La direction générale de la Suneor est montée au créneau pour « apporter des éclairages » sur l’évolution de la campagne arachidière2010 et sur les l’Etat de paiement des opérateurs privés stockeurs. Selon le directeur général, la société a déjà payé 24 milliards de FCfa sur 34, avec un volume de collecte de 180.000 tonnes d’arachides. Par ailleurs, Thiendaté Bouyo Ndao est revenu sur l’importation par la Suneor de l’huile palme et sur l’huile « segal » qui innonde les marchés.
Face aux nombreuses interpellations et aux « attaques » dont elle se dit victime, la direction de la Suneor est montée au créneau pour donner sa part de vérité sur la situation réelle de la campagne arachidière 2010. Son directeur général n’y est pas allé par quatre chemins pour dire tout de go que « la campagne est bel et bien lancée et que, pour une première depuis dix ans, ils vont boucler la campagne à la fin du mois mars ou au plus tard au début du mois d’avril. ». C’est l’assurance que Thiendaté Bouyo Ndao a apporté à la suite de la sortie du Premier ministre qui faisait injonction aux huiliers d’honorer les dettes dues aux producteurs.
Se refusant de verser dans le polémique avec Souleymane Ndéné Ndiaye, le directeur général a fait savoir que sa société en est aujourd’hui à 180 000 tonnes d’arachides déjà collectées pour un valeur de 34 milliards de francs Cfa, dont « les 24 milliards sont déjà payés ou en cours de payement après la libération d’un crédit de 12 milliards de francs par la banque atlantique cette semaine. » Selon le directeur, la Suneor ne reste devoir que 10 milliards de francs CFA aux opérateurs privés et cette somme pourra être réglée d’ici la fin du mois de mars et la société compte même aller au-delà du quota de 195 000 T qui lui a été alloué par le comité national interprofessionnel de l’arachide, en se fixant un objectif de 210 000 T. Toutefois la Suneor reconnaît un problème dans le démarrage de la campagne. Ce problème, à en croire son directeur général, « est lié à un décalage entre le démarrage et de la campagne et la poursuite des paiements. » Une situation qui résulte du retard de mise en place des financements par le pool bancaire.
C’est ce qui explique que la Suneor a eu recours a une banque hors du pool pour financer les premiers paiements grâce à un crédit de 6 milliards, libéré par Ecobank. Mais à partir du 15 janvier, ce crédit s’est épuisé et les banques du pool ont tardé à prendre le relais, ce qui a été à l’origine de cinq semaines de retards dans le paiement des opérateurs qui s’est répercuté sur les paysans. Mais, a ajouté le directeur général, « depuis le 21 février dernier, toutes le semaines, la Suneor effectue des paiements graduels qui ont atteint aujourd’hui 24 milliards de Francs CFA », précise-t-il. Fort de cela, explique le directeur, « la Suneor n’a jamais été dans l’incapacité d’honorer ses engagements. »
Par ailleurs, le directeur général de la Suneor a été interpellé sur l’importation d’huile de palme que sa société a effectué alors qu’en 2009, elle était foncièrement contre une telle opération. Deux raisons sont à l’origine de cette donne, selon M.Ndao, à savoir le souci d’élargir la gamme de ses offres pour répondre à un besoin sur le marché, mais également celui de contourner le blocage des prix de l’huile de soja et d’arachide dans un contexte international de hausse du soja et profiter des facilités fiscales. Dans cette nouvelle démarche, la Suneor estime n’avoir enfreint aucune loi, car la norme Uemoa sur les taux d’acides gras dans l’huile de palme a été portée à 50% au lieu de 30% auparavant.
Le pire aujourd’hui pour les huiliers dans le secteur, si l’on suit le raisonnement des responsables de la Suneor, viendrait plutôt de l’huile d’arachide fabriquée traditionnellement et appelée « Segal ». Ce produit qui était confiné dans le bassin arachidier est aujourd’hui étendu à toutes les régions du pays et de l’avis du responsable de la Suneor, il fait peser de gros risques sanitaires sur les populations. Cette huile frelatée interpelle les pouvoirs publics, eu égards à son potentiel cancérigène avec son taux d’aflatoxine élevé et les résidus de pesticides et autres produits dangereux qu’elle contient.
Et pour contenir ce fléau, la Suneor a mis en place un programme dénommé Aracop, qui consiste à racheter cette huile à la « raffinerie » avant de la revendre sur le marché. Un montant d’1 milliard de francs de crédit revolving serait d’ailleurs disponible à cet effet, mais les fabricants traditionnels veulent revendre le produit à Suneor au même prix que l’huile de celle-ci.
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