicieux qu’un dispositif d’accompagnement et d’encadrement soit mis en place pour les bénéficiaires d’une bourse d’excellence à l’étranger.Dans l’affaire Diary SOW, l’emballement médiatique et l’émotion légitime suscitée ne doivent pas nous faire perdre la raison : il n’y a jamais eu d’enlèvement encore moins une disparition de Diary SOW (une thèse à laquelle je n’ai jamais cru) : sa disparition est volontaire et préméditée.
Bon week end
Seybani SOUGOU
Nota bene : L’affaire Diary SOW appartient au passé. Concentrons tous nos moyens et nos efforts pour la libération de notre compatriote Boubacar SEYE, Président de l’ONG Horizon sans frontières, victime d’un banditisme d’état.
Oui monsieur. Vous n,4avez pas tort
L’émotion est bien nôtre.
Un des pères de la Nation sénégalaise avait affirmé quelque chose de semblable.
Qui ose aujourd’hui dénier cette vérité atavique presque génétique, qui montre que notre propension à surcharger du sensationnel sur l’émotion.
Mais aussi porter des jugements de valeur sur les uns contre les autres compatriotes
Ce qu’il conviendrait de retenir de cette si triste affaire c’est la haute leçon à en dégager. Il est grand temps que l’Afrique construise et érige de grandes Écoles pour la formation sur place de ses hauts cadres et que nous arrêtions d’envoyer nos enfants doués dans des établissements étrangers qui ne sont pas adaptés à nos propres. Cette affaire est sérieuse et de haute portée nationale et interafricaine. Il faudrait sérieusement se pencher sur cette problématique. Des Diary Sow, il en en eu moult et il y en aura encore si nous n’y parons pas.