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Journapolicien: Le poignard empoisonné à la place d’une plume pour la paix (Alassane K. Kitane)

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Tel Néron déclamant des vers au milieu des flammes quiravageaient Rome en 64, Madiambal, ce journaliste à qui l’alternance de 2012 a très bien souri, s’est permis de profaner la mémoire des 15 victimes de Mars 2021 en faisant des élucubrations fausses et dangereuses. Tel Néron qui accusa les Chrétiens d’être à l’origine de ce funeste feu (alors que certaines sources l’accusaient), Madiambal cherche un bouc-émissaire pour faire un déplacement de la culpabilité.
A la différence de Néron, il n’est pas empereur, mais comme c’est l’ami du Prince, il n’est pas impossible qu’il cherche à occulter la grave responsabilité de l’Etat dans cette tragédie. Ce pays n’est plus en sécurité et ce, non pas à cause d’une guerre civile en cours, mais parce que tout ce qui peut faire exploser un pays dans tous les sens y est entretenu par des gens censés être des élites. Des élites pyromanes, révisionnistes et mythomanes : il suffit de lire et d’écouter le discours des gens qui nous gouvernent et celui de leurs satellites pour comprendre à quel point ça pourrit de la tête. Mais Néron ne pouvait pas être inquiété par la justice, car il était la justice. Pour le cas Madiambal (car c’est devenu un cas grave) : la chose est radicalement différente. Un citoyen (se serait-il retranché derrière le principe de la protection de sa source en tant que journaliste) ne peut connaître les détails du convoyage de rebelles -ayant traversé la Gambie pour venir se charger des casses lors des dernières émeutes- et ne pas devoir rendre compte à la justice. Non, ce serait inacceptable, impossible et dangereux comme précédent ! On ne peut pas avoir des images qui identifieraient des personnes appartenant au MFDC faisant des crimes et se contenter de dire que toute la presse en dispose. Dans tout pays normal, soit le journaliste se serait gardé de divulguer de tels secrets (pour ne pas gêner l’enquête) soit il aurait transmis ces images aux enquêteurs (et se serait tu jusqu’à la fin de l’enquête).

Madiambal écrit en tant que journaliste et comme tel, il est suffisamment outillé pour savoir que ce n’est pas la première fois qu’une localité se soulève pour soutenir un fils du terroir : ça n’a rien à voir avec une histoire de diolas ou de MFDC. C’est curieux d’ailleurs de voir cet incendiaire affirmer que les hommes politiques du Sud ont presque tous manifesté leur solidarité à Sonko quand on sait que la sortie la plus virulente et la plus conceptuellement organisée est celle du directeur de
l’ANRAC Ansou Sané (un ancien élève à Djignabo). Que dire de la sortie de Seydou Sané pour clouer au pilori le même Sonko ? L’on est tenté de se demander d’ailleurs si Madiambal connait la sociologie de la Casamance et du reste du pays. On sait que les communautés, surtout celles minoritaires, sont
généralement plus sensibles à la solidarité et à la compassion en faveur d’un des leurs. La décence ne nous permet pas de donner ici des exemples, mais les références qu’il a données dans son texte, relativement à Wade auraient dû lui inspirer une meilleure lecture de la chose. Mais diable pourquoi Madiambal reproche-t-il aux responsables diolas de ne pas avoir sévèrement pris Sonko à partie comme si ce qu’il reproche à ce dernier ne devrait pas concerner les responsables politiques d’autres zones et d’autres partis ? Pourquoi viser un groupe social ou ethnique ? Qu’est-ce qui est réellement visé en arrière-fond ? Une nation se construit dans le temps ; sa construction n’est ni linéaire ni définitive dans le temps : le rêve de tout africain c’est de voir la nation africaine constituer le socle d’un État fédéral. Les jalons qui sont quotidiennement posés par différents panafricanistes ne seront jamais vains. On a le droit de ne pas les aider, mais ce serait immoral de saper la
dynamique.
Dans tous les pays il y a des consensus sur certaines questions sensibles, et nous pensons que même si la liberté d’expression est inaliénable, la responsabilité doit la contrebalancer. Sans un sens élevé de la responsabilité, toutes les libertés sont source de perdition. La question casamançaise ne saurait être une enceinte d’amusement intellectuel pour adultes.
Alassane K. KITANE.

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