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Liberté et la démocratie en Afrique : le Sénégal en net recul

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XALIMANEWS- Deux classements de référence signalent le recul de la démocratie partout dans le monde en 2020. En Afrique, les 10 pays les plus démocratiques ne comprennent plus le Bénin, mais intègrent le Malawi.

 « Une lutte sans leaders pour la démocratie », tel est le titre peu complaisant du dernier rapport annuel de Freedom House. Ce think tank américain et indépendant mesure l’évolution des libertés publiques et de la démocratie dans le monde. Son classement, publié le 11 mars, s’inquiète d’un déclin général en 2020 sur fond de Covid-19.

L’Afrique n’échappe pas à la tendance globale, avec très peu de champions en progrès, selon les paramètres de Freedom House. Le Cap-Vert fait exception, avec un score de 92 sur 100, meilleur que celui de la France (90). L’archipel lusophone est suivi par deux autres États insulaires : Maurice affiche le même résultat que la Grèce (87) et Sao Tomé-et-Principe (84) devance d’un point les États-Unis.

Mali, Bénin et Sénégal en net recul

Viennent ensuite le Ghana (82), ex æquo avec la Pologne et l’Afrique du Sud (79), trois points de plus qu’Israël. La Namibie et les Seychelles (77) font mieux que le Brésil (74), tandis que le Botswana (72), le Sénégal et la Tunisie (71) figurent un cran au-dessus de la Hongrie (69) et de l’Inde (67).

Le Mali voit sa note dégringoler de 11 points, passant de 44 sur 100 en 2019 à 33 en 2020, année d’un nouveau coup d’État à Bamako. Le Bénin accuse, quant à lui, le plus net recul, de 14 points, avec un score tombé de 79 à 65 entre 2019 et 2020, ce qui lui vaut de disparaître des dix premières démocraties en Afrique et de perdre le label de « pays libre ».

Le Sénégal perd 7 points entre 2007 et 2020

De son côté, le Sénégal, autre vitrine de la démocratie, dévisse de sept points entre 2017 et 2020 et ne fait plus partie des pays « libres », au nombre de 9 seulement en Afrique. Le Sénégal retombe comme l’Inde en 2020 dans le lot des nations « partiellement libres », aux côtés du Malawi (66), Madagascar (60) et du Burkina Faso (54), ou encore des nombreux États qui n’ont pas la moyenne démocratique chez Freedom House, comme le Kenya (48), le Nigeria (45) et la Côte d’Ivoire (44).

Enfin, parmi les pays dits « non libres », se démarquent certaines des nations les plus peuplées d’Afrique : Éthiopie (22), République démocratique du Congo (20) et Égypte (18). D’autres pays stratégiques, qui jouent des rôles clés dans leurs sous-régions, comme le Rwanda (21), le Tchad (17) ou le Cameroun (16), se distinguent, eux aussi, par leurs penchants autoritaires. Au plus bas, l’Érythrée et le Soudan du Sud (2) se retrouvent entre la Corée du Nord (3) et la Syrie (1).

Le Malawi entre dans la danse

Un autre classement de référence, le Democracy Index du bureau d’études londonien The Economist Intelligence Unit (EIU), estime lui aussi que la « démocratie a connu une très mauvaise année » en 2020, avec un « recul sans précédent dû à la pandémie ». Il révèle à peu près le même palmarès africain, mais dans un autre ordre, en raison de modes de calcul différents et d’une liste plus courte de pays analysés (167, contre 210 pour Freedom House).

Maurice occupe le 20e rang mondial, entre le Costa Rica et le Japon, et reste le seul pays d’Afrique qualifié de « démocratie complète » par l’EIU, au même titre que la Norvège ou la Finlande. Arrivent ensuite, dans la section des « démocraties défectueuses », le Cap-Vert (32?) et le Botswana (33?), tous deux classés entre la République tchèque et Chypre. L’Afrique du Sud (45?) et la Tunisie (54?) sont suivies respectivement par la Colombie et les Philippines. Viennent ensuite la Namibie (58?), le Ghana (59?) et le Lesotho (64?), tandis que le Malawi (82?) et Madagascar (85?) se hissent dans le top 10, mais font partie des « régimes hybrides ».

Maurice, seul pays africain dans “les régimes hybrides”

Il faut noter que le Malawi a gagné cinq places en 2020 en raison de la décision de sa Cour constitutionnelle d’annuler en 2019 les résultats d’une élection présidentielle contestée, de nouveau organisée en juin 2020 dans des conditions plus transparentes. Le Malawi et Madagascar font partie des cinq rares pays d’Afrique à avoir progressé en 2020, selon l’EIU. Ni le Sénégal (86e) ni le Bénin (102e) ne figurent plus dans le top 10 africain du Democracy Index, malgré leur longue réputation d’ouverture, de liberté d’expression, de respect du nombre de mandats présidentiels et d’alternances démocratiques.

Déclin du Mali et du Togo

Le Mali accuse le plus fort déclin mondial en 2020. Il perd 11 places et tombe au 111? rang, juste après le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Avec l’Algérie et le Burkina Faso, le Mali passe par ailleurs de la catégorie des « régimes hybrides » à celle des « régimes autoritaires », tombant aussi dans la liste des pays « non libres » de Freedom House. Explication de l’EIU : « Le Mali n’a pas le plein contrôle de son territoire et l’insécurité rampante a provoqué un coup d’État en août 2020, par des officiers lésés par le manque de progrès contre les insurgés jihadistes. Une junte a mis en place un gouvernement de transition, annulant les résultats des législatives du mois de mars, largement libres et transparentes. »

L’autre grande chute africaine constatée en 2020 est celle du Togo, qui perd 15 places pour se classer 141e, entre Cuba et le Cameroun, « en raison d’une élection profondément entachée d’irrégularités et de la répression de l’opposition qui a suivi ».

Le Togo perd 15 point et se retrouve à la 141e place

Les restrictions dues au Covid-19 contribuent aux mauvais résultats de l’Afrique. L’EIU épingle ainsi le Nigeria, « où plus de citoyens sont morts des tirs de la police que du coronavirus lors des premières semaines du confinement ». Des émeutes se sont produites en Angola et en Ouganda, deux pays où la participation politique n’est pas élevée, à cause des restrictions sanitaires. La dernière élection présidentielle en Ouganda, avec des contraintes sanitaires « appliquées de manière disproportionnée à l’opposition », montre, selon l’EIU, comment les « autocrates prennent l’excuse de nouvelles menaces telles que le coronavirus pour réprimer l’opposition et s’accrocher au pouvoir en temps de crise ».

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