Dans le passé, les qualités d’éloquence étaientparticulièrement valorisées par les hommes politiques, c’était le temps des grands orateurs. C’était la période des débats d’idées.
Aujourd’hui pour ne pas dire depuis un certain temps l’insulte est devenu l’art de montrer sa capacité à amener son adversaire sur le terrain de l’invective. Nous assistons ces jours-ci avec l’affaire Sonko à des combats cyniques de politiciens par voie de presses interposées ou à travers les plateaux de télé. C’est l’ère de la médisance, de la calomnie, de la diffamation, de la menace de mort…
Ainsi certains ont tendance à se recroqueviller derrière la liberté de pensée et la liberté d’expression pour justifier une insolence méprisante ou agressive, qui renvoie aux idées d’orgueil et de suffisance. Quant aux autorités pour justifier leur écart de langage ou dérapages verbaux,parlent d’accident communicationnel (Moustapha CisséLo, Farba Ngom. Le député Aliou Demboury Sow…etc).Macky est à son tour confronté à la crise du pouvoir communicant, ses partisans sortent et disent ce qu’ils veulent sans qu’il puisse les arrêter. Et ce phénomène ne laisse pas en rade également certains membres de l’opposition.
Par ailleurs, il faut le reconnaitre cette propension à l’invective est souvent brocardée par nos médias et l’internet.
La Gazette de France du 11 août 1884 recense dans l’article « Le parlementarisme républicain » quelques épithètes que les parlementaires s’adressent entre eux « pleutres, valets de la ploutocratie, faillis, banqueroutiers, flibustiers, ramassis de drôles, fripouilles, salauds, salopiaux, tas de vermines, asticots, punaises ministérielles, rosses, crétins, tas de mufles, pieds plats, vidés, gueulards, plats-valets, baragouineurs, poissards, infirmiers »
Aujourd’hui certains de nos parlementaires n’hésitent pasà mettre en exergue cette passée parlementaire de la France en insultant leurs collègues députés en pleine session ou en réunion de commission.
Au-delà de l’invective qu’elle constitue généralement, l’arrogance mérite d’être considérée comme de l’incommunication et de l’imposture stratégique. Avant d’être mépris envers les autres, l’arrogance est, en effet, une méprise sur soi et sur sa réelle position dans le jeu politique. Cette imposture stratégique, matérialisé par l’arrogance tente de mettre en œuvre une véritable politique d’influence auprès des populations.
L’insolente permissivité à laquelle nous faisons face au quotidien, reflète aussi une forme de jubilation malsaine qui transgresse en toute impunité les valeurs de la démocratie.
Le monde croyant, structuré par l’idée d’une transcendance, considère l’orgueil comme un péché parce que c’est une façon d’affirmer l’autosuffisance humaine vis-à-vis de Dieu. Aujourd’hui l’orgueil se mue alors en arrogance. Ce que l’on défie, ce n’est plus Dieu, mais l’autre, l’interlocuteur que l’on a devant soi.
L’arrogance ne se manifeste pas toujours de manière ostentatoire, suffisante, prétentieuse et hautaine. Parfois, elle est bien camouflée, sous couvert de pouvoir… On reconnaît tout de suite le vaniteux qui se tire de n’importe quelle situation grâce à son pouvoir d’emprunt en raison de sa position.
Toute forme d’arrogance est nuisible. Mais l’arrogant qui exerce le pouvoir est de la pire espèce, car il nuit à la cohésion de la société, à la liberté et à la démocratie, tout comme il nuit aux personnes affectées. « Si vous voulez tester la capacité de quelqu’un, donnez-lui le pouvoir… » Le pouvoir corrompt, le pouvoir met à l’épreuve la discipline personnelle et la conscience au quotidien.
« L’arrogance, c’est le vice de celui qui croit que les autres ne sont rien » nous disait Michaël Fœssel. Ce vice doit être banni par les médias au lieu de faire sa promotion en le relayant. Chaque comportement à des conséquences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Chaque action entraîne une réaction c’est pourquoi nous invitons à la responsabilité et à la valorisation de certains vertus «amkersa, am loy jomb, am tégiin…etc »
En outre, il est urgent de mettre un terme au dévoiement en toute impunité de la parole publique et des institutions de la République, qui constitue aujourd’hui un véritable fléau médiatique au Sénégal.
Tous ensemble nous devons combattre les injures qui accompagnent cette nouvelle donne démocratique où la bataille des mots endosse un caractère déterminant dans le combat politique. En aucun cas, nous ne devons laisser cette imposture stratégique qu’est l’arrogance prospérer pour garantir ou compromettre des carrières politiques et biaiser notre démocratie. C’est trop facile de faire une diffamation puis une fois en justice verser une amende comme si de rien était après avoir bafoué la dignité de la personne.
Il faut donc, aujourd’hui, véritablement s’interroger sur l’image que nous donnons à l’extérieur avec les injures proférées par certains de nos compatriotes à travers l’internet et les réseaux sociaux. Le sens de la mesure, de la retenue devrait constituer les gages d’une « éthique du respect civique et du débat démocratique ».
DENIS NDOUR
Human rights specialist, LSDH Email: [email protected]
Arrête ton baratin et dis franchement les choses : tous les insulteurs du net et des médias depuis que cette affaire de viol a éclaté sont les militants de Pasteef et les souteneurs de Sonko Fusilleur. Ce sont les seuls qui n’acceptent pas la critique, insultent systématiquement les gens et leur envoient des menaces de mort. Mais c’est en train de se retourner grave contre eux…