Chaque année, à la date du 08 mars, les femmes sont à l’honneur d’un bout à l’autre de la terre. C’est le moment où sont organisées des cérémonies en tous genres et des discussions mais c’est aussi l’heure du bilan : on mesure le chemin parcouru sur la route de l’émancipation, une route qui semble toujours plus longue, éprouvante et sinueuse.
Tout a commencé un lointain jour de 1917 avec la grève des ouvrières de Saint-Petersburg. Mais sept ans plutôt, Clara Zetkin, une enseignante, journaliste et femme politique allemande avait initié une grande manifestation à laquelle ses sœurs socialistes avaient massivement participé. C’est à l’issue de cette rencontre qu’il a été proposé de faire du 08 mars la Journée de la Femme. Mais ce n’est qu’en 1917 que la mesure sera rendue effective et officielle par les Nations-Unies. Elle est aujourd’hui célébrée partout dans le monde.
Cependant, dans la mémoire collective sénégalaise, il est un événement historique au cours duquel les femmes de notre pays ont collectivement accompli un geste d’une exceptionnelle bravoure : « Talaatay Ndeer ».
C’était le mardi 07 mars 1820 à Nder. Seules dans la capitale du Walo prise d’assaut par les Maures Trarzza, les femmes, plutôt que de se rendre et de devenir captives, ont préféré se suicider ensemble. D’après ce que rapporte la chronique, c’est une femme du nom de Mbarka Dia, brave entre les braves, qui les a apostrophées en ces termes : « C’est toujours une honte de survivre lorsque notre honneur nous commande de mourir. N’acceptons pas de quitter en
esclaves ce royaume du Walo qui nous a tant donné. Entrons dans cette grande case et mettons-y le feu ; mieux vaut la mort que le déshonneur ».
En chœur, au milieu des flammes, elles entonnèrent un chant, véritable message de dignité, qui continue d’irriguer les plaines du Walo.
Les Sénégalaises ont donc bien des modèles et des inspiratrices au sein de leur nation. Et si aujourd’hui, nous sommes là à célébrer cette journée dédiée aux Femmes, c’est parce que nos devancières ont consenti d’énormes sacrifices et c’est l’occasion de leur rendre hommage.
Est-ce trop demander des autorités sénégalaises qu’elles officialisent la date du 07 mars comme celle de la Journée de la Femme ? C’est une simple question de courage politique. Que l’on me comprenne bien : je ne suis pas en train de prôner un quelconque repli sur soi au point d’abandonner la date du 08 mars. Bien au contraire, je propose que les deux dates soient célébrées l’une à la suite de l’autre ! Après tout, abondance de reconnaissance ne saurait nuire… Am déet ?!
Ndèye Codou FALL/ Directrice d’EJO-EDITIONS